8 novembre 2022

Lou Lefèvre, « moi collégienne, je partageais du savoir avec des adultes »

Stagiaire chez Fragil à l’âge de 15 ans, Lou est aujourd’hui étudiante en double licence en sciences sociales et en philosophie entre Sciences po Paris et la Sorbonne Paris IV. Elle revient avec nous sur ce stage d’observation pendant lequel elle n’a pas fait qu’observer.

Lou Lefèvre, « moi collégienne, je partageais du savoir avec des adultes »

08 Nov 2022

Stagiaire chez Fragil à l’âge de 15 ans, Lou est aujourd’hui étudiante en double licence en sciences sociales et en philosophie entre Sciences po Paris et la Sorbonne Paris IV. Elle revient avec nous sur ce stage d’observation pendant lequel elle n’a pas fait qu’observer.

Fragil: Que représente Fragil pour toi ?

Lou Lefèvre: Fragil pour moi c’est une association assez polyvalente, qui aborde tous types de sujets en lien avec la culture, souvent à Nantes mais pas que. En effet, Fragil selon moi donne beaucoup de liberté aux contributeurs/bénévoles et n’a jamais peur du nouveau, c’est une association très ouverte. Fragil est aussi très dynamique et originale pour ses projets d’éducation aux médias menés auprès de différents publics quels qu’ils soient. J’ai toujours eu l’impression que Fragil était à jour sur les transformations numériques et ne se laissait pas dépasser malgré l’évolution continue et très rapide des pratiques numériques (notamment au niveau des réseaux sociaux). C’est assez impressionnant car tout change constamment dans ce monde numérique.

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Atelier sur Snapchat animé par Lou

Fragil: Comment as-tu intégré l’équipe de Fragil pour ce stage ?

Lou Lefèvre: Mon histoire avec Fragil a d’abord commencé par une rencontre assez improbable. En 2017, guidée par mon ambition de devenir journaliste alors que je n’étais encore qu’au collège, je suis allée toquer à la porte de Fragil en espérant trouver un stage d’observation. Et c’est là que j’ai eu une discussion passionnante avec les deux salariés, Merwann et François-Xavier, qui m’a complètement fait voir les choses autrement. Pourquoi ne pas agir dès maintenant ? Malgré mon âge, Fragil m’a donné les moyens d’être réellement actrice (plus qu’observatrice) de certains de leurs projets. J’y ai beaucoup appris, tant professionnellement qu’humainement. Cette expérience riche en découvertes, m’a ouvert l’esprit et surtout m’a fait gagner confiance en moi. Finalement, à Fragil ,j’ai trouvé bien plus qu’un stage mais un rôle, une aide précieuse pour la suite de mon parcours et des personnes que je n’oublierai pas.

Fragil: Quel projet te reste le plus en mémoire ?

Lou Lefèvre: C’est la formation que j’ai préparée et animée au sujet de Snapchat à des adultes au CRIJ. C’était la première fois que les rôles s’inversaient : moi, collégienne, je partageais du savoir avec des adultes bien plus âgés que moi, cela m’a paru complètement fou ! Je me suis sentie utile, écoutée et valorisée.

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Lou-Lefèvre
Lou Lefèvre

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017