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9 décembre 2016

Sea of Minds et Bar-bars : la partie émergente

Dans le cadre de la 15ème édition du festival de culture musicale Bar-bars, Fragil a rencontré le quatuor Sea of Minds, ainsi que Tilou, membre de l’association ATAC Smile for Muzik. Rencontre avec ces acteurs de la scène musicale nantaise.

Sea of Minds et Bar-bars : la partie émergente

09 Déc 2016

Dans le cadre de la 15ème édition du festival de culture musicale Bar-bars, Fragil a rencontré le quatuor Sea of Minds, ainsi que Tilou, membre de l’association ATAC Smile for Muzik. Rencontre avec ces acteurs de la scène musicale nantaise.

Dans le cadre du festival de culture musicale Bar-bars s’étant déroulé du 24 au 26 novembre à Nantes, Fragil a rencontré Tilou de l’association culturelle nantaise ATAC Smile for muzik, ainsi que ses chouchous, Sea of Minds, groupe de rock semi-professionnel de la scène nantaise qui se produisait au Bureau. L’occasion pour ce quatuor de revenir sur son parcours, sur la sortie de son dernier album, mais aussi de croiser les ressentis de chacun sur l’état actuel de la culture musicale nantaise et les opportunités qui existent pour les groupes locaux émergents. L’association ATAC Smile For Muzik a été créée il y a un an par cinq copines passionnées de musique. L’envie de créer une véritable association de mise en relation entre des artistes confirmés et des groupes émergents de la scène musicale nantaise est née suite à un constat : les groupes travaillent souvent chacun de leur côté et peu de structures offrent du lien entre les musiciens.

Fragil : ATAC Smile For Muzik, qu’est ce que vous avez de plus à offrir ? Quelle est votre valeur ajoutée dans cette « jungle » musicale?

Tilou : Chacune des membres de l’association, de par nos sensibilités musicales, possède une bonne connaissance des bars nantais. Pour ma part, je suis plus axée rock, alors qu’une autre des filles s’intéresse plus au jazz. A nous cinq, nous dressons un panel assez diversifié de la culture musicale nantaise. Chacune a sa propre spécificité en terme de style musical et est à même d’offrir un conseil avisé pour les musiciens émergents en fonction de leur intérêt. Notre culture de la vie nocturne nantaise nous permet d’aiguiller au mieux les musiciens locaux et de les mettre en contact avec des artistes référents de la scène nantaise et des personnalités locales (Elmer Food Beat, David Darricarrère…).

Fragil : Les Sea of Minds vous vous définissez comme un groupe rock. Mais avec des influences diverses telles que Led Zeppelin, Pink Floyd, Muse, Björk, Jeff Buckley… vos inspirations sont plutôt hétéroclites. Comment définiriez-vous votre style plus en détails ?

(petit moment de réflexion puis chacun prend la parole)

Gwen (guitare, paroles et chœurs) : Mes influences sont principalement rock et blues même si elles restent aussi tournées vers le classique, mes premières bases. On ressent bien évidemment cela dans les morceaux !

Bastien (chant) : J’ai rejoint le groupe quelques années après sa création, en 2013. Pour ma part, mes influences sont aussi plutôt tournées rock et brit pop, avec des groupes-référence tels que Blur, Oasis, Muse, Queen…

Matthieu (claviers) : Mes influences sont plutôt electro (Daft Punk), et techno. Plus tard, je me suis réorienté vers le rock et plus particulièrement à tout ce qui correspond au rock des années 70. Grâce aux autres membres de Sea of minds, j’ai découvert des groupes mythiques tels que Led Zeppelin, Deep Purple…

Sylvain (batterie) : Grand fan des musiques des années 70, j’affectionne tout ce qui est en relation avec le rock progressif. Depuis quelques temps, je m’intéresse aussi à la pop rock, au funk, au jazz et à l’electro. Je puise mon inspiration dans pas mal de styles à vrai dire.

