3 octobre 2019

Disgusting Food Museum : vous en reprendrez bien un peu ?

Disgusting Food Museum prend ses quartiers au Hangar à bananes du 25 septembre au 3 novembre 2019. Cette exposition venue de Suède (Malmö) présente 80 des aliments considérés comme les plus dégoûtants au monde. Une illustration originale de la dimension culturelle de l’alimentation et une invitation à revoir nos conceptions de ce qui est mangeable ou pas.

Disgusting Food Museum : vous en reprendrez bien un peu ?

03 Oct 2019

Disgusting Food Museum prend ses quartiers au Hangar à bananes du 25 septembre au 3 novembre 2019. Cette exposition venue de Suède (Malmö) présente 80 des aliments considérés comme les plus dégoûtants au monde. Une illustration originale de la dimension culturelle de l’alimentation et une invitation à revoir nos conceptions de ce qui est mangeable ou pas.

Seriez-vous prêt à goûter de la soupe de chauve-souris ou du requin fermenté ? Pourquoi est-ce que les Américains raffolent de la gelée (Jell-o salad) et les Mexicains se régalent à l’apéro d’œuf de fourmis (escamoles) ? Et nous, Français, comment pouvons-nous manger des fromages à l’odeur aussi forte comme le munster ou le maroilles ?

Autant de questions que soulève l’exposition Disgusting Food Museum, inaugurée le 25 septembre dernier à la HAB galerie en présence de ses deux créateurs suédois, Andreas Ahrens et Samuel West. Cette exposition est une occasion unique de sentir, toucher, voire goûter 80 plats extrêmes, tout en découvrant de passionnantes histoires et anecdotes de l’évolution de l’alimentation humaine. Outre le plaisir de la curiosité et de la découverte, c’est une balade réflexive qui peut nous permettre de revoir notre conception du dégoût.  « Notre objectif était de montrer que ce que nous considérons comme bon ou dégoûtant dépend de notre culture, du pays d’où l’on vient », explique Samuel West.

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La Jell-O salad, dessert classique aux Etats-Unis.

Anne-Cécile Adam

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Les œufs et larves de fourmis frits sont servis en tapas au Mexique.

Anne-Cécile Adam

Le dégoût, une émotion culturelle

En effet, le dégoût est l’une des six émotions fondamentales et on le retrouve dans toutes les cultures du monde. Il est culturel parce que nous aimons les nourritures avec lesquelles nous avons grandi. C’est l’apprentissage alimentaire dès le plus jeune âge qui nous permet de nous habituer à tel odeur ou tel goût. Ainsi est-il commun pour un asiatique ou un scandinave de manger du poisson fermenté, alors que la consommation d’insectes ne pose aucun problème à un Africain.

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Dégustation de hareng fermenté pendant l'inauguration. L’odeur est si forte que la boîte de conserve doit être ouverte dehors !

Anne-Cécile Adam

Peut-on manger du chien ?

Mais la dimension culturelle de l’alimentation soulève aussi des questions d’ordre moral : pourquoi est-ce que je suis capable de manger du lapin mais pas du cochon d’inde ? Ce qui peut revenir à dire : est-ce que je peux manger mon animal de compagnie ? En France, nous mangeons les animaux que nous élevons, pas les animaux domestiques qui font partie de notre cercle familial. Mais dans certaines régions de Chine, il est tout à fait possible de manger du chien d’élevage. « C’est bien ou mal de manger tel ou tel animal au regard de notre culture, mais en tout cas ce n’est pas universel. J’invite les personnes à visiter l’exposition avec ouverture d’esprit et sans idées préconçues », commente Samuel West.

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Au Pérou, les cochons d'Inde sont élevés pour la consommation.

Anne-Cécile Adam

Quels aliments pour demain ?

Nos idées reçues sur l’alimentation pourraient-elles mener à notre perte ? N’oublions pas que manger de la viande a un impact environnemental énorme. Demain il nous faudra envisager des sources de protéines alternatives comme les insectes. Changer nos idées sur le dégoût pourra peut-être nous aider à adopter des comportements alimentaires écologiquement durables.

Informations pratiques

Exposition du mercredi 25 septembre au dimanche 3 novembre.
HAB Galerie / Quai des Antilles (Parc des chantiers)
Du mercredi au dimanche de 13h30 à 19h Gratuit

Pour les dégustations :
Tarif unique 3 €
Du mercredi au vendredi à 17h30
Les samedis et dimanches à 15h30/16h30/17h30
Réservation en ligne sur www.lestablesdenantes.fr ou sur place (jauge limitée).

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Je suis nantaise d'adoption et chargée de communication dans le domaine de la nutrition. J'aime écrire sur les sujets de société et la culture dans toutes ses déclinaisons (musique, théâtre, cinéma, expositions, lectures...).

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017