2 octobre 2025

La “Fabrique en scène(s)” : un rendez-vous tisseur de liens

Le samedi 4 octobre, la Fabrique des Dervallières ouvre ses portes de 11h à 19h. Un moment de richesse culturelle et de liberté physique. Danse, théâtre, musique et ateliers participatifs rythmeront cette journée festive et collective.

La “Fabrique en scène(s)” : un rendez-vous tisseur de liens

02 Oct 2025

Le samedi 4 octobre, la Fabrique des Dervallières ouvre ses portes de 11h à 19h. Un moment de richesse culturelle et de liberté physique. Danse, théâtre, musique et ateliers participatifs rythmeront cette journée festive et collective.

“Il nous manquait un événement commun qui nous permettait de travailler tous ensemble”, se souvient Marine Rioult, coordinatrice de la « Fabrique en Scène(s) » en évoquant la première édition de l’événement en octobre 2018.

Pour cette “fabricante” depuis la création de “La Fabrique Dervallières” en 2010, et aujourd’hui responsable de production de la compagnie de danse hip-hop “Chute Libre”; ce rendez-vous annuel marque une étape essentielle de la vie du bâtiment associatif mis à disposition par la mairie de Nantes.

Représentant également l’association de danse hip-hop locale “La Base D”, Marine Rioult œuvre cette année avec Sarah Rousseau à la coordination logistique et administrative de l’événement. Un travail qu’elles estiment vertueux pour tou·te·s les acteur·rice·s présent·e·s, porté par une ligne directrice définie selon les envies de chacun·e.

Ouvrir les portes à tou·te·s

Dès sa première édition en 2018,  la “Fabrique en Scène(s)” s’est inspirée d’actions similaires comme celles organisées par “Le Garage”, un lieu dédié à la création chorégraphique à Rennes. Ici, l’intérêt affiché par les fabricant·e·s est d’ouvrir les portes des studios pour les personnes du quartier, les Nantais·es, mais aussi d’autres professionnel·le·s. Un véritable moment de richesse culturelle et d’émancipation sensorielle pour les habitant·e·s. C’est aussi un exercice pour les artistes, qui utilisent cette action pour travailler sur leurs prochains spectacles (en résidence ou en laboratoire de création) pendant plusieurs semaines.

Focus sur les artistes émergent·e·s

L’événement permet aussi de donner carte blanche à des artistes minoritaires. L’association “Muses” s’inscrit dans cette démarche. La structure de développement et d’accompagnement aux projets musicaux émergents d’artistes sexisé·e·s (minorités de genre, femmes, personnes trans, non-binaires, etc.), proposent  “Les Feuilles tombent en été” le ciné-concert du groupe post-folk parisien Jack Lena.  Enora Benard, fondatrice et directrice de cette structure complète : “Le principe de la Fabrique en scène, c’est vraiment montrer soit des étapes de travail, soit des projets émergents, soit des projets qui sont venus travailler ici. C’est une opportunité pour que les artistes puissent venir et présenter leur travail au sein de la Fabrique.” Les artistes pouvant alors obtenir des contrats de cession, un premier pas pour certain·e·s vers la professionnalisation.

Une partie des Fabricant·es aux Dervallières. 25/09/25 ©JosuéTexier

Une organisation collective et soutenue

Pour organiser une telle journée festive, Sarah Rousseau et la “Base D” récupèrent toutes les informations sur les fabricant·e·s et leurs programmes. Organisant des temps bénévoles, et la préparation logistique en amont et pendant l’événement. Côté financement, un appel au soutien est lancé auprès de la municipalité chaque année.

La ville de Nantes est alors d’une aide précieuse. Depuis 2019, elle subventionne à hauteur de 8000 € cette initiative. Comme le rappelle Marine Rioult : “Les fabricants sont des associations culturelles avec une certaine précarité. On ne pouvait pas s’engager financièrement là-dedans sans cette aide.”

Cette année, comme les précédentes, ces 8000€ permettront de couvrir les salaires des artistes, mais aussi l’ensemble des frais techniques et de communication.  De plus, une partie du matériel nécessaire est récupérée dans d’autres lieux nantais, comme au “NST” (Nouveau Studio Théâtre) ou encore auprès du Conservatoire de Nantes pour les instruments.

Une main partagée

Du côté de la coordination de l’événement, un roulement entre les fabricant·e·s est discuté avant chaque édition par un vote au sein d’une commission. L’intérêt est de maintenir cet élan collectif, pour que chaque année, une structure Fabricante puisse obtenir une enveloppe de coordination utile à son fonctionnement.

Comme aime le rappeler Marine Rioult : “Il n’y a pas de lead : la programmation, c’est l’ensemble des fabricants qui ont une voix. Nous sommes cette année juste là pour être les petites mains, faire de la logistique, parler avec les techniciens et artistes.”

Affiche de la Fabrique en scène 2025 ©LaFabrique

Des esthétiques multiples et accessibles

Les disciplines artistiques présentées pour l’édition 2025 dépeignent une grande variété d’esthétiques : danse, théâtre, lecture, musique, ateliers participatifs, etc. L’accessibilité est également mise en avant pour le public. L’association “Quatorze Carats”, articulée autour de la danse indienne Bollywood, reflète cette idée avec sa créatrice Aurélia Touati : “Pendant une heure, je vais proposer une petite chorégraphie, pour que les participants repartent avec une chorée de A à Z. Courte et simple. On va s’amuser pour que tout le monde passe un chouette moment, léger et fun. Et puis je m’adapte à tout le monde.”

Lors de cette journée, on retrouvera également Annaick Domergue, comédienne et metteuse en scène. En tant que coach, elle accompagne des artistes sur scène et travaille pour la compagnie de création et diffusion théâtrale “Rachel Mademoizelle”. Son rôle, qui coïncide avec la visée de l’accessibilité, est celui de la “dame loyale” : “L’idée, ça va être de présenter les différentes ouvertures d’ateliers, que ce soit dans la danse, le ciné-concert, le théâtre ou différentes formes performatives. Que les gens ne soient pas perdus dans ces diverses propositions et qu’on puisse les guider. Leur donner envie de venir dans ces lieux, avec de l’énergie et de la bonne humeur.”

Déjà tourné·e·s vers l’avenir

Même si rien n’est écrit, une 7ème édition est envisagée en 2026. Marine Rioult à envie de reprendre la coordination de l’événement  : “Cette année c’est la Base D, l’année prochaine ça sera revoté en commission. Il faut que l’ensemble des fabricants acceptent que ce soient nous qui portions une deuxième année le projet.”

Infos utiles :

  • Fabrique en Scène(s)
  • Samedi 4 octobre
  • Fabrique Dervallières
  • 19 rue Jean-Marc Nattier
  • 11h à 19h
  • Gratuit

Josué grandit entre La Roche-sur-Yon et Rennes. Amateur d’arts, il se reconnaît surtout dans la musique et la littérature. Diplômé d’une licence en information et communication, il s’engage pendant ses études dans le journalisme, écrivant pour divers médias bretons. Aujourd’hui impliqué au sein de Fragil, il explore avec un regard neuf les récits sociaux et culturels de Nantes. Car, s'il n’y a pas de hasard, notre journaliste se tient prêt à ne manquer aucun rendez‑vous.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017