27 février 2019

Radio Elvis en concert à Stéréolux

Après « Les Conquêtes », son premier album couronné de succès, le groupe Radio Elvis était attendu au tournant. Dans leur nouvel opus « Ces garçons-là » font fi des images sublimées, des métaphores qui faisaient la richesse de leur répertoire pour une musique plus électro-pop au discours direct, intime, sombre parfois. Fragil était au Stéréolux mercredi 6 février pour leur concert qui affichait complet.

Radio Elvis en concert à Stéréolux

27 Fév 2019

Après « Les Conquêtes », son premier album couronné de succès, le groupe Radio Elvis était attendu au tournant. Dans leur nouvel opus « Ces garçons-là » font fi des images sublimées, des métaphores qui faisaient la richesse de leur répertoire pour une musique plus électro-pop au discours direct, intime, sombre parfois. Fragil était au Stéréolux mercredi 6 février pour leur concert qui affichait complet.

C’est en 2016 que ces trois garçons dans le vent faisaient leur apparition sur la scène musicale française. Classés comme les dandys d’un rock littéraire, on leur a rapidement collé l’étiquette des dignes héritiers d’Alain Bashung, c’est dire la pression! Mais c’est avec le panache et le style qui les caractérisent que Radio Elvis a su conquérir la critique et le public avec une victoire de la musique – catégorie « Album révélation» – et une tournée de 250 dates. Loin d’être blasés ou fatigués, ils reviennent nous présenter leur deuxième album « Ces garçons-là » sorti en octobre 2018.

Mercredi 6 février, nous sommes nombreux à les attendre dans la salle Micro du Sétérolux. T-shirt blanc, bombers, Radio Elvis entre en scène. Le look, comme le son et le jeu de lumière nous ramènent dans les années 80. Le clavier est omniprésent, la rythmique saccadée, comme sur « L’éclaireur » ou « New York », titre qui débute ce concert.
Malgré une musique plus pop-électro, la voix de Pierre Guénard est elle, toujours aussi magnétique. Le chanteur/parolier leader du groupe n’a rien perdu de son charisme, au contraire. Il interprète des textes qu’il voulait plus sincères pour cet album de la maturité. « Dans l’écriture, j’avais envie d’être plus direct. Avant, je peignais des tableaux et là j’avais envie de raconter des histoires. J’avais envie de me livrer, j’avais vécu plus de choses que j’avais envie de raconter. » (extrait de l’entretien accordé à Ouest France le 5 février)

Crédit photo CL

Au bout d’une heure de performance, ces garçons-là font tomber leurs vestes. Mais l’ambiance dans la salle peine à se réchauffer. Voyant que le public ne répond pas à ses cris sur « Prières perdues », Pierre Guénard n’hésite pas à plonger dans la fosse pour le chercher, l’incitant à bouger et à reprendre avec lui cet hymne dénonçant l’obscurantisme qui frappa Paris le soir du 13 novembre « Ce qu’ils disent, ce qu’ils disent, ce qu’ils disent est-il vrai ? La colère, la colère, la colère est un dieu » Quand il remonte sur scène, c’est porté par la foule qu’il se dresse fièrement, pari gagné la salle est conquise !

Crédit photo CL

La température va monter encore d’un cran quand le groupe entonne les premières notes de « Au loin les pyramides ».  C’est avec une joie non dissimulée que le public reprend en chœur  les paroles de ce tube, suivi par « Les Moissons » qui a révélé Radio Elvis en 2016.
Requinqués par cette communion avec la salle, les garçons vont s’amuser en reprenant les riffs de guitare des Black Keys pour une adaptation de « Lonely boy », qui devient « Ce garçon seul » en français s’il vous plaît !
Comme une conclusion c’est  » Fini fini fini  » qui va achever cette performance avant un rappel de trois chansons « Nocturama », « Solarium » et bien sûr « 23 minutes », premier single de ce nouvel album.

Si vous les avez manqué, retrouvez Radio Elvis en concert le 28 février à Angers, le 1er mars à Penmarc’h, le 1er avril à Rennes.

o

Alsacienne d'origine, exilée dans le sud après un périple de quelques mois autour du monde, Christelle vient de poser ses valises dans la charmante ville de Nantes. Ciné, musique, expo, elle vous invitera à la suivre dans l'exploration de son nouveau terrain de jeu !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017