6 novembre 2025

Devenir maîtresse du jeu au festival des Utopiales : « C’est encore une barrière »

Reportage photo. Ce vendredi 31 octobre Yoan L'Bec et Xaviiiier ont coanimé pendant 1h30 en salle Aldébaran au festival des Utopiales, , un atelier intitulé " Devenir Maître.sse du Jeu pour la première fois". Un temps d’échange et pédagogique qui a suscité un engouement : 40 personnes étaient présentes dont 8 participantes.

Devenir maîtresse du jeu au festival des Utopiales : « C’est encore une barrière »

06 Nov 2025

Reportage photo. Ce vendredi 31 octobre Yoan L'Bec et Xaviiiier ont coanimé pendant 1h30 en salle Aldébaran au festival des Utopiales, , un atelier intitulé " Devenir Maître.sse du Jeu pour la première fois". Un temps d’échange et pédagogique qui a suscité un engouement : 40 personnes étaient présentes dont 8 participantes.

Une coanimation par deux passionnés de jeux de rôle, Yoan L’Bec et Xaviiiier  sous la forme d’une conférence détendue et conviviale. Il y avait 40 participant.es dont 8 inscrites seulement. Fragil est allé à la rencontre de ces deux formateurs et de 2 participantes, Aurore et Marion. Iels ont bien voulu partager leur réflexion sur la question de la parité des genres dans l’univers des jeux de rôle.

Xaviiiier, un des deux animateurs de l’atelier. Cela fait maintenant 3 ans que ce créateur et auteur de jeux de rôle anime cette conférence. Il a notamment écrit Les Miaulements d’Ulthar et The Caravan, 2 univers mystérieux et sombres mais aux ambiances et règles totalement différentes : « Cela fait 35 ans que je fais du jeu de rôle, ça fait 35 ans que j’écris du jdr , c’est du bonheur absolu de mettre des intentions de jeu dans le game design. » @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Des échanges animés et rythmés sous le ton de l’humour par Xaviiiier et son acolyte Yoan L’Bec (au fond à gauche en blanc). Ce dernier est aussi auteur et créateur de plusieurs jeux de rôle comme Le Dernier Outrage chez Obhea Editions. Yoan questionne les futur.es maîtres.ses du jeu dans une partie. iels doivent jongler et rester en équilibre entre la narration et les règles mises en place : « Comment écrire un mystère dans un univers bien défini qui laisse la place à l’imprévu ? » @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Parmi les 40 inscrit.es à l’atelier, il y avait seulement 8 participantes. Xaviiiier constate une évolution positive au cours des dernières années : « Il y a de plus en plus de joueuses. Quand les tables sont mixtes cela apporte un truc différent ». Néanmoins il admet volontiers que ce n’est pas suffisant : « Il y a très peu de maîtresses du jeu, il y a une espèce de barrière ». Yoan l’explique en partie par le développement de certains univers très portés par le genre masculin : « Il y avait beaucoup de productions écrites qui ont été pensées et écrites par et pour des hommes ». Et aussi par des codes sociaux très stéréotypés : « la question de la place de la femme va être frontale. Soit par mauvaise foi, soit par des positions où on va la réduire, soit en la surexposant ou soit en la sexualisant ». Xaviiiier constate une évolution positive au cours des dernières années : « Il y a de plus en plus de joueuses. Quand les tables sont mixtes cela apporte un truc différent ». Néanmoins il admet volontiers que ce n’est pas suffisant : « Il y a très peu de maîtresses du jeu, il y a encore une barrière ». Yoan l’explique en partie par des univers très portés par le genre masculin : « Il y a beaucoup de productions écrites qui ont été pensées et écrites par et pour des hommes ». Et aussi par des codes sociaux très stéréotypés : « Dans n’importe quel univers imaginaire, la question de la place de la femme va être frontale. Soit par mauvaise foi, soit par des positions où on va la réduire, soit en la surexposant ou soit en la sexualisant ». @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Aurore, une des participantes, est assise en train de prendre des notes. Elle est venue guidée par sa passion et son envie de transmettre : « Devenir MJ, c’est acquérir de la confiance. J’ai envie, en tant qu’animatrice socioculturelle, de faire découvrir aux enfants le jeu de rôle ». Elle en tire du positif dans cet atelier : « Ce qui me plaît le plus dans le jeu de rôle, c’est d’avoir un cadre sans vraiment de limite à ce qu’on a envie de créer ». @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Une des pages du cahier de notes d’Aurore. Cette amatrice de jeu y décrit les points essentiels à connaître pour débuter comme maître.sse de jeu de rôle. Pour elle, c’est une étape importante pour devenir MJ. Cette passionnée admet que la phase d’intégration dans ce milieu n’a pas toujours été évidente : « Dans une partie de jeu de rôle certains garçons n’ont pas forcément conscience de certains de leurs comportements. On me coupait tout le temps la parole. C’est vraiment quelque chose qui m’a agacée. Je n’osais pas le dire au début ». @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Marion a bien voulu nous partager ses impressions après sa sortie de la conférence : « J’ai découvert les jeux de rôle aux Utopiales. J’ai trouvé depuis un club de jeu de rôle près de chez moi ». Elle veut aussi se lancer comme maîtresse de jeu : « On est relativement peu nombreuses dans mes amies à se lancer mais ça me dérange pas plus que ça. » @ Photo Pierre Farnoud (31/10/2025)

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017