13 mars 2025

Un abri qui sauve des vies, une solution contre les violences domestiques à Nantes

Depuis l’ouverture de son antenne en région Pays de la Loire à la fin du mois de décembre 2024, l’association Un abri qui sauve des vies s’est rapidement mobilisée à l’aide de son modèle d’hébergement citoyen pour venir en aide aux victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans la métropole nantaise.

Un abri qui sauve des vies, une solution contre les violences domestiques à Nantes

13 Mar 2025

Depuis l’ouverture de son antenne en région Pays de la Loire à la fin du mois de décembre 2024, l’association Un abri qui sauve des vies s’est rapidement mobilisée à l’aide de son modèle d’hébergement citoyen pour venir en aide aux victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans la métropole nantaise.

« Je bosse pour un modèle auquel je crois », affirme Harmony Brulon, bénévole de Cholet et coordinatrice d’aide aux victimes de la nouvelle antenne Pays de la Loire d’Un abri qui sauve des vies. Forte de son expérience dans le secteur médico-social, elle orchestre l’action des bénévoles terrain qui accompagnent les victimes au quotidien. En réponse à la saturation des dispositifs d’urgence traditionnels, l’association propose une alternative innovante : un réseau d’hébergement citoyen pour offrir un refuge sûr et bienveillant.

Harmony Brulon, coordinatrice bénévole d’aide aux victimes pour la région Pays de la Loire de l’association Un abri qui sauve des vies, est à Nantes.

Un projet florissant né de l’initiative de quatre étudiant·e·s

L’association Un abri qui sauve des vies trouve son origine dans l’idée novatrice de quatre étudiant·e·s s’inspirant du modèle solidaire mis en place lors du premier confinement, où des particuliers hébergeaient du personnel soignant. En 2020, le groupe a donc lancé ce projet ambitieux avec une première antenne parisienne. Le modèle repose depuis sur l’aide d’« abritant » offrant un hébergement d’urgence et temporaire aux victimes de violences. L’accompagnement est cependant assuré par des bénévoles locaux recrutés par l’association et chargés d’orienter les victimes vers les acteur·rice·s compétent·e·s en fonction de leurs besoins juridiques, sociaux, psychologiques ou médicaux.

 

Le déploiement de l’antenne dans la région se fait en collaboration avec les acteurs clés nantais

Un abri qui sauve des vies n’est pas là pour remplacer mais pour prendre le relais si jamais les dispositifs existants locaux sont saturés mais à l’inverse, connaissant bien leur territoire, ils peuvent être également le relais d’urgence d’Harmony, la coordinatrice d’aide aux victimes de la région, pour aider les victimes qu’elle a en charge. La coordinatrice a depuis collaboré avec Citad’elles qui « ne pouvait pas répondre à la prise en charge d’une victime » pour du long terme, explique-t-elle. Elle a également eu l’occasion d’échanger pour la prise en charge d’une victime avec l’association Trajet, située à Rezé, qui est un centre d’hébergement d’urgence parmi ses nombreuses missions. En dehors des associations compétentes, d’autres acteur·rice·s comme le centre nantais d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) a été un interlocuteur clé pour orienter des victimes de l’association en cas de besoin de conseil juridique. Depuis l’ouverture de l’antenne Pays de la Loire qui remonte seulement à décembre, celle-ci doit encore se développer en termes de visibilité « pour avoir assez d’abritants et un réseau assez développé d’acteurs sur le terrain », explique Harmony.

 

Un « abri » d’urgence pour une situation d’urgence

Selon la coordinatrice, « l’idée, en proposant une solution d’urgence de courte durée — en moyenne 13 jours chez un abritant — est de pouvoir accélérer l’accès à un logement pérenne pour la victime », précise-t-elle. Il peut y avoir plusieurs abris selon la disponibilité des abritant·e·s ou encore de la situation de « l’abrité » qui doit être considéré comme tel par l’abritant·e pour ne pas interférer sur le travail des bénévoles. Sonia Delaunay, bénévole coordinatrice chargée des abritant·e·s de l’association, a notamment suivi l’hébergement proposé par Timothée et sa conjointe, un couple d’abritant nantais, qui a accueilli pour la première fois en décembre 2024 une abritée et ses deux chiens pendant 3 jours. Motivé par une volonté d’aider les victimes de violence, il considère que proposer un abri était « le minimum » qu’il pouvait faire, « ne se sentant pas capable d’être bénévole ou conseiller » comme le reste de l’équipe. Bien que l’expérience ait été moralement « fatigante » de partager son espace intime, ne lui permettant pas d’accueillir un·e abrité·e plus longtemps, Timothée en garde une bonne expérience, ce qui reflète le retour général des abritant·e·s, selon Harmony. En effet, il insiste sur le fait que l’association « veille à ne pas épuiser ses abritants » en respectant les règles d’hébergement fixées avec l’abritant·e. De plus, cette initiative a été une réussite pour l’abritée qui a pu trouver une situation stable à la suite de cet hébergement. Selon Harmony, le modèle d’Un abri qui sauve des vies réduit à moins de 1 % le taux de victimes retournant au domicile violent, contre une moyenne de 7 allers-retours habituellement.

Photographie des mains de l’abritant nantais, Timothée, qui ne souhaite pas être reconnu.

Une projection territoriale en cours

L’ouverture de l’antenne en région Pays de la Loire s’inscrit dans un projet audacieux de l’équipe qui s’est fixée comme objectif « d’ouvrir trois antennes régionales par an, hors trans-métropolitaine et Corse, d’ici les prochaines élections présidentielles de 2027 », confie Harmony. L’association prévoit de continuer à étendre son projet d’hébergement citoyen avec de nouvelles antennes, comme celle récemment ouverte en Normandie le 27 février, et une autre prévue pour avril en Bretagne.

Sur le site Un abri qui sauve des vies, vous trouverez plusieurs services disponibles :

Vivant dans plusieurs villes à la fois, Amélie est tombée cet été sous le charme de Nantes, qu’elle apprécie pour ses lieux culturels parfois insoupçonnés.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017