C’est comme si il y avait plusieurs tiroirs dans notre musique et c’est tout cela qui lui donne cette spécificité progressive

Tous : Avec une base rock et des influences plutôt diverses on se définit réellement comme un groupe de rock progressif ! On cherche notamment à faire des compositions qui sortent de l’ordinaire. Par exemple en ne faisant pas que des morceaux en quatre temps ou en binaire, on essaye au maximum de mélanger les différents temps dans une chanson. Les structures des morceaux aussi ont toutes leur importance…En effet, on ajoute aux refrains des pré-refrains, plusieurs solos différents, c’est comme s’l y avait plusieurs tiroirs dans notre musique et c’est tout cela qui lui donne cette spécificité progressive.

Fragil : Vous venez de sortir un nouvel opus, Sleeping Stroke, en octobre dernier, quels sont les moyens mis en place et dont vous avez bénéficiés pour enregistrer l’album (subventions, accompagnement, investissement personnel) ?

Sea of Minds : On s’est entièrement débrouillés par nous-mêmes. L’accompagnement étant quasiment inexistant, le groupe s’est auto-financé. On n’a pas demandé à ce que les gens participent à notre projet, on préférait faire notre album et que notre public adhère après en achetant le Cd.  Il a été produit puis masterisé par une boîte nantaise (Masterlab). Le but de sa création est de faire vivre l’association et de diffuser notre musique. Le CD reste un très bon moyen pour cela!

Fragil : Le groupe a 10 ans (créé en 2006, ndlr), quels sont les projets réalisés depuis la création ?

Sans télé, téléphone, appareils, dans une maison « un peu hantée », le travail a porté ses fruits car on a créé pas moins de 8 chansons en une semaine, soit 70% de l’album

Sea of Minds : C’est surtout le nom du groupe qui a 10 ans ! La formule définitive, elle, a 3 ans. Depuis la création, on a réalisé beaucoup de concerts. On a aussi conçu un premier album en 2011, avant l’arrivée de Bastien, le chanteur actuel. Au début les compositions prenaient forme pendant les répétitions, Gwen composait les morceaux et on l’accompagnait. On ne peut pas dire qu’il y a avait un réel travail de cohésion à l’époque. Puis un jour, on s’est dit qu’on allait faire un album et que pour cela on allait s’isoler un moment dans une maison en résidence pour enregistrer. Sans télé, téléphone, appareils, dans une maison « un peu hantée ». Le travail a porté ses fruits car on a créé pas moins de 8 chansons en une semaine, soit 70% de l’album. Disons que le premier opus est plutôt un album-concept. On y raconte une histoire… La page blanche du commencement a vite laissé place à une série de morceaux autour d’un thème commun lié au psychodrame.

Fragil : Quels sont les projets à venir ?

Sea of Minds : On participe actuellement à un tremplin qui s’appelle Emergenza (première plateforme de concerts participatifs pour groupes émergents). Le principe est simple. Début janvier, durant 3 jours, plusieurs groupes se produisent sur la Scène Michelet à Nantes. Le public vote pour son groupe favori. Les groupes sélectionnés joueront ensuite au Ferrailleur, puis sur la scène du Bataclan à Paris pour finir à Berlin ! Notre objectif est d’accéder au deuxième tour ! Cette première sélection se passe le samedi 7 janvier 2017 à la Scène Michelet. D’ailleurs, pour cette soirée,on a des places à vendre au prix de 9 euros, elles donnent accès aux trois jours de tremplin.

Fragil : Les Sea of Minds à Bar-bars c’est une première ?

Sea of Minds : Non Bar-bars ce n’est pas la première fois. On a déjà joué pour ce festival… notamment lors des deux-trois premières éditions, dont l’une avait déjà lieu dans ce bar… On a plus souvent participé à Bar-bars qu’à la fête de la musique.

L’ambiance faussement british correspond très bien à notre style de musique et à nos tenues de scène. C’est un reflet de notre univers !

Fragil : D’ailleurs pourquoi ce bar-là plutôt qu’un autre ?

