Avant son concert à Nantes, Sanseverino nous raconte son nouvel album

Ce sera un grand moment à Nantes. Mardi 5 avril, Sanseverino donnera un concert à La Bouche d’Air à 20h30. Au menu : du JJ Cale et de nouvelles lubies : mettre les deux doigts dans la prise pour essayer, selon lui, de lâcher prise.

29 Mar 2022

Ne lui dites pas qu’il est le fils spirituel de Django Reinhardt et que vous adorez sa musique aux accents tzigane. Sanseverino a quitté les Voleurs de Poule, l’un de ses premiers groupes, depuis plus de 20 ans et il s’est essayé depuis au tango, à la country, au bluegrass, à François Béranger, Eddy Mitchell, Bourvil et bien d’autres répertoires.
En revanche, il n’a rien perdu de sa malice et de sa dérision pour écrire des chansons décalées sur l’actualité du moment, un fil conducteur qui remonte à ses débuts clownesques dans le théâtre de rue.

Sanseverino sur les traces de JJ Cale avec son 13ème album

Les deux doigts dans la prise

La preuve, le titre de son dernier album, le 13ème : les deux doigts dans la prise, un appel à lâcher prise, à garder l’esprit ouvert, à rester vivant. Un petit électrochoc pour remettre ses idées en place, se décoincer, réagir «comme le font les pompiers pour remettre en marche un cœur qui s’est arrêté» nous raconte-t-il.

Au MEDEF, on est bien

Bien sûr, il faut prendre ces paroles au second degré comme cette autre chanson au refrain un brin ironique : «au MEDEF, on est bien» et de citer des exemples qui ont le goût du vécu : «on pratique ensemble le polo» ou encore «la solidarité et l’entraide sont de beaux atouts». Vous l’aurez compris. Sanseverino se moque de ces patrons qui ne sont préoccupés selon lui qu’à «gagner de la tune».
«S’ils étaient là pour rendre les gens heureux, ça se saurait» nous explique-t-il. «Ils donneraient des sous pour construire des logements. Symboliquement, ce serait un acte fort».

Je n’en veux pas

Même coup de gueule lorsqu’il lance dans une autre chanson . «Le compteur Linky, je n’en veux pas». Areva, EDF, BP, Beyer, Monsento, il n’en veut pas non plus d’ailleurs. «Eux, quand ils donnent de l’argent, c’est pour redorer leur blasons» se justifie-t-il lors de notre échange.
Mais n’allez pas croire que Sanseverino est devenu un chanteur contestataire. Il a bien des convictions écologistes mais pour rien au monde, il ne se lancerait en politique. Ce touche-à-tout fantasque et baroudeur préfère garder sa liberté de penser et mettre dans ses chansons son regard espiègle sur le monde et son époque.

Moi, moi, moi

Ainsi n’hésite-t-il pas à décrire les travers du show-biz avec sa chanson «Moi, moi, moi» où il parodie les artistes narcissiques qui selon lui «ne pensent qu’à eux-mêmes et leurs petites affaires». «Moi, ma gueule, myself» raconte la chanson. «Moi, mon loft, mes likes, moi, moi, moi, tout simplement».
Sanseverino se défend d’appartenir à ce milieu business. «J’ai quitté Sony. Je suis produit par une petite maison de disque indépendante et ça me va très bien» nous indique-t-il avant d’ajouter : «Je ne cours pas après les émissions de télé qui font de l’audience. Quand j’y suis invité, je ne suis pas à l’aise».

A moi de séduire le public

De fait, Sanseverino tourne plus dans les petites salles ou les bars, là où il peut échanger avec le public, un public qui ne lui est pas toujours acquis d’ailleurs. «Les gens qui viennent m’écouter ne sont pas forcément d’accord avec ce que j’écris» nous confie-t-il. «Et tant mieux d’ailleurs, c’est à moi de les séduire».
Et ce qui séduit en général, c’est le personnage fantasque, loufoque, inclassable et sa musique du même acabit : rigolote, bouffone, cabotine.
«Sur scène, j’aime bien m’amuser» avoue-t-il. «Mais à la maison, je ne suis pas un déconneur. Je ne vais pas me déguiser avec un masque de Mitterrand à Halloween pour faire peur à mes enfants».

Sanseverino : un boulimique

En réalité, Sanseverino est un boulimique toujours à l’affût de nouvelles découvertes. Il apprend la guitare en autodidacte en regardant les autres jouer puis il trouve son style très particulier, un mélange de nombreuses influences mais avec une signature, celle d’un artiste attachant, passionné, anticonformiste.
Sanseverino, à voir à La Bouche d’Air, le 5 avril à 20h30. Il sera accompagné par Stéphane Huchard à la batterie et François Puyalto à la basse.

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Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017