16 janvier 2019

L’information et les Fake News à l’école élémentaire les Lonnières du Cellier

Fragil s’est rendu à l’école élémentaire les Lonnières située au Cellier pour parler de l’information et des Fake News. Nous y avons rencontrés une classe de CM1/CM2 et une classe de CM2 pendant une matinée deux semaines de suite.

L’information et les Fake News à l’école élémentaire les Lonnières du Cellier

16 Jan 2019

Fragil s’est rendu à l’école élémentaire les Lonnières située au Cellier pour parler de l’information et des Fake News. Nous y avons rencontrés une classe de CM1/CM2 et une classe de CM2 pendant une matinée deux semaines de suite.

Face à une vingtaine de jeunes élèves nous sommes directement entrés dans le vif du sujet en nous présentant comme association d’éducation aux médias. Si pour certaines et certains le terme “d’éducation aux médias” leur était inconnu, pour d’autres il évoquait le numérique et les ordinateurs. Une première entrée en matière qui nous a permis d’introduire les termes de “média” et « d’information ».

Après un tour de classe où nous avons demandé aux élèves leurs prénoms et de préciser comment ils s’informent à la maison, il ressort que la télévision demeure le média privilégié par la grande majorité d’entre eux.

Qu’est ce que le journalisme ?

Pour cette première thématique nous commençons par une atelier “autour du mot”, où chaque élève est amené à écrire au tableau un mot en lien avec le journalisme. Après avoir lu l’ensemble des mots au tableau, les élèves doivent souligner le mot qu’ils trouvent pertinent et inversement, barrer celui qu’ils aiment le moins.

Une classe de CM1/CM2 au Cellier.

Cet exercice, visuellement très parlant, met en lumière la pensée de chacun et chacune tout en désignant aussi l’idée de groupe. Pour une des deux classes, le mot le plus pertinent était Information tandis que le moins valorisé était Jour. Après quelques explications par les auteurs et autrices des termes soulignés et barrés, nous enchaînons avec la définition du journalisme.

“ Ensemble des activités se rapportant à la rédaction d’un journal ou à tout autre organe de presse écrite ou audiovisuelle (collecte, sélection, mise en forme de l’information).

Manière d’écrire, de présenter les événements, propre aux journalistes.”

Avec leurs mots et leurs exemples les élèves ont parfaitement réussi à aboutir à leur propre définition du journalisme. Ils évoquent aussi bien les médias traditionnels, tels que la presse écrite et la télévision, que les articles web.

Nous terminons cette partie de l’atelier consacrée à l’information en évoquant les missions du journaliste. Une nouvelle fois beaucoup ont connaissance de ces pratiques, à savoir: la recherche d’information, la vérification des sources et la diffusion de ces informations dans un média.

Enfin nous proposons aux élèves de réaliser un court article à l’aide d’un jeu créé par nos soins. Après avoir écrit sur un cahier les six questions clés auxquelles répondent les journalistes (qui? quoi ? où ? quand ? comment ? pourquoi ? ), je réalise une action devant leurs yeux pendant quelques secondes et leur demande de répondre aux six questions d’après leurs observations. Avec ces quelques mots je leur demande ensuite de faire cinq phrases maximum puis de donner un titre à leur article. Nous avons pour finir pris le temps d’écouter les élèves qui souhaitaient lire leurs articles.

Les Fake News

Après une pause bien méritée, les élèves reprennent place et nous entamons une nouvelle thématique: les Fake News. Une grande majorité des élèves a déjà entendu parlé des Fake News, sans pour autant que tous soient capables de définir précisément ce que l’expression signifie.

Un premier atelier est alors mis en place. Après chaque énonciation d’une information, les élèves doivent se lever s’ils pensent que la phrase est vraie ou rester assis s’ils pensent qu’elle est fausse.

Exemples d’informations énoncées:

CERTAINS HOMMES POLITIQUES ET CERTAINES FEMMES POLITIQUES UTILISENT DES FAKE NEWS

LES FAKE NEWS PEUVENT INFLUENCER L’OPINION DE PLUSIEURS PERSONNES

SI DEUX MÉDIAS DIFFUSENT LA MÊME INFORMATION, C’EST QU’ELLE EST DOIT ÊTRE VRAIE

Après chaque phrase a lieu un mini débat entre ceux et celles qui pensent que l’information est fausse et les autres qui pensent qu’elle est vraie.

Une classe de CM2 à au Cellier.

Conjointement nous arrivons à définir ce qu’est une Fake News. Définition que nous complétons avec celle du  fact checking, la vérification des faits réalisée par des journalistes spécialisés dans ce domaine. Pour savoir si une information est une Fake News, les médias ont mis en place des rédactions de fact checking, mais aussi des outils accessibles par tous tels que : le Décodex, le Désintox ou encore Le vrai-faux.

Les élèves sont ensuite amenés à réfléchir sur les motivations de la création d’une Fake News. Pourquoi des personnes créent des Fake News ?

Trois raisons apparaissent : l’intérêt financier, l’intérêt idéologique (manipulation) et l’intérêt humoristique.

Pour terminer nous leur proposons un quiz autour d’informations visiblement invraisemblables. Certaines phrases et/ou images sont fausses, d’autres sont vraies. Le but de cet exercice étant de leur demander comment font-ils pour prouver que la donnée est vraie ou fausse.

Nous terminons cette matinée par des derniers conseils pour vérifier une information.

→ Questionner l’information, sa cohérence, son objectif.

→ Questionner la source de l’information.

→ Questionner l’image, notamment en faisant une recherche inversée.

→ Recouper l’information, multiplier les sources et les navigateurs de recherche.

Création de Fake News

Lors de la seconde séance avec les élèves, nous leur avons proposé un atelier de création de Fake News. Par groupe de deux, les élèves devaient inventer deux Fake News, les exposer à l’ensemble de la classe puis expliquer dans quel(s) but(s) ils ont créé ces Fake News.

Toujours dans cette même thématique, nous avons testé leur esprit critique en leur montrant des images coupées avec deux angles différents. L’une ne divulguant pas le même message que l’autre selon l’angle et le coupage choisis. Exemple: des photos de Theresa May coupées avec deux angles différents.

Si beaucoup d’élèves ne sont pas (encore) présents sur internet et les réseaux sociaux, ils sont cependant nombreux à bien comprendre les mécanismes de la création de l’information et des Fake News. Leur jeune âge est un atout pour les sensibiliser à ces sujets omniprésents dans leur quotidien.

Ci dessous nos présentations qui reprennent les deux ateliers proposés.

En avant les Curieux !

La classe de première SAPAT du Lycée Edgard Pisani à la découverte du journalisme et des médias

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017