27 juin 2022

Education aux médias : peu de propositions concrètes de la part des candidats aux législatives

Durant le mois de juin, Fragil a eu l’opportunité d’interviewer certain.e.s candidat.e.s aux élections législatives des circonscriptions de Loire-Atlantique. L’objectif : faire en sorte que les politiques parlent d’éducation aux médias, ce thème n’étant pas abordé. Retour sur les différentes mesures proposés par les candidat.e.s.

Education aux médias : peu de propositions concrètes de la part des candidats aux législatives

27 Juin 2022

Durant le mois de juin, Fragil a eu l’opportunité d’interviewer certain.e.s candidat.e.s aux élections législatives des circonscriptions de Loire-Atlantique. L’objectif : faire en sorte que les politiques parlent d’éducation aux médias, ce thème n’étant pas abordé. Retour sur les différentes mesures proposés par les candidat.e.s.

« Le terme « éducation aux médias » est plus complexe quil ny paraît à première vue car il touche en filigrane aux piliers de notre système démocratique ». Valérie Oppelt, candidate Renaissance dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique, observe que l’éducation aux médias est un sujet très large. A la NUPES, l’éducation aux médias est définie comme une occasion de « donner des clefs aux citoyen·nes et surtout aux plus jeunes pour développer leur propre esprit critique ». L’alliance de gauche précise également que l’éducation aux médias permet d’aiguiser son esprit critique face au flux d’informations diffusé chaque jour. « Une information, selon le journal ou le média qui va la diffuser, peut sembler totalement différente voire contradictoire », affirme Andy Kerbrat, candidat NUPES de la 2ème circonscription de Loire-Atlantique. Au Rassemblement National, on juge que l’éducation aux médias ne doit pas se faire au détriment des savoirs fondamentaux, prioritaire selon eux. « Jattache une grande importance à coupler cet apprentissage avec celui de la lecture, qui peut se perdre chez les enfants avec la multiplication des écrans ces dernières années. » explique Gauthier Bouchet, candidat du RN dans la 8e circonscription à Saint-Nazaire.

Andy Kerbrat, candidat NUPES de la 2ème circonscription de Loire-Atlantique, élu député avec 55,06% des voix. 

Des mesures diverses proposées par les candidats

Le parti présidentiel Renaissance, représenté par la candidate Valérie Oppelt, juge que l’éducation aux médias doit être refondée sur de nouvelles bases. « L‘EMI doit ainsi connaître une nouvelle dynamique fondée sur le développement des projets pédagogiques, le renforcement des réseaux d’acteurs et l’accompagnement des pratiques pédagogiques dans les établissements », affirme cette dernière.  Au Rassemblement National, le candidat Gauthier Bouchet propose « la privatisation de laudiovisuel public, à lexception de RFI et de lINA ». Cependant, l’éducation aux médias n’est pas forcément au coeur des débats. Selon lui et son parti, cette privatisation créera un « choc de pluralisme », et forcera donc les différentes chaînes publiques à davantage d’équité, ces dernières étant largement critiqués par certains partis pour un contenu qu’il juge partial et orienté.

La NUPES choisit de s’appuyer sur des professionnels

Du côté de la NUPES, union nouvellement crée à gauche, les candidats jugent qu’il faut d’abord « enseigner à reconnaître des sources fiables, à recouper les sources et à les diversifier ». L’union appuie aussi sur le fait de laisser aux professionnels le soin de parler du sujet d’éducation aux médias. « Il faut sappuyer sur des ressources scientifiques ou professionnelles, et à bien analyser les informations pour être sûr quelles soient cohérentes, possibles, etc », explique notamment l’union. A travers ces différents entretiens, nous avons pu observer des différences profondes entre les partis politiques, à la fois sur la définition de l’éducation aux médias et sur les mesures à mettre en oeuvre pour l’améliorer.  A la NUPES, les candidats décident d’appuyer sur le développement des plus jeunes en termes de critiques sur l’information notamment. Le RN juge au contraire agir sur les personnes enseignants l’éducation aux médias, que le parti juge trop idéologisé.

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Intéressé par l'actualité et passionné des relations humaines. Thomas est contributeur chez Fragil et participe à des ateliers d'éducation aux médias

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017