26 janvier 2023

À St Nazaire, Fragil accompagne (tant bien que mal) des élèves de 4ème dans la création d’un média

Au collège Jean Moulin, à St Nazaire, seize élèves de 4ème Segpa participent à des séances animées par Fragil. Le but, éduquer et sensibiliser aux médias. Ce dispositif « classe presse » financé par le département se veut enrichissant, mais difficile pour des élèves en rupture scolaire.

À St Nazaire, Fragil accompagne (tant bien que mal) des élèves de 4ème dans la création d’un média

26 Jan 2023

Au collège Jean Moulin, à St Nazaire, seize élèves de 4ème Segpa participent à des séances animées par Fragil. Le but, éduquer et sensibiliser aux médias. Ce dispositif « classe presse » financé par le département se veut enrichissant, mais difficile pour des élèves en rupture scolaire.

SportMoulin c’est le projet de cette classe avec Fragil, la création d’un compte Instagram dédié au sport au sein du collège. Pour faire de l’éducation aux médias un sujet ludique, et capter l’attention des jeunes. Trouver un sujet, trouver un titre, trouver des idées d’articles. Durant cinq ateliers, ils se mettent dans la peau de journalistes. L’idée est d’éveiller leurs consciences, les faire collaborer, réfléchir, s’organiser. Pour dans la finalité, avoir un regard plus global sur le journalisme et les médias.

La charte établie et signée par les élèves

Difficultés rencontrées lors de cet atelier

4ème atelier pour la classe, une étape pas évidente dans la relation à l’autre, l’interview. Entre appréhensions, timidité, ou désintérêt, il semble difficile pour certains·es jeunes d’aller à la rencontre de leurs interlocuteurs·rices. Par petits groupes, hésitants, ils·elles se lancent dans le grand bain et quittent la classe, en quête de réponses. Quelques minutes plus tard, les jeunes reviennent, pour la plupart, désillusionné·e·s. Une CPE qui n’a pas daigné répondre, un élève qui ne souhaite pas s’exprimer. L’échec est un apprentissage certes, mais qui décourage rapidement ces élèves de 13/14 ans.

Sensibiliser un public.. qui doit le vouloir

Comme entrée en matière, une des fortes têtes du groupe commence par un «j’ai la flemme ». Introverti·e·s, grandes gueules, l’hétéroclisme de la classe marque. L’atmosphère est bruyante et de séances en séances, l’intérêt pour le projet s’amenuise. Les yeux rivés sur les tables, les élèves paraissent désintéressé·es par ce contenu. La frustration est grande pour François-Xavier Josset, l’intervenant, qui a rarement vu un tel désintérêt, « c’est dur de ne pas fédérer le groupe ». Au moment de signer la charte du compte, établie avec leurs mots et leur imagination, quatre jeunes ne souhaitent pas y prendre part, et deux retirent par la suite leur signature, comprenant que ça les dédouane ainsi du projet, perçu comme une contrainte. Pour François-Xavier, les questionnements sont nombreux, est-ce trop scolaire, est-ce le bon public, comment les motiver ? Malgré cette déconvenue, il reste « convaincu qu’à la fin il y aura une production pour les plus motivé·es ».

Actuellement étudiante en 2ème au CNJ, je prends plaisir à découvrir les multiples facettes du journalisme...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017