18 juin 2025

Thibault Dumas, nouveau rédacteur en chef de Médiacités à Nantes

Après huit ans de collaboration avec Médiacités, Thibault Dumas succède à Anthony Torzec à la tête de la rédaction nantaise du média d’enquêtes locales.

Thibault Dumas, nouveau rédacteur en chef de Médiacités à Nantes

18 Juin 2025

Après huit ans de collaboration avec Médiacités, Thibault Dumas succède à Anthony Torzec à la tête de la rédaction nantaise du média d’enquêtes locales.

« Je me situe simplement dans la continuité d’un travail collectif », résume Thibault Dumas, tout juste nommé rédacteur en chef de l’antenne nantaise de Médiacités. Collaborateur de la première heure, il a rejoint le média dès son lancement, en juillet 2016, tout en étant correspondant pour Le Figaro. Il travaille désormais à plein temps pour Médiacités. « C’était la suite logique que je devienne rédacteur en chef. ».

Cette nomination s’inscrit dans un passage de relais anticipé. Benjamin Peyrel, aujourd’hui directeur des rédactions à Paris, avait inauguré la rédaction en chef nantaise pendant près de six ans, suivi d’Anthony Torzec durant deux ans. « Benjamin est toujours chez Médiacités, Anthony n’est pas très très loin. On ajoute la petite pierre à la construction d’un média d’enquête locale, de contre-pouvoir, qui sort des informations d’intérêt public. ».

Une dynamique renforcée

Fidèle à son ADN, Médiacités continuera à produire une enquête par semaine, dans une logique de contre-pouvoir local. « Tous les médias peuvent faire de l’investigation, mais chez nous, chaque semaine, on sort une enquête. ». Une régularité qui, selon lui, distingue Médiacités des grands titres régionaux.

Le rôle de rédacteur en chef implique toutefois une nouvelle posture : « Coordonner une équipe, c’est un peu différent que d’être reporter. ». À Nantes, l’ancien pigiste dirige une petite équipe composée de lui et d’un autre permanent. Une équipe qui s’étoffera bientôt d’une troisième personne, avec un recrutement en cours, tout en continuant de s’appuyer sur une vingtaine de pigistes. À l’échelle nationale, Médiacités repose sur une vingtaine de journalistes permanent·es et plus d’une centaine de pigistes réparti·es dans les quatre villes couvertes : Nantes, Lille, Lyon et Toulouse.

Thibault Dumas, nouveau rédacteur en chef de Médiacités Nantes © Caroline Cornu pour Fragil

Cap sur les prochains rendez-vous politiques

L’actualité politique locale guide aussi les ambitions éditoriales. Le nouveau rédacteur en chef compte consolider la couverture des élections municipales de 2026 : « C’est dans huit mois. La dernière campagne, en 2020, a été estropiée par le Covid. Cette fois, il y aura un vrai débat. » À Nantes, Johanna Rolland, maire sortante et cheffe de la coalition rose-rouge-verte au pouvoir depuis 36 ans, brigue un troisième mandat. « Il y a de quoi enquêter !».

Pour accompagner cette séquence électorale, Médiacités mise notamment sur Radar, un outil de suivi des promesses électorales des maires. À Nantes, il compile plusieurs centaines d’engagements de Johanna Rolland. « On peut voir, promesse par promesse, si elle a été tenue, non tenue, ou en cours. »

Sans délaisser les institutions politiques, Thibault Dumas veut aussi maintenir l’attention sur d’autres formes de pouvoir : économique, associatif, institutionnel. « On a toujours eu une appétence pour ces sujets à Médiacités. » L’ancrage local s’étend au-delà de Nantes intra-muros, en intégrant des territoires comme Saint-Nazaire ou le Maine-et-Loire.

Du haut de ses 19 ans, Anouck Fily est passé par Paris, les Emirats Arabes Unis et Nantes. Elle adore la cuisine, le tennis et la BD mais surtout le journalisme. Anouck effectue actuellement une licence information-communication dans l'objectif d'être plus tard journaliste.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017