Sea of Minds : Tout simplement parce qu’ils nous aiment bien et cela est réciproque. On y est toujours bien accueillis, ils ne nous pressent pas à la fin du concert pour plier le matos, on a plus le temps, on s’y sent comme chez nous ! La déco aussi est cool …L’ambiance faussement british correspond très bien à notre style de musique et à nos tenues de scène. C’est un reflet de notre univers !

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Les Sea of Minds et l'ambiance British du bar le Bureau

Séverine Garcenot

Fragil : Que signifie pour vous Bar-bars ?

On peut comparer le festival au « beaujolais nouveau ». C’est en quelque sorte « l’alter ego » de la fête de la musique l’été

Sea Of Minds : On peut comparer le festival au Beaujolais nouveau ! Jouer dans les bars à Nantes, ce n’est pas évident, alors le festival offre une véritable opportunité. Par rapport au voisinage, la musique dans les bars n’est pas toujours acceptée et à l’occasion du festival cela passe beaucoup mieux. Bar-bars c’est avant tout le rendez-vous incontournable sur trois jours entre amateurs de musique et musiciens, on aime bien le faire et y participer aussi. C’est en quelque sorte l’alter ego de la Fête de la Musique l’été. C’est un autre rendez-vous musical dans l’année, une sorte de pèlerinage en mieux cadré et aussi de meilleure qualité. Les bars sélectionnent en amont les groupes qu’ils souhaitent voir venir jouer chez eux. Cela met l’ambiance dans leurs antres ! Pour les bistrots moins connus, c’est aussi l’occasion de leur apporter du monde et de les faire connaître.

Tilou : Pour moi, c’est une initiative magique ! C’est un vivier regorgeant de nouveaux talents et cela apporte beaucoup de monde dans les café-concerts.

Fragil : Quelle(s) démarche(s) sont à effectuer pour participer au festival ?

Sea of Minds : Il faut démarcher les bars, leur faire écouter les maquettes afin de se faire connaître. Échanger des liens par mail, Facebook… Les bars peuvent aussi contacter les groupes, les deux se font. En effet, ils peuvent refaire appel aux groupes qu’ils connaissent ou qu’ils ont déjà entendus. Cela dépend vraiment de la renommée du groupe… Quand personne ne te connaît, c’est plus compliqué.

Fragil : En règle générale, combien de temps à l’avance faut-il s’y prendre pour participer au festival ?

Sea of Minds : Pour pouvoir jouer au Bureau dans le cadre de Bar-bars, on s’y est pris au début de l’été. Comme la plupart des festivals, il faut s’y prendre au minimum 6 mois à l’avance. Il y a un programme qui est imprimé donc toute la programmation doit être bouclée pour début septembre maximum.

Fragil : Que recherchez-vous en participant à des concerts ?

Sea of Minds : Au début, on cherchait à devenir professionnels. Mais on a tellement rencontré de difficultés pour démarcher et se faire connaître que finalement on a décidé de rester amateurs, « semi -professionnels » en l’occurrence ! C’est si difficile de vivre de sa musique, il est plus simple de considérer cela comme une activité en parallèle ! « Semi-professionnel » signifie que l’on réalise des concerts, des ventes de CD, on fait marcher notre association. On réalise des bénéfices qui servent à être réintroduits dans les projets.

Pour s’ouvrir des portes, la réalité est qu’il y a beaucoup de temps à passer dans le démarchage

Fragil : Que pensez-vous des tremplins pour les festivals tels que la Nuit de l’Erdre ?

