22 juin 2021

Le cyberharcèlement avec les jeunes de Ligné

Le 27 mai 2021, trois classes de secondes du lycée agricole Olivier Guichard de Guérande ont participé a des ateliers de sensibilisation au cyber-harcèlement animés par Fragil. Retour sur cette journée forte en émotion.

Le cyberharcèlement avec les jeunes de Ligné

22 Juin 2021

Le 27 mai 2021, trois classes de secondes du lycée agricole Olivier Guichard de Guérande ont participé a des ateliers de sensibilisation au cyber-harcèlement animés par Fragil. Retour sur cette journée forte en émotion.

« C’était nécessaire d’en parler » témoigne un des élèves, visiblement ému, à la sortie de l’atelier de sensibilisation auquel il vient de participer.  Ce 27 mai, à la demande de leur professeure d’éducation socio-culturelle, ce sont trois classes de secondes du lycée agricole Olivier Guichard qui ont chacune participé à un temps de deux heures, encadré par l’équipe de l’association Fragil.

Une sensibilisation en trois actes

Pendant le temps de deux heures dédié à la réflexion autour de la problématique du cyber-harcèlement, chaque groupe d’une douzaine d’élèves a pu vivre un déroulé similaire. Après une mise en garde nécessaire de l’animateur quant aux risques de réveiller des émotions fortes chez les élèves, le sujet étant potentiellement au cœur de leur quotidien ou de leur histoire personnelle, la réflexion a pu débuter dans un cadre ou la bienveillance et l’écoute de l’autre étaient au cœur des échanges.

S’appuyant sur un jeu de classement d’étiquettes réalisé en trinôme, les élèves ont pu débattre entre eux de leur perception du harcèlement, du cyber-harcèlement, des moyens de lutte connus ou méconnus (plateforme netecoute.fr, article de loi définissant les peines encourues par les personnes harceleuses…). Ce temps a aussi permis aux élèves d’échanger autour de certaines définitions liées aux pratiques de cyber-harcèlement, notamment celle du « revenge porn », pratique consistant à publier des photos ou vidéos intimes de son ex en « vengeance » d’une fin de relation.

Atelier cyber-harcèlement

Dans un second temps, les élèves de chaque classe ont été invités à se positionner lors de débats-mouvants. Ce type de débat s’appuyant sur des techniques d’éducation populaire permet de laisser de la place aux opinions de chaque participant ou participante. « Il faudrait surveiller les personnes victimes afin qu’elles ne deviennent pas harceleuses à leur tour », « il est simple de parler de harcèlement à un adulte » ou encore « il vaut mieux faire attention à ce que l’on dit et fait en ligne pour ne pas se faire cyber-harceler »… telles ont été les phrases qui ont été mises au débat pour permettre aux élèves de donner leur opinion et d’argumenter sur les risques liés à la culpabilisation des victimes, à la difficulté de se faire entendre lorsqu’on subit du harcèlement, et sur les solutions faussement simples à apporter dans les cas de cyber-harcèlement.

Ces deux activités passées, Fragil a proposé aux élèves de conclure par un temps d’écoute d’un témoignage fort. Accompagnant Fragil quotidiennement depuis huit mois à travers son volontariat en service civique, Paloma, jeune femme de 17 ans a décidé de raconter son histoire à chacun des groupes. Malgré le silence pesant qui concluait sa prise de parole, les élèves se sont montrés reconnaissants d’avoir eu le courage de partager avec elles et eux les harcèlements qui l’ont conduite à quitter le système scolaire. « C’était important de rappeler le rôle de chacun dans le harcèlement, y compris celui du témoin » commentera Tifenn, élève de seconde. Émotion visible dans chacun des groupes, prise de parole spontanée d’élèves victimes et questions concernant l’impact du harcèlement sur sa vie, telles ont été les réactions des groupes, soulignant la nécessité de telles actions auprès d’un public bien plus touché qu’il n’y paraît. Pour Maxence qui a participé à l’atelier du matin, le « témoignage a été très fort en émotion » et a permis de faire « réfléchir sur les actes des uns et des autres ». Un atelier utile car il apporte « du soutien auprès de ceux qui ont vécu ça » souligne Maëlys, lycéenne. Cette utilité sera d’ailleurs ressentie par Paloma quelques jours plus tard. Le fait de témoigner a été une occasion pour elle de se dépasser et de retrouver de la confiance en elle : « Je me sens fière de moi d’avoir réussi à parler de mon histoire, je ne pensais pas y arriver. »

Atelier de définition du cyber-harcèlement

Une « expérience à renouveler »

« Je trouve que les interventions de Fragil sont d’une grande qualité et dynamique. » C’est ce que commentera, suite aux ateliers, Florence Saffroy, qui avait sollicité l’intervention de Fragil au lycée agricole Olivier Guichard. Soulignant l’utilité des temps dédiés au cyber-harcèlement, la professeure d’éducation socio-culturelle admet que « les réactions très émotives des élèves par rapport au thème […] parlent d’elles-mêmes et montrent l’importance de parler du sujet ». Une « expérience à renouveler » dans ce lycée, peut-être dès la rentrée prochaine.

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017