13 septembre 2018

Motocultor 2018 : les musiques extrêmes à l’assaut de St Nolff

Les 17,18 et 19 août 2018, St Nolff accueillait la 11ème édition du Motocultor Festival. Chaque jour, plus de 10000 festivaliers et festivalières ont vibré au son des musiques extrêmes. Fragil y était pour vous.

Motocultor 2018 : les musiques extrêmes à l’assaut de St Nolff

13 Sep 2018

Les 17,18 et 19 août 2018, St Nolff accueillait la 11ème édition du Motocultor Festival. Chaque jour, plus de 10000 festivaliers et festivalières ont vibré au son des musiques extrêmes. Fragil y était pour vous.

Le plus breton des festivals de Metal affichait complet les 17, 18 et 19 août derniers. Pour la sixième année consécutive, la petite commune de St Nolff s’est érigée en capitale morbihannaise du death, black, thrash et autres dérivés du metal. Avec 66 groupes programmés sur 3 scènes différentes, le festival est devenu un incontournable des aficionados du style. Et même si la comparaison avec le Hellfest reste inévitable, le festival réussit avec des moyens beaucoup plus modestes à proposer une affiche alléchante, au détriment, parfois, de l’organisation.

Jour 1

Arrivés sur la grande prairie de Kerboulard où se déroule le festival, le vendredi à 15h, nous entrons dans l’arène un peu déçus de son manque de décoration : si l’on occulte public et musique, impossible de s’attendre à un festival de musiques extrêmes ici. Passée cette première impression, nous  découvrons avec joie l’énergie communicative des Scandinaves Lüt, proposant un rock fun et puissant chanté en norvégien. Après s’être armés de patience et avoir passé plus d’une heure dans les files d’attentes pour obtenir des tickets boissons (et avoir par la même occasion raté l’intégralité du set de Svart Crown), nous découvrons la brutalité du post hardcore des français Nesseria sur la « Supositor Stage », petite scène entourée d’arbres  intelligemment située en contre-bas d’une clairière. Une heure plus tard, nous y découvrirons les islandais Auðn et leur black-métal atmosphérique séduisant.
Sur les plus grosses scènes, les californiens de Devildriver électrisent la « Dave Mustage » avec un set faisant la part belle aux morceaux de leurs premiers albums. Forts d’une année passée à enchaîner les dates complètes, et préparant leur premier Olympia en octobre 2018, les nantais Ultra Vomit ont été plébiscités sans aucune modération par le public de St Nolff. Fers de lance du metal industriel Ministry a sensiblement politisé la fin de soirée avec une scénographie composée de poulets-Trump gonflables géants, croix-gammées barrées et autres porteurs de drapeaux antifascistes.
Phénomène folk-black metal de ces dernières années Myrkur a proposé un set poignant mais quelque peu décevant pour les fans, la charismatique chanteuse Amalie Bruun ayant épuré tous ses morceaux criés.
Belphegor quant à eux n’avaient vraisemblablement pas décidé de simplifier leurs compositions. Black Death d’une violence inouie, les autrichiens ont clôturé la programmation de la première journée de la Supositor en beauté.
Fin de journée aussi sur la « Massey Ferguscene » où un public hypnotisé par les rythmes du trio suisse Young Gods s’est laissé porter dans une trance industrielle.
Dernier concert de cette journée, les dignes représentants du pirate metal écossais Alestorm se font attendre de très longues minutes, avant de commencer un concert décevant ponctué de problèmes techniques.

Jour 2

Après avoir étés alertés au coin d’un bar par une bénévole de l’annulation du groupe Les Discrets et avoir cherché en vain un point d’information pouvant nous renseigner si le show était décalé ou annulé, nous dégustons de délicieuses assiettes libanaises, une des deux offres végétariennes présentes sur le festival. Les concerts s’enchaînent : Cerf Boiteux, Necrowretch, Pelican… Les rennais de Tagada Jones sont accueillis en triomphe, terre bretonne oblige. Les amateurs de démonstration techniques devront ensuite choisir entre le retour sur scène des suisses Nostromo et la valeur sûre du Deathcore Black Dahlia Murder. Les passionnés de black-metal feront face au même dilemme une heure plus tard pour choisir entre la noirceur autodestructrice de Shining et la beauté féroce de Celeste. Ces derniers, appuyés par un sublime show de lumière donneront l’un des concerts les plus marquants de ces trois jours.
Dernier concert que nous avons pu apprécier lors de cette journée, la machine de guerre Behemoth, appuyée par de nombreuses installations pyrotechniques a littéralement enflammé la Dave Mustage et le cœur de ses fans.

Jour 3

Profitant de la douceur de ce dernier jour, un tour par le market du festival s’impose. Labels, vendeurs de merchandising proposant t-shirts, mugs, patchs et pin’s, artisans et autres créateurs d’amplis se côtoient dans la bonne humeur. Mention spéciale au vendeur de piments extra-extra-extra forts qui a dû laisser un souvenir gastrique inoubliable à quelques festivaliers et festivalières. De retour sur la Supositor Stage nous découvrons avec bonheur Origin et leur Death technique tout bonnement hallucinant. Les américains n’étaient que trois sur scène en cette fin d’après-midi dominicale, leur bassiste ayant été bloqué dans les pays de l’Est. « There’s no cancelation in Death Metal » indique le chanteur en expliquant leur problème de personnel avant de proposer au public d’investir la scène pour faire du « air-bass » et animer le concert. Aucun temps mort ne sera accordé pendant les 50 minutes de set du groupe, qui a su transformer l’essai à grand renfort d’humour et de maîtrise instrumentale. Dans la même veine, Dying Fetus a comblé ses fans venus en nombre apprécier leur concert articulé autour de leur 8ème album « Wrong one to fuck with ».
Quittant le concert electro de Perturbator pour se sustenter, nous subirons une dernière déception : une queue d’une heure au stand de frites nous empêchera de profiter du concert de Municipal Waste.
Les brésiliens de Sepultura, fêtant les 20 ans de l’intégration de Derrick Green au poste de chanteur, proposeront un set musclé pour la clôture du festival. Tout en puissance, le groupe enchaînera bien évidemment les tubes de l’ère Cavalera (Arise, Roots, Refuse/ Resist) tout en assurant la promotion de leur dernier album Machine Messiah.

Ainsi s’achève la 11ème édition du Motocultor qui, on l’espère, fera un effort sur la gestion des files d’attentes et sur la décoration du festival tout en continuant à proposer de très belles programmations !

Le théâtre de rue en fête !

« Les Contes d’Hoffmann » à Saint-Céré  : Au cœur d’énergies très positives !

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017