5 décembre 2025

« Un toit, c’est un droit ! » : femmes, familles et militant·es rassemblé·es pour dénoncer les remises à la rue

Mardi 2 décembre, près de quatre-vingts personnes se sont réunies à Nantes devant la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités pour réclamer la mise à l’abri de familles laissées sans solution. À l’appel du DAL 44 et du collectif des Oublié·es du 115, militant·es, personnes sans logement et associations ont dénoncé les interruptions d’hébergement et demandé à l’État de respecter le droit inconditionnel à l’hébergement d’urgence.

« Un toit, c’est un droit ! » : femmes, familles et militant·es rassemblé·es pour dénoncer les remises à la rue

05 Déc 2025

Mardi 2 décembre, près de quatre-vingts personnes se sont réunies à Nantes devant la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités pour réclamer la mise à l’abri de familles laissées sans solution. À l’appel du DAL 44 et du collectif des Oublié·es du 115, militant·es, personnes sans logement et associations ont dénoncé les interruptions d’hébergement et demandé à l’État de respecter le droit inconditionnel à l’hébergement d’urgence.

Le 19 novembre dernier, suite à de nombreuses manifestations et recours jugés sans suite, le DAL et les Oublié.es du 115 participent à l’occupation du gymnase Armand-Coidelle à Nantes pour loger femmes et enfants. Une semaine après, la Préfecture a ordonné sa fermeture et « a remis à la rue une dizaine de personnes, en majorité des femmes, les condamnant à nouveau à l’errance et à la violence de la rue » déplore le collectif. Même si la Mairie a réussi à en loger une partie par de nouveaux dispositifs et la sollicitation d’autres associations, 8 personnes issues de l’occupation du gymnase dormaient ce mardi à la rue. Il s’agissait donc, ce jour-là, de se réunir en solidarité et pour « exiger leur prise en charge immédiate ».

Reportage : Camille Durand et Armel Bihan 

Pour Lucile, militante au DAL, il était important de se réunir face à ce bâtiment, car « la DDETS gère les questions d’hébergement d’urgence » et est donc l’interlocuteur des associations « lorsqu’il y a des questions d’urgence sociale ». 02/12/2025 Photo Camille Durand

 

La situation d’une famille qui avait trouvé un toit lors de l’occupation a été décrite devant l’auditoire. « Elle a été hébergée dans les hôtels, mais aujourd’hui on l’a sortie dehors avec ses 5 enfants. Cela fait deux ans qu’elle est dehors, et pendant ces deux ans le 115 ne l’a hébergée que deux fois. Elle remercie tout le monde de venir aujourd’hui pour les soutenir. » À de nombreuses reprises, des femmes en situation de précarité ont tenu à souligner et remercier le soutien donné par les personnes mobilisées et les associations. 02/12/2025 Photo Camille Durand

 

Pierre, avocat, accompagne depuis longtemps des personnes en détresse sociale, notamment des familles remises à la rue. Venu soutenir le rassemblement, il se tient à la disposition de personnes pour répondre à leurs questions. « Notre objectif est aussi de repartir sur du contentieux pour les personnes remises à la rue à la suite d’une décision illégale de la préfecture », explique-t-il. Selon lui, « c’est parfaitement illégal ». Il souligne notamment que « l’hébergement d’urgence est inconditionnel, quel que soit son statut administratif, son genre ou son pays d’origine ».  02/12/2025 Photo Camille Durand

 

Melilith (surnom) a pris la parole afin de « dénoncer un manque de moyen criant ». Porte-parole, ce mardi, de l’intercollectif « Personnes à la rue ! », elle pointe le retrait de l’État et souligne que c’est son inaction sur ces questions qui « crée de la pauvreté et de l’insécurité dans nos rues ». « Les collectifs et les nombreuses associations nantaises n’en peuvent plus. Des moyens existent, l’argent est là. C’est une question de choix politique. En 2021, on a voté au conseil métropolitain un fonds de 1% pour le sans-abrisme. C’est une avancée. La réquisition des logements disponibles doit être mobilisée. Ce que nous voulons c’est pouvoir entrer en contact avec la Préfecture et échanger sur ces questions fondamentales ». 02/12/2025 Photo Camille Durand

 

Suite à une longue négociation, une délégation a pu entrer afin de discuter avec la directrice de la DDETS. La représentante de l’État a promis d’étudier les situations que l’association lui transmettra, reconnaissant ne pas pouvoir trouver de solution le soir-même. Les militant.es du DAL pressentent que « les solutions ne seront pas pérennes pour tout le monde », mais appellent à maintenir une pression dans les prochains jours pour que « l’État respecte le droit inconditionnel à l’hébergement et la continuité de l’hébergement tel que prévu dans le Code de l’action sociale et des familles ». 02/12/2025 Photo Camille Durand

 

Une femme ayant retrouvé un logement souligne son soutien et remercie les associations de leur travail. On peut ensuite entendre les slogans scander par les militant.es et familles présentes : « Qu’est ce qu’on veut ? Logement ! Pour qui ? Pour tous ! ». 

34 ans et diplômé en histoire, Armel a trouvé sa voie en devenant un peu par hasard secrétaire de rédaction.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017