Sea of Minds : On aimerait volontiers y participer mais c’est quelque chose de très difficile à atteindre car il y a énormément de participants ! Ils ne nous connaissent pas forcément et sur n’importe quel festival, quand on n’est pas très connus, c’est très compliqué d’y accéder. Là on vient de s’inscrire à un tremplin Ricard où l’on est, je crois, 1600 groupes ! C’est bien, on est dans le premier quart pour le moment (495ème). Pour ce genre de festival il y a tout un dossier à remplir. Cela leur permet de faire une présélection. En règle générale ils demandent qu’on leur envoie 3 morceaux pour qu’ils puissent se faire une idée. Ils attendent une description du groupe aussi, ainsi qu’un book.
Sincèrement, ce qui intéresse les festivals c’est surtout d’imaginer combien de personnes cela peut leur apporter. Entre un petit groupe qui a 4/5 « j’aime » sur Facebook et un autre qui en a plus de 5000, l’intérêt ne sera pas le même pour les programmateurs ! C’est vrai que ce n’est pas l’idée première qu’on se fait de la musique. La notoriété du groupe joue beaucoup aussi… Les organisateurs ne vont pas chercher directement les groupes. Partout où on passe il y a beaucoup de musiciens qui apprécient notre musique, ils nous disent : « Pourquoi vous jouez là, pourquoi vous jouez pas là etc ». Pour s’ouvrir des portes, la réalité est qu’il y a beaucoup de temps à passer dans le démarchage. Cela nécessite d’avoir une personne dédiée à plein temps pour s’occuper de cela. Nous ne sommes pas des commerciaux, on a du mal à vendre notre musique, on n’est pas objectifs par rapport à ce que l’on fait et on n’arrive pas forcément à se situer par rapport aux autres groupes.

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Séverine Garcenot

Fragil : Nantes est une ville qui bouge beaucoup culturellement parlant depuis ces dernières années. Qu’est ce que cela apporte concrètement aux groupes de musique locaux émergents ? Que pensez-vous des initiatives menées par la ville ?

Tilou : La ville propose une véritable vitrine et de vraies opportunités pour les musiciens nantais. De réelles initiatives sont mises en place afin de créer les conditions idéales pour une vie nocturne respectueuse de ses riverains. Il y a notamment le collectif nantais Equinoxe (collectif des usagers de la nuit, ndlr) qui œuvre pour donner une image plus positive du milieu de la nuit. Des élus s’investissent aussi ! On a des contacts privilégiés avec des adjoints au maire qui facilitent la continuité de la vie nocturne nantaise.

Sea of Minds : On voit malheureusement peu de différence. Même le Hangar à Bananes qui a été créé pour arrêter les nuisances sonores en plein centre-ville n’est pas accessible pour des groupes amateurs ! Certains bars tel que le Ferrailleur proposent une jolie programmation. Malheureusement, pour pouvoir jouer là-bas, il faut montrer patte blanche. Il faut payer. Finalement, toutes les initiatives mises en place depuis quelques temps ne vont pas dans le sens forcément des musiciens ! On a été frapper à la porte de Trempolino (le lieu ressource nantais pour les musiques actuelles et le spectacle vivant, ndlr) aussi mais celles-ci sont restées closes. Les rendez-vous se succèdent mais donnent rarement suite. En règle générale, il faut tout le temps aller de l’avant dans un univers où on n’a pas vraiment l’impression d’être aidés. A contrario, certaines associations nantaises, comme Atac Smile for muzik, apportent réellement une aide aux artistes. Heureusement, plein de gens nous encouragent et certains bars-clé (Le Bureau, Le Baroque) nous font confiance et nous proposent de venir jouer régulièrement.

Fragil : Le festival Bar-bars en province permet de mettre à l’honneur des groupes locaux… Concernant la scène nantaise, qui sont vos coups de cœur ?

Sea of Minds  (à l’unisson) : Dove Eats Hawk… (rire général) ! Il ne faut pas le dire mais le batteur du groupe, c’est le même que chez nous, n’est ce pas Sylvain ? Le groupe joue d’ailleurs demain à Bar-bars et propose des reprises rock des années 70 (Deep Purple, Led Zeppelin, Pink Floyd) alors bien sûr on est fans ! Dans un autre style, il y a Cachemire aussi (tiens c’est le titre d’une chanson de Led Zep aussi,ndlr) qui fait partie du rock indé nantais. On vient de rencontrer le groupe Soon aussi qui nous a beaucoup plu !

