27 novembre 2024

« Sur tes lèvres » : Une exposition qui divise par originalité

Depuis fin octobre, l’exposition « Sur tes lèvres » propose, au Lieu Unique et à la Frac, une réflexion autour du baiser et de tout ce qu’il procure. À travers de nombreux supports artistiques, l'exposition a mis le public d'accord sur la forme sans pour autant convaincre tout le monde sur le fond.

« Sur tes lèvres » : Une exposition qui divise par originalité

27 Nov 2024

Depuis fin octobre, l’exposition « Sur tes lèvres » propose, au Lieu Unique et à la Frac, une réflexion autour du baiser et de tout ce qu’il procure. À travers de nombreux supports artistiques, l'exposition a mis le public d'accord sur la forme sans pour autant convaincre tout le monde sur le fond.

Depuis le 25 octobre et jusqu’au 12 janvier, l’exposition « Sur tes lèvres » se tient à la FRAC et au Lieu Unique. Cette dernière propose une réflexion autour du baiser et de tout ce qu’il procure. Derrière cet acte anodin, c’est aussi une réflexion plus large sur le corps, la séduction ou le désir qui est mis en avant. Pourquoi le baiser est-il devenu si symbolique dans une relation ? L’a-t-il toujours été ? Tabou ou non, c’est autour de ce sujet que « Sur tes lèvres » ose nous proposer des visions différentes sur le baiser.

Vidéos, photos, affiches, tableaux… Tous les moyens sont bons pour faire passer des messages et des émotions. C’est plus d’une trentaine d’artistes de différents pays qui ont participé à cette exposition. Dans un parcours sociétal des années 70 à nos jours, « Sur tes lèvres » invite alors à prendre du recul sur ce qu’est la norme.

Une forme qui rassemble

Venu·es nombreux·euses au LU le 9 novembre dernier, les publics sondés exprimaient des avis différents mais se rejoignaient sur la richesse des supports, à l’image de ce premier visiteur : « C’est assez varié en terme de médias et de supports, il y a des choses plus anciennes et hyper contemporaines ».

Et si tous·tes semblent en accord sur la forme, certain·es étaient parfois plus réticents sur le fond. C’est le cas de ce couple qui confie son avis : « J’ai qu’une chose à dire… C’est complètement barré ! ». Pour certain·es « Sur tes lèvres » ne signifiait que le baiser, et c’est pourquoi certaines incompréhensions sont apparues, par exemple quant à un cube rouge : « Le mètre cube, où est le baiser ? ».

« Le mètre cube, où est le baiser ? »

Au-delà du baiser, des avis contrastés

L’exposition pousse ainsi au-delà du simple baiser en montrant tout ce qui peut l’accompagner. Certaines images à caractère sexuel ont par exemple suscité l’appréhension de certain·es : « C’est presque dérangeant, le fond nous dérange un peu, la forme non ». Pour autant, iels ne semblaient pas étonné·es, « connaissant le lieu unique », ancienne usine réputée pour ses expositions dites « osées ».

« Beau ou pas, en tout cas ça questionne »

Pour d’autres, l’exposition suscite la réflexion et répond exactement aux attentes imaginées. « On nous remet la réalité en face, par exemple avec l’oeuvre ‘Not for you’ où l’on s’aperçoit dans le miroir », commente notamment une spectatrice, qui ajoute apprécier cet aspect « surprenant ». Le public a d’ailleurs apprécié l’usage de l’IA, qui accompagne quelques créations artistiques.

« Beau ou pas, en tout cas ça questionne. On est pas obligé de tout lire, mais il y a des choses qu’on ressent vraiment », conclue un visiteur, pour qui « Sur tes lèvres » est un succès, dans le sens où l’exposition croise habilement plusieurs émotions et messages.

Informations complémentaires

  • Entrée libre
  • Du samedi 26 octobre 2024 au dimanche 12 janvier 2025
  • Au Lieu Unique et au Frac

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017