10 avril 2020

Confinés mais solidaires

En ce début mars, toi qui te prends pour le roi Covid, tu as débarqué dans nos vies sans crier gare. Au début, on n’y croyait pas, on disait que c’était loin la Chine ! Puis jour après jour, tu as étendu ton pouvoir dans les autres pays d’Asie, puis en Europe, aux États Unis, jusqu’en Afrique. Aujourd’hui ton royaume est mondial, tu es tout puissant et destructeur.

Confinés mais solidaires

10 Avr 2020

En ce début mars, toi qui te prends pour le roi Covid, tu as débarqué dans nos vies sans crier gare. Au début, on n’y croyait pas, on disait que c’était loin la Chine ! Puis jour après jour, tu as étendu ton pouvoir dans les autres pays d’Asie, puis en Europe, aux États Unis, jusqu’en Afrique. Aujourd’hui ton royaume est mondial, tu es tout puissant et destructeur.

Mais tu n’imagines pas la capacité de résistance des hommes. L’histoire de l’humanité nous l’a montré tant de fois. Alors on s’organise : Sur la ligne de front, les personnels soignants, paramédicaux, de propreté, puis tous ceux qui nous permettent de nous nourrir et de nous protéger. Au bout de la chaîne, nous, au chômage, retraités, ou en télétravail, confinés dans de bonnes ou mauvaises conditions, mais ouverts sur le monde en mouvement grâce aux journaux, radios, et réseaux sociaux.

Alors les appels à l’aide fleurissent, ainsi que les signes de reconnaissance et des actions concrètes portées par de nombreuses personnalités et associations.

Quelques exemples sur notre territoire nantais et en France

Avis aux couturières 

Un médecin généraliste qui exerce à Nantes a lancé le site faisuneblouse.com, pour aider les soignants à se protéger pendant la pandémie. Idéalement, chaque soignant a besoin de deux ou trois blouses, « mais on est très mal équipés », s’inquiètent-t-elles sur les réseaux. Les consignes sont précises, des patrons de blouses sont en ligne sur le site. « Le don de blouses peut par ailleurs permettre aux personnes en confinement qui sont parfois un peu désœuvrées, angoissées, d’avoir une vraie action et de se sentir investies, de faire quelque chose pour leurs soignants de proximité »,  explique ce praticien.

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De même, il est possible de fabriquer des masques en tissu, à partir du patron proposé par le CHU de Grenoble et les proposer aux maisons de retraite ou pour des lieux associatifs. Par exemple, nous sommes quelques unes à avoir fabriqué des masques pour Scopeli , épicerie coopérative et participative, restée ouverte pour que ses adhérents puissent se ravitailler et permettre aux agriculteurs locaux de vendre leur production.

Des chefs Nantais cuisinent pour les soignants

Les restaurants étant fermés, 27 chefs nantais ont décidé de s’organiser pour servir le personnel du CHU. Ainsi 4 à 5 restaurateurs se relaient chaque jour pour fournir 250 à 300 repas. Ils travaillent avec leurs fournisseurs habituels, petits ou grands pour offrir des repas variés. Une belle initiative pour réconforter les soignants

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Les paniers solidaires, une plateforme nationale 

Suite au confinement la situation est devenue critique pour des milliers de personnes et particulièrement :

– les plus fragiles, comme les personnes âgées et isolées qui ne peuvent plus se déplacer au risque de s’exposer, ou obtenir de l’aide à domicile

– les personnes en situation de grande précarité ou les SDF dépendants des organisations sociales et associatives caritatives

– les soignants qui, en première ligne pour sauver des vies, se retrouvent épuisés sans une minute à eux pour se nourrir correctement ou faire quelques courses.

. Deux acteurs majeurs mobilisés sur le terrain, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et la Croix-Rouge Française*, se sont mobilisés et la plateforme de financement participatif récolte les dons pour distribuer des paniers complets (repas et produits  d hygiène) et assureront l’identification des bénéficiaires. Même les petites sommes sont utiles.

https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/covid-19-les-paniers-solidaires

  Contribution à la réflexion 

Une autre manière de s’entraider est aussi de nous amener à  réfléchir, prendre du recul, partager ses émotions, ses inquiétudes.

Le magazine « l’instant mouvement Up » nous apporte un éclairage  sur la question de l’entraide en interviewant deux scientifiques, docteurs en biologie : Pablo Sévigné et Gauthier Chapelle qui  ont écrit « l’entraide, l’autre loi de la jungle » dont voici un extrait :

Qu’en est-il de l’individu? L’entraide est-elle réellement spontanée ?

P.S. : Oui. Aussi étrange que cela puisse paraître, en situation de stress, et même de stress intense comme les grandes catastrophes (tsunamis, attaques terroristes, tremblements de terre, etc.), les survivants montrent des comportements de calme, d’auto-organisation, d’entraide et d’altruisme. Tous les témoignages de rescapés le montrent, la panique est extrêmement rare. Le problème est que même si notre capacité d’entraide spontanée est puissante, elle ne suffit pas à « faire société ». Il faut des mécanismes sociaux de stabilisation des niveaux d’entraide. Et l’évolution nous en a fourni plusieurs…

Ce ne sont bien sûr que quelques exemples, parmi des centaines dans toute la France. Mais les besoins sont importants dans tous les domaines. Alors, ce confinement indispensable va sans doute durer. Comment le rendre encore utile pour ceux qui le souhaitent ? Pour passer de l’intention à l’action, qu’est-ce qui peut faciliter l’engagement ?

Être bien informée sur la mission, pouvoir s’adresser à une personne référente si besoin, avoir connaissance des précautions à prendre. Mais le risque zéro n’existe pas.

Alors parmi toutes ces offres, chacun s’il le souhaite, peut trouver une action à la hauteur de ce qu’il se sent capable de faire : coudre en restant chez soi, participer à des distributions alimentaires, répondre au téléphone pour certaines associations, apporter un don financier, les modes de participation sont variées.

Cette solidarité  locale et nationale, permettra à cet édifice sociétal de tenir dans la durée et de ressortir plus fort de toutes ces expériences.

Alors tu vois, roi Covid, les hommes, quelque soit leur pays, finiront pas gagner la bataille, ton règne touche à sa fin. Tu croyais nous anéantir, mais ce choc mondial au contraire nous ouvre les yeux et les consciences.

Gageons que ce temps à la fois de lutte et de réflexion, nous oblige à réinventer un autre monde, plus juste, plus solidaire et écologique et nous ramène à nos besoins essentiels au bénéfice de tous.

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À mon bel amour : soyons-fous, soyons-nous

La culture Nantaise migre sur la toile : Radiokanaan, Radio éphémère pour confinement passager

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017