Tilou : Pour moi, indéniablement les Sea of Minds (rires) que j’ai découverts par hasard lors d’un concert tremplin au Bureau « Le Bureau part en live » où j’étais jury. J’aime beaucoup aussi Babakar qui propose une musique festive digne de Tryo, et Ginger un groupe de rock lillois.

Fragil : Attendez-vous un retour particulier suite à votre participation à l’événement Bar-bars ?

Grâce au festival, des gens qui ne sortent pas habituellement en concert ou dans les bars le font à cette occasion ce qui permet de toucher une cible qu’on n’aurait pas habituellement lors de nos concerts

Sea of Minds : Honnêtement, on n’attend pas un retour particulier, pour nous c’est avant tout l’occasion de jouer ! Peut-être que cela va nous apporter de nouvelles personnes qui ne connaissent pas notre musique et qui vont y adhérer… En effet, grâce au festival, des gens qui ne sortent pas habituellement en concert ou dans les bars le font à cette occasion, ce qui permet de toucher une cible qu’on n’aurait pas habituellement lors de nos concerts. En quelque sorte, l’événement peut nous apporter un public différent . La programmation est en consultation sur internet et en version papier un peu partout dans Nantes, ce qui apporte aussi en matière de communication. Même s’il est avant tout question d’amusement, on espère toujours qu’il y ait dans le public une personne-clé. On en a eu déjà deux ou trois comme cela. Mais ces contacts n’ont finalement rien donné, car souvent c’est du pipeau ! On perçoit aussi un cachet pour la participation à Bar-bars ce qui n’est pas négligeable pour faire fonctionner l’association. Cela rembourse les frais qu’on engendre pour venir, pour la location du matériel de sonorisation aussi. Tout ce qu’on a gagné depuis une dizaine d’années qu’on joue ensemble est moindre comparé aux frais réels engagés… Cela nous a surtout permis d’investir dans notre propre matériel.

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Tilou de l'association Atac Smile for muzik et Les Sea of Minds

Pauline Reuche

Fragil : Est-ce possible de vivre de sa musique aujourd’hui et quels sont les conseils que vous donneriez pour cela à un groupe de musique émergent souhaitant se professionnaliser ?

Sea of Minds : En premier lieu, être surtout bien entouré ! On conseille aussi d’avoir un manager et beaucoup de temps à consacrer à sa passion. Pour nous la musique c’est seulement 30% de la réussite d’un groupe, les 70% restants, c’est tout ce qui gravite autour. Les réseaux sociaux sont aussi très importants : si nous n’étions pas sur Facebook, on serait presque ringards.

Gwen : Je ne supporte pas Facebook, mais il est vrai que pour la promotion d’un groupe c’est un outil indispensable. Là on a 1000 followers et dès qu’on annonce un événement les 1000 sont au courant tout de suite !

Tilou : Il est très difficile de vivre de sa musique à l’heure actuelle. Il y a beaucoup de bons groupes mais ce ne sont pas forcément les meilleurs qui réussissent ! Hormis certains groupes-phare tels que Boulevard des Airs que j’affectionne tout particulièrement, il faut généralement être très communiquant et s’inclure dans un véritable réseau pour réussir. L’idéal serait d’avoir quelqu’un qui se déplace en province pour dénicher les jeunes talents dans les café-concerts, une sorte de major !

Fragil : Bar-bars, c’est aussi vendredi et samedi. Des envies particulières de groupes à aller voir sur ces deux prochains jours?

Sea of Minds (tous en chœur) : Le groupe de Sylvain, Cachemire et The Stetsons.

Saïd Bouftass : de l’esthétisme au combat sociétal

JP Supermanova

Guide touristique de métier et amoureuse inconditionnelle des mots, Pauline aime raconter des histoires. Chaque paysage, chaque lieu, chaque rencontre est pour elle source d’inspiration. Aventurière dans l’âme, une autre passion l’anime et la suit en voyage… le dessin ! Tel l’inséparable compagnon, son carnet de croquis vit au travers de ses aventures…

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017