Financé par le département de la Loire-Atlantique, le projet « création d’un média collaboratif sur Tik Tok » a chaleureusement été accueilli par les animateur·ices du centre SPOT dédié aux 15-25 ans à Guérande. L’atelier, sur deux journées entières, devait permettre à un petit groupe de jeunes de produire des reportages vidéo diffusés ensuite sur un compte Tik Tok créé pour l’occasion. Malgré l’enthousiasme et l’intérêt de la thématique chez les animateur·ices guérandais·es, le projet n’a recueilli aucune inscription. L’animatrice de Fragil a néanmoins pu réaliser une vidéo avec l’aide de quelques ados présentes, elle souhaite tirer quelques « leçons » de cet atelier en demi-teinte.
Le contexte de l’atelier
Les deux ateliers se sont déroulés lors de la seconde semaine des vacances de printemps, les 19 et 21 avril 2023. Malgré une campagne d’affichage réalisée par les animateur·ices du SPOT, le centre n’a recueilli aucune inscription préalable. Face à un « manque d’engagement » récurrent des jeunes sur les activités, Mamad, animateur au SPOT, relativise la situation et ne semble pas surpris par cette absence. Hasard du calendrier, les deux journées prévues sont entrecoupées d’un forum dédié aux emplois saisonniers pour lequel une petite dizaine de jeunes aide à l’organisation.
Les leçons à en tirer
Après ces deux journées riches en attente et rebondissement, l’animatrice de Fragil souhaite tirer quelques leçons sous forme de conseils pour de futurs ateliers de ce type.
Les voici :
– il faut partir de l’envie des jeunes : malgré l’enthousiasme palpable des animateur·ices du centre SPOT de Guérande, il s’est avéré que les deux jours de création de vidéo sur Tik Tok n’ont pas eu le public escompté. Lors de leur présence au centre, certaines ados ont cependant bien voulu enregistrer quelques plans, réfléchir à quelques moments de tournage, sans pour autant se sentir pleinement concernées par le projet. À l’avenir, il parait donc essentiel de concerter les jeunes en amont du montage de projet, afin que celui-ci convienne au mieux à leurs attentes et envies. À la surprise de l’animatrice de Fragil, les jeunes de Guérande, habitué·es du SPOT, étaient peu à l’aise avec le réseau social Tik Tok, certaines n’ayant même jamais été sur l’application. Nouvelle preuve que les a priori ou présupposés ne constituent pas toujours une réalité sur l’usage des réseaux sociaux par les ados et jeunes adultes.
– la communication est nécessaire mais ne fait pas tout : cette observation fait suite au premier point développé ci-dessus. La communication (visuelle, en direct, sur les réseaux sociaux…) est un élément essentiel de l’organisation d’un atelier, cependant elle ne garantit pas son succès. Les jeunes guérandais·es croisé·es lors des deux jours de stage étaient pour la grande majorité tous·tes au courant du projet. Malgré les rappels de vive voix et la réalisation d’affiche et de post Instagram, les jeunes ne sont pas emparé·es de cette thématique.
– les jeunes ont besoin d’être rassuré·es quant à la « technique » : étant peu à l’aise sur Tik Tok, la plupart des a jeunes ont surtout peur de se lancer dans l’activité technique que nécessite la création de vidéo. Avant de publier sur le réseau social, le groupe de trois ados venues en fin de journée a dû être rassuré et vivement encouragé quant à la prise en main d’un smartphone et d’un stabilisateur. Toutes trois avaient « peur de faire tomber » l’appareil, se dévalorisaient et avaient besoin d’être rassurées voir guidées à chaque instant du tournage. Après quelques minutes et au visionnage des premiers plans, toutes se sont rendues compte que le résultat n’était « pas si mal » et que l’aspect technique n’était pas aussi difficile qu’elles l’imaginaient.
– il est parfois nécessaire de s’éloigner des méthodes d’éducation populaire : lorsque les participantes et participants sont absents ou peu motivé·es. Après avoir vivement encouragées les trois ados à prendre quelques plans pour une vidéo présentant les locaux du SPOT, l’adhésion au projet s’est drastiquement amoindri lors de la phase de visionnage et de montage. Tandis qu’aucune d’entre elles ne s’étaient essayé au montage, l’animatrice de Fragil a dans un premier temps pris les choses en main en pensant par la suite pouvoir « déléguer » une partie du montage aux jeunes présentes. C’est finalement en compagnie d’un des animateurs du SPOT que l’intervenante s’est chargée du montage et de la diffusion de la vidéo sur un compte Tik Tok. La volonté d’aboutir à un résultat fini aura eu raison des méthodes d’éducation populaire,ces méthodes s’appuyant essentiellement sur le travail en groupe et le volontariat des jeunes.