3 avril 2019

Fragil intervient pour les semaines contre le racisme et toutes les formes de discriminations

Chaque année, en mars, ont lieu les semaines de lutte contre le racisme et les discriminations en Loire Atlantique et dans toute la France. Fragil a mené plusieurs ateliers dans le cadre de ces semaines face à divers publics.

Fragil intervient pour les semaines contre le racisme et toutes les formes de discriminations

03 Avr 2019

Chaque année, en mars, ont lieu les semaines de lutte contre le racisme et les discriminations en Loire Atlantique et dans toute la France. Fragil a mené plusieurs ateliers dans le cadre de ces semaines face à divers publics.

L’équipe de Fragil s’est rendue dans différents lieux du département tout au long du mois de mars afin de mener des ateliers pour sensibiliser aux discriminations. Toujours dans une démarche d’éducation populaire et du savoir partagé, les ateliers regroupent des jeux, temps de discussions et critiques de médias. Pour ces interventions, Fragil est subventionnée par la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antismétisme et la haine anti LGBT) dans le cadre de l’appel à projet contre la haine et les discriminations anti-LGBT. En tant qu’association d’éducation aux médias, Fragil a ciblé ces ateliers sur les discriminations d’accès aux médias et dans les médias.

Jeu du « pas en avant »

L’équipe est intervenue auprès de différents publics, des élèves de CM1/CM2, des jeunes collégiens, des lycéens ou encore des habitants du quartier des Dervallières. Nous avons fait le choix de mener le même atelier sur les quatre lieux différents, en modifiant peu de contenu malgré les différents publics. Avant de détailler les principales problématiques rencontrées lors des ateliers, voici le déroulé de notre atelier conçu dans ce cadre de la lutte contre les discriminations.

Se mettre dans la peau d’un ou d’une autre

Pour débuter l’atelier nous proposons le jeu du « pas en avant ». Pour ce jeu, il est préférable d’avoir au moins dix participantes et participants.

Les élèves de l’école des Cap-Horniers de Piriac sur mer.

  1. Nous distribuons, au hasard,  à chacun et chacune des stagiaires un papier avec un profil d’une pesonne imaginaire. Ces informations doivent rester secrètes. Exemple de profil :« Un homme blanc de 30 ans employé dans une start-up », « Un immigré malien en situation irrégulière », « Le fils de 19 ans d’un fermier dans un village alsacien reculé », « Une prostituée séropositive habitant Dunkerque, 32 ans »
  2. Nous les invitons à réfléchir quelques minutes sur la vie de leur personnage, de se glisser dans leur peau. Quelle est sa vie ? Où habite cette pesonne ? Avec qui ? Quel est son milieu social ? Ce temps permet de plus facilement répondre à la suite du jeu.
  3. Une fois ce temps de réflexion fini, nous leur demandons de se mettre en ligne, il faut prévoir donc un espace suffisamment « large » et grand pour que les joueurs et joueuses puissent avancer dans l’espace.
  4. Nous avons préalablement préparé une liste d’affirmation en rapport avec le sujet abordé, ici la discrimination dans les médias et dans l’accès aux médias. Nous enonçons les phrases les unes après les autres avec une consigne pour les stagiaires : avancer d’un pas si vous (votre profil) correspond à cette phrase, rester sur place si cette phrase ne vous concerne pas ou si vous ne savez pas. Exemple d’affirmations : « Vous possédez un smartphone », « Votre conception de la famille apparaît régulièrement dans les fictions », « Mon profil n’est jamais sujet à moquerie dans les médias », « Je me reconnais physiquement dans les publicités « 
  5. La dernière étape de ce jeu est un moment de « débriefing », chaque participant et participante rester à leur place et regarde leur position par rapport aux autres. Qu’est ce que cela veut dire pour vous ? Quelles différences existent entre les personnes restées au fond de l’espace et celles plus avancées ?

L’objectif pour nous était multiple :  à la fois faire réfléchir et arriver à se mettre à la place d’une autre personne que soi ou quelqu’un de notre entourage. Nous souhaitons aussi sensibiliser le public aux différences entre les personnes concernant l’accès aux médias en France. Nous souhaitons aussi développer une sensibilisation aux formes de discriminations dans les médias. Enfin cet exercice permet de mettre en mot et en évidence les différentes perceptions, stéréotypes, préjugés que chacun et chacune a des autres.

Jeu du « pas en avant » réalisé à la maison de quartier des Dervallières de Nantes.

Débattre et discuter

Une fois le jeu réalisé, nous proposons aux stagiaires du jour de retourner au calme, dans un endroit où tout le monde peut s’assoir et discuter tranquillement. Pour cette deuxième partie d’atelier nous préparons un diaporama de contenu en rapport avec les discriminations, nous débutons par discuter des stéréotypes, des préjugés et des discriminations.

En interrogeant directement les participantes et participants nous arrivons à déterminer des définitions communes pour ces trois termes. Ce temps permet aux stagiaires de réfléchir à leurs propres conceptions de ce qu’est une discrimination.

Temps de discussion à la maison des jeunes de St Molf.

Nous proposons ensuite à notre public du jour de regarder diverses publications ou publicités recueillies dans plusieurs médias différents. Le but est une nouvelle fois de discuter de ces problématiques dans un espace où la parole est ouverte à toutes et tous. Vous pouvez retrouver ces publications dans la présentation située en fin d’article.

Les problématiques rencontrées

Nous avons mené nos ateliers avec divers publics, ce qui nous a permis de cibler différentes problématiques. Lors de notre intervention à la maison de quartier des Dervallières le samedi 16 mars dernier, nous avons du aménager notre atelier avec un public peu nombreux et présent sur un temps court. L’essentiel de cet atelier s’est donc concentré sur le jeu du « pas en avant », face à un public adulte du quartier.

Lors de nos interventions à la maison des jeunes de St Molf et à l’école primaire de Piriac sur mer, nous avons rencontré quelques difficultés avec le jeu du « pas en avant ». En effet, les participantes et participants avaient entre 10 et 16 ans et pour les plus jeunes ce ne fut pas toujours facile de comprendre le concept du jeu. Se mettre dans la peau d’une personne très différente de nous est une des principales problématiques rencontrée pendant ces ateliers, ce qui nous a permis d’ajuster nos consignes et les types de profils utilisés pendant ce jeu. Il a fallu par exemple préciser au début du jeu que c’était à chaque personne d’imaginer la vie de son personnage pour pouvoir avancer ou rester sur place selon les affirmations. Mais aussi re-préciser des termes de vocabulaire parfois inconnu.

Pour le deuxième temps de nos interventions, nous n’avons pas rencontré de problématiques particulières. Ce temps consacré aux discussions, échanges et confrontations des points de vue s’inscrit le plus souvent dans un espace de bienveillance et d’écoute. Ce fut le cas notamment au lycée Nelson Mandela de Nantes, où les élèves ont su échanger sur ce qu’ils trouvaient « choquant » parmi les publicités et publications exposées. Nous avons retrouvé cette ambiance lors de tous nos ateliers menés dans le cadre des semaines d’éducation contre le racisme et toutes les discriminations.

Kerri Chandler va faire trembler le Warehouse lors d'une soirée Wonder

Médiathèque Jaques Demy, l'écriture d'une nouvelle page

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017