1 mars 2021

Exposition Golden Age – Entretien avec la street artiste nantaise LadyBug

LadyBug, c'est l'artiste à l’initiative de la résidence artistique Golden Age à Orvault. Les travaux des 28 protagonistes ont fleuri sur les murs d’une grande maison en novembre, bientôt rénovée en lieu partagé pour personnes âgées. Fragil vous propose un entretien avec la porteuse de ce beau projet, sur son parcours et ses influences artistiques.

Exposition Golden Age – Entretien avec la street artiste nantaise LadyBug

01 Mar 2021

LadyBug, c'est l'artiste à l’initiative de la résidence artistique Golden Age à Orvault. Les travaux des 28 protagonistes ont fleuri sur les murs d’une grande maison en novembre, bientôt rénovée en lieu partagé pour personnes âgées. Fragil vous propose un entretien avec la porteuse de ce beau projet, sur son parcours et ses influences artistiques.

LadyBug nous raconte la genèse de Golden Age et comment la maison, achetée par un ancien client à elle, s’est transformée en exposition collective. Il était déjà prévu qu’elle soit rénovée en résidence pour personnes âgées d’ici février 2021. Mais avant cela, il lui propose d’utiliser l’endroit comme atelier pour qu’elle s’entraîne. Seulement, la maison est bien trop grande pour sa pratique individuelle alors elle décide de se lancer dans le projet de résidence Golden Age.

La façade de la maison à Orvault © LadyBug

LadyBug © Mélusine Farille

Au départ, seul l’étage devait être transformé par les artistes, officiellement au nombre de 10, une pièce attribuée au travail de chacun.e. Un crowdfunding est lancé pour que cette résidence artistique voit le jour avec le soutien de plusieurs partenaires. Au fur et à mesure que la résidence fait parler d’elle, d’autres artistes souhaitent se joindre à l’exposition. C’est alors que le rez-de-chaussée est lui aussi découpé (zoning) pour que d’autres personnes ajoutent leur marque, bénévolement. Chaque pièce d’art est inspirée du thème choisi par LadyBug : GOLDEN AGE. En effet, son rapport à l’âge fait écho au futur de la maison tout en optant pour un aspect très positif. La période de l’âge d’or correspond à l’époque mythologique où l’abondance, l’amour et la paix régnaient sur la planète bleue. 

Pour décrire et s’approprier ce thème, 28 artistes au total ont répondu présent.e.s. 

Fresque en collaboration avec l’artiste Yoldie, inspiré par le mouvement Black Lives Matter

@physalis_illustration  © Mélusine Farille

Entretien

Portrait de LadyBug © Maëva Rioual

Avant d’être LadyBug, elle était graphiste exécutante pendant 10 ans, c’est-à-dire sans l’aspect créatif du métier. A 27 ans, elle commence à dessiner pour elle, comme un moyen d’expression de ses émotions et de ce qu’elle traverse personnellement. C’est lorsqu’elle a découvert le street art qu’un écho s’est produit en elle, “Je veux faire ça !”. L’aspect premier de la démarche lui a paru demander trop d’assurance et c’est de cette façon, à partir de 2016, qu’elle a développé sa technique au pochoir. Des pochoirs remplis de petits trous permettant de faire apparaître toutes les formes possibles sans être en contact direct avec la surface, permettant un travail plus maîtrisé de l’aspect final ou du moins, qui lui ressemble.

© Maëva Rioual

« La rue est une vitrine »

Finalement LadyBug se rend compte que “la rue est une vitrine”. En effet, l’art est exposé à la vue de tou.te.s, son accès y est totalement libre et d’une certaine manière, c’est un outil de visibilité très puissant. Ainsi, son travail est devenu de plus en plus remarqué, s’en est suivi des expositions, puis LadyBug a commencé à vendre ses œuvres. Sur le chemin, Golden Age.

Festival Effet graff, 2021

LadyBug donnant vie à son œuvre, Festival Effet graff, 2021

« Un petit point, deux petits points, trois petits points… Ma vision de la vie est idéaliste et je vous dessine ce que je vois ! »

Golden Age © Maëva Rioual

Spécialisée dans les portraits, plutôt sur fond sombre car elle aime faire ressortir la peau noir grâce aux jeux de lumière, ainsi qu’à sa technique du pointillisme avec les pochoirs. Le rendu tout en nuance est très poétique et sa profondeur apaisante. Tant à regarder qu’à créer ! De plus en plus, son art est un travail de réappropriation du corps, une perpétuelle introspection. A Golden Age, sa pièce représente des cubes où elle se retrouve, selon les interprétations de chacun.e, coincée, piégée ou essayant d’y entrer. Cela peut représenter les étiquettes et les cases dans lesquelles on tente de se conformer. Par ces travaux d’autoportraits, les questions de l’acceptation et de l’amour de soi sont omniprésentes, d’autant plus en lien avec le thème de l’exposition qui rejoint l’épanouissement personnel et collectif.

Les autoportraits © Maëva Rioual

Entre le moment de la finalisation de l’exposition et la rénovation, le public a pu venir admirer les œuvres pendant deux semaines. En dehors de ce temps (très court) d’ouverture, la maison a servi de lieu de tournage pour les danseur.euse.s nantais.e.s des Rookies et LadyBug a publié un livre sur le projet. 

Golden Age, collaboration

Dans le cadre de ses projets, elle a eu l’opportunité de revisiter un terrain de basket (quartier Boissière à Nantes, cf photo) à l’image de son art et ce sera bientôt le tour d’une piste d’athlétisme.  En parallèle, des projets street art qui pourraient voir le jour dans des écoles. 

Terrain de basket, quartier Boissière à Nantes

Terrain de basket, quartier Boissière à Nantes

“Méditatif.”

“Si je devais résumer mon art en un mot ce serait “méditatif” ». La découpe des pochoirs, la répétition des gestes pour créer les pointillés, le processus l’apaise et la plonge dans un calme pouvant s’apparenter à la méditation.

Merci beaucoup LadyBug !

Pour suivre son travail, c’est par ici :
Facebook : LadyBug Nantes
Instagram : @ladybugnantes

la visite virtuelle de Golden Age faite par Tanala et LadyBug

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Etudiante en communication, passionnée par les arts et le spectacle vivant. Je danse et j’écris un peu, parfois.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017