7 mars 2022

Les théories du complot en question lors d’une soirée avec Fragil et le Vlipp

Le mardi 15 février 2022, Fragil a animé une soirée dédiée au décryptage des théories du complot au bar Pioche. Un temps organisé par l'association Vlipp, dans le cadre de son projet de création de jeu "La fabrique à complot".

Les théories du complot en question lors d’une soirée avec Fragil et le Vlipp

07 Mar 2022

Le mardi 15 février 2022, Fragil a animé une soirée dédiée au décryptage des théories du complot au bar Pioche. Un temps organisé par l'association Vlipp, dans le cadre de son projet de création de jeu "La fabrique à complot".

Entre le 3 février et le 29 mars, le média associatif Vlipp organise 7 temps animés par plusieurs associations nantaises afin de créer un jeu qui sera diffusé sur les ondes de Prun’ et de Jet FM. Fragil s’inscrit au début de cette série d’ateliers afin de questionner les participantes et participants sur leurs connaissances du sujet. Quatre personnes étaient présentes pour assister à l’atelier, accompagnées par Fabiola Moreau, médiatrice du Vlipp.

Présentation de la Fabrique à Complot, par le Vlipp

Peu après 18h30, le temps d’animation débute par une discussion sur la définition d’une théorie du complot. Quelle différences entre un complot et une théorie du complot ? Comment les reconnaitre ? Connaissez-vous des théories du complot et des complots célèbres ? Autant de questions que l’animatrice de Fragil pose à l’ensemble du petit groupe présent. Les avis et exemples se multiplient, c’est après une dizaine de minutes de discussion qu’une liste d’exemples est proposée afin de clarifier les définitions.

Exemples de complots :

Exemples de théories du complot :

« Une théorie du complot, c’est un complot pas encore prouvé » résume avec justesse une participante, venue assister avec grand enthousiasme au projet. L’animatrice de Fragil poursuit l’atelier en projetant la vidéo de décryptage « Le complot chat« , un format clair et très accessible pour sensibiliser un large public à la fabrication d’une vidéo complotiste.Toujours avec curiosité et bonne humeur, les participant.e.s sont par la suite amené.e.s à jouer à un atelier de décryptage des « moisissures argumentatives ». Un jeu mené à l’aide de cartes créées par le créateur de contenu Un monde riant. A l’aide d’un jeu de carte présentant une trentaine d’arguments douteux et d’une trentaine d’exemples, le groupe a dû relier un argument à son illustration.

Exemple : le « point Godwin » qualifie les arguments qui ont « habilement amené la discussion jusqu’à la comparaison finale » et correspond à l’exemple « Volkswagen a été créée par l’Allemagne Nazie donc les conducteurs sont des fascistes« . Le point « simplicité » qualifie les arguments qui ont  » attribué un effet à une cause unique en négligeant les autres », l’exemple qui lui correspond est « la pollution est uniquement due au trafic routier trop important« .

Les participant.e.s lors de l’atelier dédié aux « moisissures argumentatives »

En une vingtaine de minutes, l’ensemble du groupe a pu relier sans grande difficulté les « moisissures argumentatives » aux exemples proposés. Un atelier particulièrement apprécié par les participantes et participants, grâce à son aspect ludique et à la découverte des différents types d’arguments proposés.

La soirée se termine par la présentation de quelques conseils quant à la vérification d’une information sur internet. L’animatrice revient sur plusieurs méthodes de vérification telles que le croisement des sources d’information, la recherche par image inversée ou encore l’utilisation de plateformes dédiées au fact checking (Checknews, le Décodex…). Après deux heures de discussion et d’ateliers, le groupe de participant.e.s repart avec des nouveaux outils mais également plus de connaissances qui leur permettront sûrement de poursuivre la création de la « Fabrique à complot ».

« Le ciel de Nantes » : La mémoire transfigurée par le jeu

Les algorithmes en atelier avec les PDN

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017