14 mai 2018

L’intimité universelle de Pauline Croze

A l’occasion du concert de Pauline Croze à la Bouche d’Air le 26 avril dernier, Fragil retrace le parcours de cette chanteuse douce et attachante, qui repart sur les routes de France présenter son dernier album.

L’intimité universelle de Pauline Croze

14 Mai 2018

A l’occasion du concert de Pauline Croze à la Bouche d’Air le 26 avril dernier, Fragil retrace le parcours de cette chanteuse douce et attachante, qui repart sur les routes de France présenter son dernier album.

La frêle et élégante Pauline Croze entre en scène, seule avec sa guitare sèche et sa voix au timbre si particulier. « Soulève-moi, rends-moi légère, fais-moi bulle d’air »… Un vent printanier souffle sur la salle Paul Fort, et c’est avec bonheur que l’on se laisse emporter par la pop aérienne, ludique et poétique de Pauline Croze.
Rejointe sur scène par ses deux musiciens (batterie-pads et basse-clavier) qui font également les chœurs, la chanteuse expose sa philosophie de vie « Faire ou ne pas faire, telle est ma question », introduction au titre Ne rien faire, qui a donné son nom au dernier album :

Cet album, sorti en février dernier, elle le mûrissait depuis six ans ; autrice et compositrice, elle s’est entourée pour la réalisation de Charles Souchon (Ours) et de Romain Preuss (Scotch et Sofa), inspirée par l’univers des deux artistes.
C’est ce nouveau répertoire qu’elle présente sur scène, plus lumineux et plus coloré. Même si les thèmes abordés peuvent être graves – les ruptures, le décès de sa mère « depuis que tu es partie tu es partout » – il n’y pas de pathos, on ne se sent pas appesanti·es. Si elle dissèque à merveille les ruptures désirées ou subies, Pauline Croze aujourd’hui chante les nouveaux départs après les chutes, l’envie de recommencement.
Son écriture est inspirée et sensible, elle joue avec les mots et les phrases, les goûte avec gourmandise et les offre avec bonheur. Les rythmes et les structures des mélodies s’affranchissent des standards de la chanson ou de la pop française.

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Le public de la Bouche d’Air, dans une salle complète, réserve un très bel accueil à Pauline Croze, heureux de la retrouver avec plusieurs années d’absence.
Sa carrière avait démarré en 2003 alors qu’elle travaille avec Anne Claverie et Édith Fambuena (productrices d’Étienne Daho et d’Alain Bashung), qui vont lui permettre d’être révélée lors des Transmusicales de Rennes. Elle fait l’année suivante ses débuts sur les grandes scènes en assurant les premières parties de Miossec, Lhasa, -M- ou encore Tryo.
C’est en 2005 avec la parution de Pauline Croze, son premier album, que le succès est au rendez-vous, avec la sortie de plusieurs singles (T’es Beau, Mise à nu, M’en voulez-vous, Jeunesse affamée) et une grande tournée d’un an et demi.

Son deuxième album Un bruit qui court sort en en 2007, avec notamment le très beau titre Un baiser d’adieu, à écouter ici. S’ensuivra une tournée francophone, puis en Afrique de l’Ouest en 2009.
Le Prix de l’Eden, son troisième album, paraît en 2012 et reste assez confidentiel. Enfin en 2016 elle reprend des standards de la musique brésilienne dans l’album Bossa Nova, en hommage à la musique qui a bercé son enfance.

Pauline Croze signe avec Ne rien faire un retour très réussi, et si sur scène elle joue l’intégralité de ce dernier album, elle ne boude pas son plaisir d’interpréter quelques titres plus anciens piochés dans les albums précédents et surtout dans le premier, car « c’est celui avec lequel il y a la plus grande communion avec le public, le plus de partage avec les gens. C’est vrai que je veux défendre mes derniers titres, mais ça fait du bien d’entendre les gens qui chantent mes paroles, c’est ça aussi la scène, il y a une émotion commune ». ¹

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C’est ainsi qu’après une heure de concert, Pauline Croze et ses musiciens quittent la scène, avant que la chanteuse ne revienne comme elle a commencé, seule avec sa guitare sèche. Et quand les premiers accords de T’es beau résonnent dans la salle, c’est tout le public qui chante cet ultime rappel :

¹ Extrait de l’émission La Bande passante diffusée sur RFI le 20 mars 2018.

 

Ouverture, culture et mieux-vivre ensemble sont des sujets qui touchent particulièrement Fanny. Engagée depuis plusieurs années dans le secteur public culturel, elle revient grâce à Fragil à ses premières amours : le journalisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017