23 novembre 2025

« On n’est pas par hasard à Tissé Métisse. » Plus de 400 bénévoles font vivre le festival chaque année

Réuni·es par l’envie de partager un moment festif et solidaire, plus de 400 bénévoles se relaieront à la Cité des Congrès le samedi 13 décembre pour permettre le bon déroulement du festival Tissé Métisse.

« On n’est pas par hasard à Tissé Métisse. » Plus de 400 bénévoles font vivre le festival chaque année

23 Nov 2025

Réuni·es par l’envie de partager un moment festif et solidaire, plus de 400 bénévoles se relaieront à la Cité des Congrès le samedi 13 décembre pour permettre le bon déroulement du festival Tissé Métisse.

« On n’est pas par hasard à Tissé Métisse. On a un socle commun de valeurs sur lequel on se retrouve » assure Michel Surget, l’actuel président de l’association Tissé Métisse.
Dans un contexte politique tendu et la montée de l’extrême droite, le festival nantais continue de défendre, pour la 33e année, le vivre ensemble et l’interculturalité en programmant 15 spectacles et de nombreuses animations et débats sociaux. Le samedi 13 décembre à la Cité des Congrés, c’est une nouvelle fois plus de 400 bénévoles, réparti.es sur la journée, qui permettront le bon déroulé du festival.

Une mobilisation bénévole fidèle et organisée

Une campagne de recrutement est lancée dès l’été – « On réécrit systématiquement aux personnes qui étaient bénévoles l’année dernière. » Elle est ensuite relayée par de nombreux circuits comme la plateforme gouvernementale « Je veux aider » et les réseaux partenaires associatifs ou radios. « Ça marche aussi par bouche à oreille, ajoute Michel Surget, mais on n’a pas trop de problèmes pour trouver des bénévoles. Ça arrive assez facilement. »

Ces 400 volontaires, de toutes générations confondues, sont réparti.es en deux types. D’une part, les bénévoles des associations partenaires : « Il y a des bénévoles qui arrivent directement par les associations elles-mêmes » explique Michel, c’est le cas des associations qui vont faire de la restauration par exemple. D’autre part, les bénévoles régulier.es ou ponctuel.les de Tissé Métisse qui seront affecté.es à l’organisation de l’événement.

Michel Surget et Daniel, deux piliers de l’association, se sont rencontrés au sein de l’Association des comités d’entreprises de Nantes et région aux débuts du Festival Tissé Métisse. Photo prise au Fonds documentaire de Tissé Métisse, sur l’Île de Nantes le 12 novembre 2025. © Amandine Masson

Pour encadrer l’ensemble des bénévoles de l’organisation, pas moins de 80 bénévoles référent.es sont désigné.es, rappelle l’actuel président de l’association : « C’est eux qui donnent les consignes aux bénévoles ». Comme Daniel, qui sera présent à la gestion de la salle 800 cette année. Avec son équipe, composée de 8 à 10 personnes, le syndicaliste CFDT et adhérent Tissé Métissé depuis sa création, orchestrera le placement et la circulation du public dans la salle, avant, pendant et après les spectacles, ainsi que le bon respect des consignes.

Installation, accueil du public à l’entrée ou en salle, approvisionnement et service aux bars, animations ou logistique… les missions sont nombreuses et adaptées à tous.tes.

Des missions variées et un objectif unique : profiter !

Avec des créneaux de mission de 4 heures en moyenne et l’attribution de tickets pour boissons et repas gratuits, les conditions d’accueil ont été pensées pour un rapport organisateurs-bénévoles gagnant-gagnant. « Je crois que c’est important pour le bénévolat de ne pas être considéré uniquement pour accomplir une mission, explique Daniel, mais aussi de voir un peu l’ambiance du festival et découvrir des choses qui y sont proposées. » Une stratégie payante puisque « il y a une grande partie des bénévoles qui reviennent sur plusieurs années. »

