3 février 2020

Jeu d’enquête autour des métadonnées au lycée de Bouaye

4 classes de seconde du lycée Alcide d'Orbigny de Bouaye ont participé du 20 au 24 janvier 2020 à la résolution d'une enquête sur l'analyse des métadonnées de plusieurs photos

Jeu d’enquête autour des métadonnées au lycée de Bouaye

03 Fév 2020

4 classes de seconde du lycée Alcide d'Orbigny de Bouaye ont participé du 20 au 24 janvier 2020 à la résolution d'une enquête sur l'analyse des métadonnées de plusieurs photos

La semaine du lundi 20 janvier au vendredi 24 janvier, Fragil, association d’éducation aux médias et au numérique, est intervenue dans quatre classes de seconde du lycée Alcide d’Orbigny à Bouaye pour animer un jeu d’enquête autour des métadonnées.

Le lycée avait sollicité l’association pour animer ce temps dans le cadre de l’enseignement des Sciences Numériques et Technologies (SNT). L’initiative a été prise par Mme Bailly, professeure au lycée de Bouaye qui a su fédérer autour d’elle trois autres professeures.

L’enquête

Les élèves doivent trouver les deux principaux membres du CoDAcDePhoMaCa (comité d’action des photos mal cadrées) à l’aide de quarante photos. (Pour voir le déroulé de cette enquête : c’est ici)

Les élèves se montrent dès le début enthousiastes à l’idée de résoudre l’enquête. Pour qu’ils s’organisent au mieux, ils sont invités à noter les indices qui fusent dans leur tête sur le tableau afin de mettre en commun les idées.

Indices notés par les élèves

Les indices se concentrent pour la majorité sur des éléments des photos tels que « chaussures noires et blanches », « voiture grise » etc.. Mais la clé n’est pas là pour l’instant, en effet il faut déjà commencer par trouver combien de téléphones ont pris ces 40 photos. Comment faire ? Les élèves commencent par regarder sur chaque photo dans « propriétés » puis « détails » le nom et la marque de l’appareil photo. Ils commencent à en déduire un nombre de téléphones.

Regarder les propriétés pour chaque photo n’étant pas une option rapide et efficace, Romane ou François-Xavier, salariés chez Fragil, donnent quelques indices pour la suite, il faut trier par modèle d’appareil photo afin d’afficher ensemble les photos appartenant à tel ou tel smartphone.

Une fois fait cela, les élèves, par groupe, se répartissent les téléphones à analyser.

A l’aide du site metapicz.com, ils vont pour chaque photo recueillir les données GPS ainsi que l’heure de prise de vue et vont retranscrire ces infos à l’aide d’un point pour chaque photo prise, sur une carte représentant le quartier René Bouhier.

Les cartes réalisées par les élèves

L’enquête approche bientôt de la fin, après une rapide comparaison des cartes les élèves sont amenés à utiliser un 2ème outil qui retrace le trajet pris par chaque personne.

Les 2 suspectes sont finalement identifiées ! L’enquête est terminée. L’occasion d’élargir le débat et de comprendre les enjeux qui se cachent derrière ces métadonnées.

Débat sur les métadonnées et les données en général

La deuxième partie de l’atelier, si le temps le permet, laisse place à un débat sur l’enquête qui s’est déroulée. Cela commence par un recueil des sentiments des élèves sur ce qu’ils viennent de faire, puis le débat commence, est-ce normal d’enquêter ainsi sur une personne ?

Les élèves se montrent très intéressés et n’hésitent pas à participer au débat, nombreux et nombreuses ont le sentiment d’avoir appris beaucoup de choses et regardent les réseaux sociaux avec un autre œil. Ils prennent conscience des données qu’ils.elles laissent derrière eux.elles avec une simple photo postée sur les réseaux sociaux.

La discussion aborde ainsi la légitimité de l’enquête qui vient d’être réalisée, de quel droit pouvons-nous enquêter sur des personnes pour un motif aussi peu légitime -à savoir la prise de photos mal cadrées-. Au delà de ce motif, c’est tout simplement la surveillance qui peut être mise en place qui fait débattre et pose question.

Les dangers de toutes ces données sont ainsi exposés, le scénario d’un régime politique qui à l’avenir utiliserait ces données pour traquer les citoyens voir les emprisonner ou pire est avancé pour faire réfléchir davantage sur les traces qu’on laisse sur le net.

La discussion aborde aussi les données de manière plus large et la « gratuité » des réseaux sociaux. Le fameux « si c’est gratuit, c’est vous le produit » est expliqué pour comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux. Ils utilisent nos données qu’ils revendent à des entreprises, qui elles vont pouvoir cibler leur publicité selon les intérêts de chaque utilisateur.trice de réseaux sociaux.

Recueil d’impressions

Le sentiment général qui ressort de cet atelier est une prise de conscience de l’impact de nos actes sur internet, qu’il faut « lire les conditions d’utilisation », « intéressant » est un terme qui revient beaucoup. Le débat a passionné nombre d’élèves qui ont aussi apprécié le côté « moins scolaire » de l’atelier.

Pour nuancer, le bémol qui revient majoritairement est la longueur de l’enquête même si beaucoup ont aussi trouvé que c’est passé vite.

Enfin, pour les deux classes ayant eu l’atelier entre 11h et 13h, la faim s’est faite sentir et revient ainsi beaucoup dans les éléments négatifs de l’atelier. Mais bon, n’est-ce pas un sentiment naturel ? Les anciens lycéen.nes que nous avons été pouvons comprendre ce sentiment.

A la fin de l’intervention, quelques questions sont posées à Mme Minier, professeure de mathémathiques : « Un atelier qui tombe super bien », « qui donne certaines bases » et qui va de pair avec « la séance dernière, ou on a parlé des cookies ».

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En service civique et originaire de Perpignan. Tout ce qui tourne autour de la politique m'intéresse, grand amateur de science fiction et de dystopies. J'écris principalement sur les ateliers d'éducation aux médias et au numérique.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017