25 avril 2019

« Croise tes sources » : un jeu pour comprendre l’intérêt du croisement des sources

Dans le cadre de ses ateliers d'éducation aux médias et aux pratiques numériques, Fragil développe des outils permettant de définir ou d'aborder certaines notions parfois abstraites pour les participants et participants. Nous vous proposons ici un petit jeu permettant d'aborder l'intérêt du croisement des sources.

« Croise tes sources » : un jeu pour comprendre l’intérêt du croisement des sources

25 Avr 2019

Dans le cadre de ses ateliers d'éducation aux médias et aux pratiques numériques, Fragil développe des outils permettant de définir ou d'aborder certaines notions parfois abstraites pour les participants et participants. Nous vous proposons ici un petit jeu permettant d'aborder l'intérêt du croisement des sources.

Pour un groupe de 6 à 20, ce jeu vous permettra en 45 minutes d’aborder différentes notions liées au recoupement des informations.

Matériel :

  • 2 feuilles « Faits »
  • 4 sets de 5 angles journalistiques différents
  • Stylos et brouillons pour les participantes et participants

Préparation :

Avant l’atelier, imprimez les feuilles « Faits » (à télécharger ici) ainsi que les 4 sets d’angles journalistiques (à télécharger ici) avant de les découper.

Découpez les 4 sets d’angles

Mise en place :

1 / Divisez le groupe en deux groupes égaux tant que faire se peut. Les deux groupes ainsi créés seront placés chacun autour d’une table, assez éloignés l’un de l’autre pour qu’ils ne puissent pas communiquer aisément.

2 / Dans chaque groupe, prenez 2 set de 5 angles journalistiques et distribuez à chaque participant et participante au moins un angle. S’il y a moins de 10 personne dans le groupe, distribuez le reste de manière à ce que personne n’ait deux angles similaires devant lui. Si des personnes ont plus d’angles que d’autres à la fin de la distribution, ce n’est pas grave.

3 / Expliquez aux groupes que vous allez leur montrer une feuille représentant des faits et que chaque personne devra produire une information sur une feuille de brouillon répondant prioritairement à l’angle (ou aux angles) qu’elle a reçu. Ne précisez pas « écrire » ou dessiner », chacun et chacune pouvant produire l’information comme elle ou il le désire.

4 / Montrez à chaque groupe la feuille « Faits » qui leur est destinée. Laissez les produire leur information pendant 3 minutes.

Exemple de feuille « Faits »

5 / Une fois l’information produite, mettez de côté les feuilles « Faits ». Ramassez ensuite les informations produites dans chaque groupe pour les distribuer à chaque personne de l’autre groupe.

6 / Pendant 2 minutes, demandez aux participantes et participants d’essayer de reproduire sur une nouvelle feuille de brouillon les faits décrits dans l’article qu’ils ont reçu.

7 / Questionnez les participantes et participants

  • Avez-vous reproduit les mêmes faits que les autres personnes de votre groupe ? Pourquoi ?
    • > peut être que la compréhension n’est pas la même entre chaque lecteur…
    • > peut-être que le journaliste s’est trompé dans la restitution des faits …
  • Avez-vous le sentiment d’avoir une vision complète des faits ? Pourquoi ?
    • > les informations distribuées traitaient des mêmes faits mais sous des angles différents, vous pouvez évoquer la notion de ligne éditoriale
  • Comment peut-on procéder pour avoir une vision plus complète des faits ?
    • > amenez les à avoir l’idée de comparer les articles pour vérifier et compléter leur vision

8 / Demandez aux participantes et participants de mettre leurs informations en commun et de les vérifier au mieux. On peut totalement laisser les participantes et participants poser des questions aux personnes de l’autre groupe, sans toutefois jamais les laisser regarder les feuilles « Faits ».

Croisement des informations en groupe

9 / Demandez désormais aux participantes et participants d’essayer de reproduire sur une nouvelle feuille de brouillon le résultat de leur vérification.

10 / Invitez un ou une porte-parole à présenter le dessin réaliser en groupe, lister les éléments définis comme sûrs, moins sûrs, pas sûrs et à évoquer la méthode qui a permis d’arriver à ce résultat.

11 / Comparez les dessins réalisés avec les feuilles « Faits »

Comparaison des « Faits » et des informations croisées en groupe. En haut à droite, un schéma issu de la lecture d’un seul article, en haut à gauche, le résultat des croisements d’informations, beaucoup plus en accord avec les « Faits » au centre en haut

12 / Questionnez les participantes et participants

  • À quoi a servi la mise en commun ?
    • > vérifier les informations en les recoupant : 2 articles relatant les mêmes faits permettent de consolider la fiabilité d’une information
    • > classer les informations définies comme fiables et moins fiables
    • > obtenir une vision d’ensemble sur un sujet : en lisant un seul article, nous n’avions qu’un seul point de vue, certains éléments n’étaient pas évoqués car ils n’étaient pas en lien avec l’angle du journaliste, ou la ligne éditoriale du journal.
  • Peut-on restituer la totalité des faits ?
    • > en fonction de l’angle choisi, on pourra avoir plus ou moins de précision sur un sujet
    • > il y aura toujours des informations manquantes dans un article car définies comme non-nécessaires par le journaliste : taux d’humidité de la pièce, grammage du papier, nuance de la couleur, taille au micron près d’une étoile…

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017