29 janvier 2019

Z’auriez pas 30 balles ?

Esthétique et sociétal, politique et poétique, le projet de beau livre du photographe Yves Monteil, Police et Paysages, est original à plus d'un titre. La question de la répression étant d'une actu brûlante, l'auteur a souhaité pallier le manque de documentation du sujet, en passant par un noir & blanc... policé. Beau et utile, le projet se présente tout seul sur une plateforme de crowdfunding. A vos bons cœurs, m'sieurs, dames : le compte à rebours a commencé pour contribuer à sa réalisation !

Z’auriez pas 30 balles ?

29 Jan 2019

Esthétique et sociétal, politique et poétique, le projet de beau livre du photographe Yves Monteil, Police et Paysages, est original à plus d'un titre. La question de la répression étant d'une actu brûlante, l'auteur a souhaité pallier le manque de documentation du sujet, en passant par un noir & blanc... policé. Beau et utile, le projet se présente tout seul sur une plateforme de crowdfunding. A vos bons cœurs, m'sieurs, dames : le compte à rebours a commencé pour contribuer à sa réalisation !

A l’heure où l’on tente d’édulcorer le discours pour en faire autant de la réalité, en renommant les flashballs mutilateurs, « lanceurs de balles de défense », voici le lien vers un projet qui pourrait faire « bang bang ! » :

www.kisskissbankbank.com/fr/projects/police-et-paysages

Agrandir

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Twitter : Yves Monteil

3 questions à Yves Monteil

Fragil : Pourquoi ce projet (pourquoi un beau livre et pas un compte Insta)?



YM : Les réseaux et le livre ne sont pas incompatibles. Sur les réseaux, les publications sont évanescentes et cela implique une certaine urgence. C’est bien pour informer vite et faire état d’une manifestation par exemple. Je me sers aussi des réseaux pour communiquer et susciter une envie autour du livre et pour faire connaître mon travail.
 A l’inverse, un beau livre s’inscrit dans le temps et permet de fixer un travail au long cours en prenant du recul et en approfondissant le thème. Pour ce projet, j’ai passé des mois sur des lectures, historiques, sociologiques traitant du maintien de l’ordre.  Avec un livre, il ne s’agit plus de communiquer mais de raconter une histoire qui restera comme un témoignage. C’est aussi une aventure humaine dans toutes les étapes de sa réalisation : du choix des photos jusqu’à l’impression.

Fragil : Les photos sont-elles accompagnées de légendes, d’un texte explicitant la démarche ou bien sont-elles données à voir comme matière (brute) à réflexion?



YM : Oui les photos seront légendées mais sans doute de manière regroupée, à la fin de l’ouvrage par exemple. Pour laisser parler les photos d’elles-mêmes. En plus du lieu, de la date, le nom de la manifestation sera indiqué. Seules quelques photos parmi la centaine de prévues auront une légende plus informative.

Fragil : Qui êtes-vous Yves Monteil ?



YM : Je suis photographe depuis plus de 20 ans mais j’ai en parallèle navigué dans de nombreux domaines : l’éducation nationale, la vie associative à l’international sur des projets culturels et localement dans le monde des médias alternatifs. Depuis 2015, je me consacre entièrement au photo-reportage, principalement sur ce projet, en m’immergeant dans les mondes des résistances citoyennes et du maintien de l’ordre. Ce dernier était encore mal connu en 2012, lorsque j’ai commencé mon travail à Notre-Dame-des-Landes. Je suis farouchement indépendant pour garder le contrôle et le sens de mes images. Je suis complètement engagé auprès de ceux que l’on opprime, que l’on veut faire taire et qui font face à la répression policière.

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Journaliste/correctrice/traductrice/blogueuse/heureuse maman, je redécouvre Nantes à travers le regard de mon fils né en Afrique, après avoir passé 3 ans à Londres à officier sur des fashion websites, puis 9 ans à Casablanca à œuvrer dans la presse généraliste aux rubriques mode, tendances, culture, lifestyle... Je me suis reconvertie dans la presse de proximité depuis...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017