6 août 2020

Publicité, journalisme et réseaux sociaux : les 11-17 d’Orvault décryptent les médias avec Fragil

L'association Fragil est intervenue lors des 3 premières semaines de juillet pour animer des temps d'échanges et de découvertes pratiques autour de trois thématiques liées aux médias. Destinés à la jeunesse orvaltaise inscrite à l'espace jeune délocalisé, déconfinement oblige, au Gymnase de la Cholière à Orvault, ces ateliers et stages se sont déroulés dans une atmosphère détendue mais créative.

Publicité, journalisme et réseaux sociaux : les 11-17 d’Orvault décryptent les médias avec Fragil

06 Août 2020

L'association Fragil est intervenue lors des 3 premières semaines de juillet pour animer des temps d'échanges et de découvertes pratiques autour de trois thématiques liées aux médias. Destinés à la jeunesse orvaltaise inscrite à l'espace jeune délocalisé, déconfinement oblige, au Gymnase de la Cholière à Orvault, ces ateliers et stages se sont déroulés dans une atmosphère détendue mais créative.

Sollicitée par le service jeunesse de la ville d’Orvault et son Point Information Jeunesse ( PIJ) pour animer une série de stages et d’ateliers d’éducation aux médias sur la saison 2019-2020, l’association Fragil a pu proposer une modification de l’agenda prévu en début de saison pour rattraper, durant l’été, les temps d’animations qui avaient été annulés pendant le confinement. Ainsi, c’est une programmation estivale en trois temps qui a été proposée aux jeunes de 11 à 17 ans accueillis par le service jeunesse de la ville : une semaine de stage autour de la publicité, des après-midi de réflexion autour des réseaux sociaux et enfin, une semaine de stage de découverte du journalisme.

Un stage de découverte et de critique de la publicité : deux marques fictives pour mieux comprendre

Lors des matinées du mardi 7 au vendredi 11 juillet, un stage de décryptage de la publicité s’est déroulé dans l’espace clubs du complexe sportif de la Cholière. Un petit groupe d’adolescentes a pu s’initier à la création de différents types de publicité pour deux marques fictives : Kump et Morsla, respectivement marques d’eau minérale et de tongs. Ces deux noms, générés aléatoirement par un site proposant la création de mots qui n’existent pas, ont servi de base pour réfléchir ensemble aux éléments essentiels de la création de publicité :

  • identification des bénéfices rationnels et émotionnels des marques. Par exemple, le bénéfice rationnel de Kump est « se désaltérer » et son bénéfice émotionnel défini par les jeunes est « l’indépendance ».
  • création de l’univers de la marque avec un logo et un slogan, « Vivre libre » pour Kump
  • identification de la cible : femme de 25-30ans, active, citadine, aimant la musique actuelle (type festival Coachella)… pour Morsla
  • réalisation de plusieurs publicité (affiches, sonores et scénarii de spots télé)

Les maquettes dessinées des affiches publicitaires

En s’immergeant dans cet univers, les participantes ont pu aiguiser leur esprit critique à propos de la publicité et du marketing en général, découvrant par exemple, lors d’un quiz, la notion de marketing sensoriel : les marques (de Mc Do à Zadig & Voltaire) diffusent des odeurs pour communiquer.

Des ateliers de réflexion autour des réseaux sociaux et de la culture numérique

Les memes, au cœur d’un atelier de discussion

Deux après-midi d’échanges ont été organisés lors de la troisième semaine de juillet. Réseaux sociaux et culture numérique générale étaient au menu de ces deux ateliers ludiques et participatifs. Invités à échanger autour de cartes représentant des memes, les adolescentes et adolescents ont su montrer leur intérêt et leurs connaissances de ce type d’images largement utilisées dans leurs conversations personnelles. A travers un jeu de dessin puis un jeu de classement, une définition commune de la notion de réseau social a permis aux jeunes ados de discuter et de débattre autour des diverses applications qu’ils connaissaient.

Un stage de découverte du journalisme avec Instagram : de la ligne éditoriale à l’enquête de terrain

Le tableau de conférence de rédaction du « Stylo »

Lors de ce dernier stage proposé en Juillet, un seul adolescent se sera inscrit. Après discussion avec lui et compte-tenu de sa motivation affichée, l’animateur de Fragil et l’animatrice du PIJ ont maintenu le stage. C’est donc dans une dynamique d’ateliers personnalisés que la semaine s’est déroulée. En 3 matinées, le jeune participant de 13 ans, qui avait déjà suivi plusieurs ateliers avec Fragil au sein du PIJ orvaltais et avec son collège, a été accompagné dans la création d’un media et la réalisation d’enquêtes journalistiques. Après une matinée dédiée à la conception de la ligne éditoriale (Sport au nord-ouest de Nantes) et de différents sujets liés au déconfinement (Les joggers courent-ils toujours ? Comment s’est passé le sport à la maison ? Comment les clubs se déconfinent-ils ? Le e-sport s’est il développé ?…), le stagiaire a pu identifier les différentes sources disponibles pour réaliser son article (magasins de sports, salle de fitness, service sport de la mairie…). La deuxième matinée, sur le terrain, a été l’occasion pour le jeune adolescent de choisir deux sujets dans ceux déjà évoqués et d’aller rechercher des informations en interviewant différentes personnes. Souvent surpris par l’aplomb du jeune journaliste, les interviewés n’ont pas manqué de le féliciter, compliments qui ont semblé toucher l’adolescent. Lors du dernier jour,  et dans un temps plutôt restreint pour ce genre de travail, deux sujets ont pu être traités et diffusés sur ce nouveau média nommé « Le Stylo« , en référence à un objet  indispensable au journaliste, même pour un administrateur de compte Instagram.

Le compte Instagram « Le Stylo » et ses enquêtes sur le sport et le coronavirus à Orvault

Une semaine au foyer Jeanne Bernard : découverte et partage dans la bonne humeur

Atelier éducation aux médias création de mèmes

Téléréalité, mèmes et données personnelles : les ateliers de vacances des ados d'Orvault

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017