27 octobre 2022

Ziak à Stereolux : le public conquis par l’énergie du concert

Le 13 octobre 2022, le rappeur Ziak s’est produit à Stereolux à Nantes dans le cadre de sa tournée. Fragil s’y est rendue pour connaître les attentes du public avant le show et savoir si elles ont été comblées à la sortie du spectacle.

Ziak à Stereolux : le public conquis par l’énergie du concert

27 Oct 2022

Le 13 octobre 2022, le rappeur Ziak s’est produit à Stereolux à Nantes dans le cadre de sa tournée. Fragil s’y est rendue pour connaître les attentes du public avant le show et savoir si elles ont été comblées à la sortie du spectacle.

Le 31 janvier 2020, Ziak publie sur sa chaîne Youtube le clip de « Raspoutine », titre qui résonne dans la sphère rap français. On découvre un rappeur masqué, avec une empreinte vocale forte, sur des instrumentales d’un nouveau courant qui va en 2020, bouleverser le rap français : la Drill. Il enchaînera les sorties durant toute l’année 2020 et fidélisera une communauté d’auditeurs et d’auditrices de plus en plus grandissante, dépassant largement à chaque sortie la barre du million de vues, uniquement via sa musique. En effet, l’artiste masqué ne communique que par ses sons, il ne donne pas d’interviews, ne fait pas de promo, et ne dévoile pas sa vie sur les réseaux.

Le 19 octobre 2020, il sort le clip de « Fixette », qui crée un nouveau raz-de-marée, devenant l’un des plus gros succès commercial de l’année dans le monde du rap français, puisqu’il est aujourd’hui certifié single de diamant (+50 millions de streams). Son clip compte à l’heure actuelle plus de 51 millions de vues sur Youtube. Son succès se confirme avec la sortie de son premier album « Akimbo » le 12 novembre 2021, qui est à l’heure actuelle certifié platine (+100 000 ventes).

Branche du rap, la drill se caractérise par une musique sombre à la rythmique plus rapide qui crée une sorte d’effet « dansant », et par des textes crus, violents, relatant parfois de faits divers réels, dont les interprètes en seraient les auteurs. Ziak devient très vite l’un des chefs de fil du mouvement en France.

Lorsque l’on demande avant le concert aux spectateurs et aux spectatrices ce qu’ils attendent du show, une réponse est commune à la très grande majorité des interviewé·es : une énergie débordante, que ce soit du côté de l’artiste ou de celui du public. « J’attends que ce soit bouillant ! La drill ça flingue de fou, il faut que tout le monde soit dedans ! », nous dit Wilfrid qui fait la queue avec ses amis devant Stereolux.

Maël et Hippolyte, qui ont déjà participé à des concerts de rap (Josman, PNL, Laylow…) mentionnent eux aussi « une grosse attente sur l’énergie ». « On a déjà vu des vidéos de concerts de Ziak, on sait à quoi s’attendre ».

Julien et Clémence, qui ont fait la route de Saint-Brieuc jusqu’à Nantes rien que pour le concert, nous disent qu’il et elle veulent « des pogos dans tous les sens », et qu’il et elle seraient « déçu·es s’il arrivait défoncé sur scène ».

Le concert s’ouvre sur son premier succès : « Raspoutine », et le public est en feu dès les premières notes de l’instrumentale. Ziak avance sur le devant de la scène, main en l’air, accueillant les premières réactions de son public nantais qui chante en chœur les paroles.

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Ziak entrant sur scène sur son titre 'Raspoutine'

Audrey Verger

Gestuelle maîtrisée

Ziak a montré une gestuelle maîtrisée, il n’est pas le genre d’artiste qui transmet son énergie au public en sautant sur scène. Ce rôle est alors accompli par ses deux backeurs, eux-mêmes cagoulés. En effet, le rappeur a des mouvements plus contrôlés, pour ne pas découvrir son visage. Il vérifie régulièrement de la main que son masque tient toujours en place.

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Ziak et ses deux backeurs

Audrey Verger

50 / 50 avec le public

La force d’un concert de Ziak, c’est que 90 % de ses morceaux sont conçus pour faire sauter et crier le public. Pas étonnant de voir une grande partie des spectateurs en sueur à la sortie. Si l’artiste a rempli sa part du contrat d’après les spectateurs et les spectatrices que nous avons pu interviewer à la sortie, il faut admettre que le public a grandement participé à l’euphorie générale, notamment lorsque l’artiste a annoncé qu’il préparait un deuxième album, alors qu’il ne l’avait confirmé nulle part avant cette soirée.

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Public dans la fosse du Stereolux

Audrey Verger

« il a respecté ses engagements »

Fin en apothéose

Lorsque Ziak fait mine de quitter la scène après « Shonen », un morceau plus calme et introspectif, le public scande « Fixette » pour réclamer un dernier défouloir. Le concert fini alors en apothéose, et Ziak va chercher toute l’énergie restante des centaines de personnes réunies à Stereolux pour une ultime célébration.

À la sortie, contents d’avoir pu profiter des gros hits de l’artiste comme de ses titres plus confidentiels, je retrouve Baptiste et Enzo, deux jeune-hommes dans leurs vingtaines que j’avais pu interviewer avant le concert, et pour qui Ziak était le premier artiste qu’ils venaient voir dans une salle de concert : « il a respecté ses engagements » nous disent-ils. Ils sont juste un peu déçus ne pas avoir eu droit au titre « Peur » en featuring avec le rappeur Kerchak. Avant le concert, ils avaient mentionnés qu’ils ne souhaitaient « pas trop d’échanges avec le public » pour que l’artiste conserve le mystère de son personnage. Ils trouvent qu’il « a parfaitement dosé ces échanges » et que les deux backeurs ont rempli ce rôle.

Le seul bémol évoqué par certains interviewés à la sortie du concert, est la scénographie qu’ils ont parfois trouvé trop simpliste, ou pas assez référencée, même s’ils s’accordent à dire que c’était une attente secondaire, et que l’énergie elle, était au rendez-vous.

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Ziak face à son public à Stereolux

Audrey Verger

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Apprenti journaliste, diplômé d'une licence d'histoire, passionné de rap français.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017