On ne peut pas poser une seule étiquette sur ce que fait Yasmina. Artiste polyvalente (peinture, djing, musique, podcasts, graphisme), elle se sert de ses arts comme plateforme fédératrice pour faire parler d’actualité internationale à travers les évènements auxquels elle participe et qu’elle créé.
De la création sans limites
C’est par la musique que Yasmina commence à mettre un pied dans le monde artistique dans son travail. Mais après une fac de cinéma et des années de pratique en tant que peintre, aujourd’hui elle se conforte dans son éclectisme pour ne pas rentrer dans une case. « J’ai eu du mal à choisir mes études, parce que je voulais faire tellement de choses. En fait, on te dit qu’il faut absolument que tu te mettes dans une case et que tu y rentres. Je vois que là, c’est un peu ma revanche de faire plein d’activités en même temps » confie l’artiste.
Cadette d’une famille de six frères et sœurs, c’est l’une d’entre elle qui va lui transmettre sa passion pour l’art. C’est de là qu’elle se lance dans la peinture. On peut souvent la retrouver sur un stand de marché de créateur·ices où cette plasticienne y vend des stickers et impressions sur lesquelles on retrouve le mot « liberté » écrit en arabe pour symboliser la lutte des peuples. En parallèle, cela faisait plusieurs années qu’elle s’intéressait au DJing. Mais c’est en avril que Yasmina se lance pour la première fois et commence à mixer dans des soirées. Elle profite de son entourage et d’évènements pour apprendre et se perfectionner.

Yasmina mixe pour des évènements où l’on parle de ce qu’il se passe en Palestine, au Congo, au Soudan … « C’est ma manière de contribuer ». Photo prise sur le Instagram de Yasmina Bee.
« J’aime trop plein de trucs et si je pouvais encore faire plus de choses, je le ferais […] j’ai un film en tête que j’aimerais énormément faire un jour, mais je ne me dis pas qu’il faut que je le fasse maintenant. » Liberée des frontières avec sa polyvalence, elle continue d’explorer les modes artistiques pour s’engager et militer sur Nantes.
« L’art c’est politique »
Cette polyvalence, peut être rassemblée par un fil conducteur : discuter, éduquer, sensibiliser les personnes sur des causes internationales. Il y a un an, elle a créé avec son amie Cyriane l’association La Récré à travers laquelle elles organisent des stands de créateur·ices, des soirées, des talks etc avec pour objectif de mettre en avant d’autres cultures, parler d’actualité internationale et soutenir les peuples violentés sur chaque évènement. Le 12 décembre, on pourra les retrouver au Labo Diva pour leur « slow market » où il y aura un talk organisé par SINGA, des prises de parole d’Urgence Palestine et alerter sur ce qu’il se passe au Soudan. Pour Yasmina, bien que l’actualité soit anxiogène c’est très important de continuer à s’informer, à partager et à « instruire les gens qui ne sont pas au courant. Soit parce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ne veulent pas savoir. J’ai envie de mettre ça au cœur de tout ce que je fais pour que les gens m’identifient direct à ça et que ça leur rappelle la réalité du monde ». Parler de l’actualité à travers des évènements c’est faire une sorte de relais parce que « l’art c’est politique […] de base c’est une transmission de souffrance, de vécu et c’est là pour illustrer aussi des périodes » ajoute-t-elle. Pour Yasmina, les arts sont fédérateurs et permettent de contribuer à un militantisme autrement activement.
Une double identité bien marquée
En plus de ça, elle a aussi créé récemment une page Instagram : Mawja Collective, qui semble être le début d’une plateforme grandissante. Le but derrière ce compte est de promouvoir la culture algérienne pour transmettre son héritage et aussi « célébrer toutes les cultures du Maghreb en général ». Pour le moment, c’est seule que la franco algérienne gère ce compte en partageant des informations sur l’Algérie. A terme, elle voudrait y inclure d’autres culture du Maghreb et en parler autour d’évènement concrets autour de la cuisine, de la danse, de la musique etc.
Pour raconter cette double identité, il y a aussi son podcast Voix libre, qui pour le moment compte un épisode, dans lequel elle parle avec un·e invité·e de cet héritage et de leurs vécus. Deux devraient sortir prochainement.
Combats personnels et représentations
Avec toutes ces pratiques en main, l’importance des causes défendues et ces motivations, la question de légitimité trotte encore parfois dans sa tête. Le 18 novembre, elle a participé à une table ronde sur la place des femmes dans la musique au Stéréolux qui a été diffusée sur Twitch dans le cadre du festival Les Femmes s’en Mêlent. L’artiste veut mettre un point d’honneur sur le fait que « quand on invite sur des plateaux pour parler des femmes, il faut inclure les femmes racisées ». Elle y participe pour donner une voix à ces femmes à qui on donne peu la parole. « Enfin même si de base j’étais un peu réticente par rapport à ça parce que je me dis je suis un peu la caution racisée. Aujourd’hui je me dis que c’est bien parce que ça donne la parole et que ça fait que ces environnements sont plus divers ».
C’est une vie pleine de combats qu’elle mène à travers ce qu’elle est, transmet et créé. Parfois compliqué mais cela reste important pour Yasmina de trouver une zone fédératrice pour éduquer les gens sur des sujets qui concernent la mise en valeur de personnes et d’évènements invisibilisés et occultés dans notre société. Elle conclue en disant que tout ce qu’elle fait, ce sont « des choses qui me racontent ».
Infos utiles :
Vous pouvez retrouver Yasmina:
- 6/12 Soirée évènement Kass la Fesse au OHM Town « espace safe, festif et politique où la danse et la musique deviennent résistance. »
- 12/12 Slow Market au Labo Diva
- 13/12 Soirée DIES FASTI au Macadam