5 février 2020

Les réseaux sociaux à la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Nantes

Mardi 4 février, Fragil intervenait à la PJJ de Nantes pour parler réseaux sociaux avec des jeunes en stage civique.

Les réseaux sociaux à la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Nantes

05 Fév 2020

Mardi 4 février, Fragil intervenait à la PJJ de Nantes pour parler réseaux sociaux avec des jeunes en stage civique.

Mardi 4 février, dans l’après-midi, Fragil, association d’éducation aux médias et au numérique est intervenue auprès de quatre jeunes qui réalisent un stage civique au STEMO (Service Territorial Educatif en Milieu Ouvert) de Nantes.

Ils étaient accompagnés d’un éducateur d’une éducatrice de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) qui ont aussi participé activement à l’atelier. Un atelier qui a intéressé les participants puisqu’il s’agit d’un sujet qui les concerne directement.

Classer les réseaux sociaux

Les jeunes sont d’abord invités à classer des vignettes par catégories sur lesquelles on retrouve des logos de réseaux sociaux, de services de streaming, de moteurs de recherche et de navigateurs web. Un classement qui se fait donc plutôt de manière subjective. Ils mettent dans plusieurs tas séparés les réseaux sociaux ensemble et les moteurs de recherche et navigateurs web dans un autre tas ce qui amène la discussion sur la différence entre un moteur de recherche et un navigateur web. Deux logos posent problème, il y celui du navigateur Opera, qui n’est connu par aucun des participants et dont un pense qu’il s’agit d’un service de streaming musical. Ainsi que le logo de MySpace, réseau social fondé en 2003 qui a vite été concurrencé par Facebook et les autres réseaux sociaux. Jusqu’en 2009, MySpace figurait dans le top 10 des sites internet consultés. Pour en savoir plus sur ce qu’est devenu le réseau social voici un article de France musique qui aborde le sujet : Que devient MySpace ?

Les vignettes utilisées pour cet atelier

Il est ensuite demandé aux participants de classer comme ils le veulent les réseaux sociaux, ils s’entendent pour mettre Snapchat en premier car « tout le monde l’utilise (rires) », ils choisissent Instagram pour mettre en deuxième position mais finissent par le mettre à égalité avec Snap puisqu’ils l’utilisent autant. En troisième position, ils mettent Youtube et racontent brièvement ce qu’ils regardent sur cette plateforme, un des participants nous parle d’interviews de rappeurs sur Rapelite, un autre regarde plutôt des vidéos sur des motos.

Enfin, en ce qui concerne les vignettes sur les réseaux, il leur est demandé de les classer du plus dangereux au moins dangereux. Snapchat arrive à l’unanimité en tête en raison notamment des « nudes » qui peuvent circuler à l’insu de la personne, de « l’affiche » (la réputation) que cela crée. Facebook et Tinder arrivent ensuite, ils évoquent avec Tinder le risque de tomber sur une mauvaise personne.

Vie privée et données personnelles

François-Xavier, salarié de Fragil, demande ensuite aux participants de venir chacun leur tour dans une autre pièce et de montrer ce qu’il y a dans leurs téléphones. Il explique qu’il partagera ensuite les informations de chacun avec les autres en gardant l’anonymat de la personne concernée. Les participants sont tout à coup confus et se posent des questions, un d’entre eux s’oppose directement à cette idée en expliquant que ce qu’il y a dans son téléphone c’est privé et qu’il ne veut pas que l’on regarde ses photos.

Bien entendu, c’était faux et personne ne va devoir montrer le contenu de son téléphone. C’est en fait pour introduire les conditions générales d’utilisation (CGU), les « règlements » des réseaux sociaux en somme. L’occasion de constater que ces CGU sont rarement lues dû notamment à leur longueur, et que du moment qu’on poste une photo sur Instagram par exemple, l’entreprise possède aussi la photo et peut la récupérer dans ses bases de données.

Le temps suivant donne lieu à un quiz, animé par Damien (alias moi-même), en service civique dans l’association. Globalement, les réponses sont intéressantes et les participants sont bien renseignés mais le quiz traîne un peu, et de l’aveu même des deux adultes de la PJJ présent et présente à l’atelier, c’était le moment un peu moins intéressant de l’atelier. – A ma décharge, je maîtrisais peu le quiz -. Néanmoins, le quiz permet d’évoquer des sujets importants comme la publicité ciblée avec notamment l’idée qu’en tant qu’internautes nous sommes des produits quand un service est gratuit. Les réseaux sociaux utilisent nos données pour ensuite se faire payer par des entreprises qui cibleront leur publicité selon les intérêts de chacune et chacun. Mais aussi de voir que certaines entreprises possèdent plusieurs réseaux sociaux, à l’instar par exemple de Facebook qui détient aussi Instagram et Whatsapp, manière d’accumuler encore plus de données sur ses utilisatrices et utilisateurs pour faire plus de profit, et aussi « d’écraser » la moindre concurrence qui pourrait bousculer son monopole en rachetant tout simplement les potentielles menaces.

A l’aide d’un schéma (voir ci-dessous), il est évoqué par où passent nos photos quand on envoie un snap, ces derniers transitent par les serveurs les plus proches de nous.

Pour voir comment ces réseaux sociaux font pour nous rendre addict et comment les récompenses comme les « flammes » sur Snapchat activent la dopamine (qu’on appelle communément « molécule du plaisir »), une vidéo d’Arte et sa série « Dopamine » sur Snapchat est montré aux participants. On y voit notamment comment le système des « flammes » permet d’obliger à se connecter tous les jours sur Snapchat pour ne pas perdre ces dernières (qu’on perd si on a pas envoyé de snap à la même personne sous 24h). Se sentant concernés, les participants réagissent, ils ont une certaine conscience de ce système. Un des participants se soucie très peu des flammes, en revanche un autre qui s’intéresse pas plus que ça aux flammes explique quand même en avoir plus de 700 avec une personne, et malgré le fait du peu d’intérêt pour ces dernières, la vue du nombre conséquent de flammes avec cette personne lui fait continuer les snaps quotidiens. Cette vidéo intéresse aussi particulièrement l’éducateur et l’éducatrice présents qui comprennent mieux comment leurs propres enfants peuvent être accros à ces réseaux sociaux.

Vidéo d’Arte – Episode 6 de « Dopamine »

L’atelier a été bien reçu, les participants se sont montrés très intéressés et particulièrement actifs. L’éducateur et l’éducatrice se sont montrés très intéressé.es et ont participé aussi à l’atelier. Un des participants a expliqué que « C’était bien. Je pensais tout savoir sur les réseaux sociaux, en fait on connaît pas vraiment grand chose. », il ressort en ayant par exemple appris « tout ce qui est enregistré sur le cloud ».

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En service civique et originaire de Perpignan. Tout ce qui tourne autour de la politique m'intéresse, grand amateur de science fiction et de dystopies. J'écris principalement sur les ateliers d'éducation aux médias et au numérique.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017