C’est le cas de Nina, 26 ans, qui a participé deux années de suite au festival, en 2023 et 2024, en tant que bénévole à l’espace bibliothèque du Fonds documentaire Tissé Métisse. Un emplacement « stratégique » pour la jeune diplômée en master Cultures, Patrimoine et Médiation car sa situation, en mezzanine à côté du bar, en fait un véritable lieu de partage. « Les gens sont toujours curieux parce que le fonds documentaire ce n’est pas super connu. Et c’est toujours agréable d’échanger avec les personnes à ce moment-là. » Une expérience réussie que cette originaire de Bouguenais aurait aimé renouveler cette année si elle n’avait pas dû déménager à Toulouse pour effectuer son service civique. « Peut-être que cette année j’aurais changé (de mission) quand même, pour des choses que je n’ai jamais faites comme le bar ou l’espace enfants. » Nina avait pu profiter pleinement du concert de Féfé, l’an dernier, après sa mission et découvrir de nombreux autres artistes. « C’était vraiment super bien ! »

Un moment attendu pour Nina avec le concert de l’artiste Féfé dans la Halle de la Cité des Congrés, en 2024. © Guillaume Kerhervé

Un événement militant et solidaire

Au delà du temps de divertissement festif, le festival a toujours existé comme un espace de valorisation de la diversité culturelle et de sensibilisation à toutes les formes de discrimination. Entre les spectacles et concerts, le public est invité à profiter d’expositions, de débats et d’animations pédagogiques autour d’enjeux sociétaux. La thématique de cette année s’articulera autour de la « Nationalité française et le Droit du sol ».

La première édition avait vu le jour en 1993, dans un contexte politique tendu autour des débats sur le droit du sol et les lois Pasqua. L’ACENER (Association des comités d’entreprises de Nantes et région), alors en charge de proposer des spectacles de fin d’année pour les arbres de Noël, décide de profiter de l’ouverture de la Cité des Congrès pour « faire une grande fête » dans ce lieu symbolique et inaccessible pour un grand nombre.

Si Michel, Daniel et tant d’autres bénévoles sont restés fidèles à l’association et son festival depuis tant d’années, c’est que la lutte contre les discriminations est toujours au cœur de ses actions face à l’actualité : « La motivation, elle est sur la question des valeurs. Et puis, je crois que la motivation, c’était aussi la montée du Front National et du Rassemblement National. Je pense qu’il était important qu’il y ait un festival qui marque aussi d’autres types de valeurs » confie Daniel.

L’une des tables rondes qui s’était déroulée lors du festival 2024. © Guillaume Kerhervé

Un festival « ouvert à tous »

L’association Tissé Métisse, dont les locaux sont situés quartier Bellevue, mène toute l’année des actions avec les habitant.es des quartiers populaires. « Il y a un gros travail avec l’Accoord pour faire à la fois participer ce public, mais aussi le faire venir. C’est ouvert à tous. Et puis, on travaille aussi avec d’autres associations ou des personnes individuelles sur les quartiers » précise son président.

« Permettre que cette diversité ne soit pas que affichée, mais qu’elle soit présente. »

« Il y a trop de sites sur Nantes qui ne sont pas forcément aussi accessibles aux milieux populaires, notamment des quartiers. Et je crois que la politique de Tissé Métisse a fait en sorte d’aller vers ces publics-là, pour qu’ils fréquentent aussi ces lieux-là et pour permettre que cette diversité ne soit pas que affichée, mais qu’elle soit présente » revendique Daniel.

L’accessibilité de l’événement se joue aussi au niveau de la billetterie avec 3 niveaux de tarifs adaptés et une billetterie solidaire à 4 euros, mise à disposition par les associations de terrain. « On vend entre 1 000 et 1 200 billets comme ça tous les ans. Ça correspond à un vrai besoin » rappelle-t-il.

Enfin, sur l’aspect culturel, l’association défend une émancipation et un brassage culturel, de la K-Pop au hip-hop. « Il y a des choses qui naissent dans les quartiers qui sont présentées à Tissé Métisse. » Cette année, le public pourra ainsi découvrir sur scène nombre d’artistes de la région, émergent.es ou confirmé.es comme le duo Samifati, la rappeuse Tinaa, le spectacle Legit, mais aussi la création nantaise Grand Bruit.

 

Plus d’informations

Festival Tissé Métisse
le samedi 13 décembre 2025 à la Cité des Congrés, Nantes
Programmation
Facebook / Insta

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017