29 avril 2019

Une matinée autour des fake news et de la vérification de l’information pour les Promeneurs du Net

Le 25 avril 2019, Fragil intervenait auprès d'une trentaine de Promeneurs du Net afin d'animer une matinée d'ateliers en lien avec la création ainsi que la vérification des informations et des fake news. Retour sur ce temps de formation qui s'est tenu au laboratoire des usages numériques de Nantes.

Une matinée autour des fake news et de la vérification de l’information pour les Promeneurs du Net

29 Avr 2019

Le 25 avril 2019, Fragil intervenait auprès d'une trentaine de Promeneurs du Net afin d'animer une matinée d'ateliers en lien avec la création ainsi que la vérification des informations et des fake news. Retour sur ce temps de formation qui s'est tenu au laboratoire des usages numériques de Nantes.

Sollicitée par le CRIJ – Centre Régional Information Jeunesse des Pays de la Loire – l’association Fragil est intervenue pendant 3 heures lors d’une journée de formation destinée aux animateurs et animatrices rejoignant le dispositif Promeneurs du Net. Ce dispositif importé de Suède et soutenu par les CAF et leurs partenaires, permet aux personnes professionnelles de la jeunesse de prolonger leur « présence éducative sur Internet » en se rendant visibles et disponibles sur les réseaux sociaux. Le partage d’informations non-vérifiées étant au cœur des problématiques qui peuvent être traitées par les Promeneurs du Net lors de leurs échanges avec leur public, il est essentiel pour le CRIJ de proposer un temps de sensibilisation et de réflexion sur ce sujet aux animateurs et animatrices rejoignant le dispositif.

Ce jeudi 25 avril, François-Xavier Josset et Romane Tirel, respectivement salarié et volontaire en service civique de l’association d’éducation aux médias Fragil, sont donc intervenus auprès de 30 professionnelles et professionnels de la jeunesse pour animer plusieurs ateliers en lien avec la création des informations et les manières de les vérifier.

Un brise-glace autour des fake news

Afin de lancer la journée et de mettre les stagiaires dans une posture d’échange, un petit jeu de présentation a été proposé. Chaque participant et participante devait énoncer deux vérités et un mensonge pour se présenter à son binôme. Dès que deux stagiaires avait deviné leurs mensonges respectifs, ils reformaient un nouveau binôme avec d’autres personnes et ainsi de suite. Ces 15 minutes d’échanges, pendant lesquelles les rires ont été nombreux, ont permis de lancer la dynamique de réflexion autour de la vérification des fake news.

Initiation à l’écriture journalistique

Avant de questionner la création des fake news, les stagiaires ont été invités à se mettre à la place de journalistes pour produire une information. En répondant aux six questions basiques du journalisme – qui, quoi, quand, où, comment, pourquoi – à propos d’un geste effectué par l’animateur, puis en écrivant un petit texte de quelques phrases reprenant ces réponses , chacun et chacune a pu être confronté à la difficulté de ne traiter que des faits dans son article. Et même si une participante a eu l’idée de poser quelques questions à l’animateur, notamment pour savoir « pourquoi », rares sont ceux et celles qui se sont servis des réponses données par celui-ci. Après une mise en commun des  textes produits en petits groupes, les stagiaires ont pu prendre la mesure des risques liés à l’interprétation du journaliste, de l’importance de poser des questions pour obtenir des réponses et des différents degrés de précision d’une information.

Autour du mot : Fake News

En demi-groupe, les Promeneurs du Net ont pu réfléchir à une définition du terme « Fake News » via le jeu « Autour du mot ». Cet outil, simple à mettre en place puisqu’il ne nécessite qu’un tableau et quelques feutres ou en l’occurrence ce jeudi un écran tactile, permet à un groupe de prendre la parole autour d’un terme. Pour les deux groupes de stagiaires le mot qui est le plus revenu était « manipulation », un terme qui « résume » selon eux la motivation de la créaton d’une fake news.  Afin de compléter cette définition commune, le débat s’est poursuivi par un questionnement autour des raisons qui poussent les créations de fake news ainsi que de celles qui nous poussent à y croire. Enfin, le temps d’échange s’est terminé sur une proposition de méthode de vérification qui sera mise en pratique lors du dernier temps de la matinée.

L’atelier « Autour du mot : Fake News » animé par Romane Tirel

« Croise tes sources » : un atelier pour questionner le croisement des sources

Réalisé lui aussi en demi-groupe, le jeu « croise tes sources » développé par Fragil permet aux participantes et participants de comprendre l’intérêt du croisement des informations. Plaçant les stagiaires d’abord dans la position de journaliste produisant une information sur un sujet en suivant une ligne éditoriale et un angle, puis dans la position de lecteur ou lectrice essayant de comprendre au mieux ce qu’un article décrit, ce jeu permet de mettre en évidence l’utilité de multiplier les sources d’informations sur un sujet pour en avoir une vision plus complète. Objectif atteint lors des deux sessions de ce jeu pendant cette matinée : les stagiaires ont pu classer les informations récoltées selon leur fiabilité et produire un document de synthèse restituant leur travail de vérification fait en groupe. Suivi d’un petit temps d’échanges, les stagiaires ont pu réfléchir aux notions de ligne éditoriales, d’objectivité et d’honnêteté journalistique.

Croisement des information en groupe lors du jeu « croise tes sources »

Un jeu d’enquête pour vérifier les informations

La matinée de formation s’est clôturée sur une mise en pratique de vérification de l’information. En binôme les stagiaires ont dû enquêter sur une information douteuse préalablement identifiée par Fragil. « En Finlande, c’est le Premier ministre qui pilote son avion« , « Kylian Mbappé a été flashé à 37 km/h lors du match France-Argentine ! » ou encore « Jugé dangereux, le jeu de boules bientôt encadré« , tels étaient les titres de certaines informations sur lesquelles les binômes devaient enquêter en suivant une méthodologie proposée par l’association : questionner son ressenti, questionner la fiabilité du média, questionner l’authenticité de l’illustration, croiser l’information avec des articles traitant du même sujet. En moins de 30 minutes, les groupes ont pu enquêter et proposer une conclusion sur la fiabilité de l’information.

Ce temps de formation a permis aux participants et participantes de se questionner sur leur rapport au journalisme ainsi qu’à la création et l’utilisation des fake news. Gageons que ces ateliers permettrons aux Promeneurs du Net de s’outiller pour répondre au mieux aux interrogations de leur public vis à vis de ces problématiques.

Exposition Romain le Badezet

Papooz, vague d’exotisme à Stéréolux

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017