7 mars 2025

Laurent Decès : 5 mois à la tête du Stereolux et plein d’ambitions pour la prochaine saison

Inauguré en 2011, le Stereolux accueillait en octobre 2024, Laurent Decès à sa direction. Entre diversification des usages et volonté d'engagements pour la diversité, le nouveau directeur évoque avec Fragil la suite du projet artistique de la structure.

Laurent Decès : 5 mois à la tête du Stereolux et plein d’ambitions pour la prochaine saison

07 Mar 2025

Inauguré en 2011, le Stereolux accueillait en octobre 2024, Laurent Decès à sa direction. Entre diversification des usages et volonté d'engagements pour la diversité, le nouveau directeur évoque avec Fragil la suite du projet artistique de la structure.

Après une décennie sous la direction d’Éric Boistard, le Stereolux voit arriver Laurent Decès en octobre 2024, ancien directeur du Petit Bain à Paris. Pour le moment, son projet s’inscrit toujours dans la continuité des initiatives précédentes, qui se poursuivront jusqu’à fin 2026. Le nouveau directeur esquisse progressivement les lignes directrices de la saison 2027-2030, nouveau plan encadré par une convention annuelle d’objectifs en liens avec leurs partenaires publics dont les premiers jalons seront perceptibles dès l’année prochaine, en espérant y apporter « un regard neuf dans la manière de fonctionner en interne ».

Développement du lieu et du public

Stereolux a déjà fait ses preuves en tant que lieu de diffusion, de création et de médiation. Pour le prochain projet quadriennal, il s’agira de développer la notion de lieu de vie. Le but serait de développer les activités au sein de la structure et de « multiplier les usages […] à travers diverses propositions : des DJs, des débats, des dégustations, des stands de diverses animations et d’imaginer que le lieu puisse incarner cette image de lieu de vie à travers le hall qui est le cœur du lieu » imagine le nouveau directeur. S’il est connu pour ses concerts hébergés dans sa grande salle, le Stereolux abrite également de nombreuses expositions, conférences et workshops sur des thématiques de musiques actuelles et d’art numérique en plus d’un restaurant ouvert le midi. Selon Laurent Decès, transformer la structure en lieu de vie inciterait les gens à rester plus longtemps et donc découvrir tout ce que le lieu a à proposer.

Le Hall du Stereolux.

Diversifier les offres pour diversifier le public, c’est une autre chose sur laquelle les nouveaux objectifs seront axés. Le directeur compte « mettre l’accent sur les esthétiques dont on sait qu’elles fonctionnent très bien auprès d’un jeune public parce qu’on a un vrai enjeu de rajeunissement de notre public ». Effectivement si on se penche sur les chiffres, leur rapport d’activité de 2023 a établi que le nombre de spectateur·ices de moins de 25 ans reste inférieur à 4% contre 19% de plus de 45 ans. Rester au cœur des tendances reste un objectif important pour la saison prochaine pour continuer d’attirer un public plus jeune. C’est dans cette dynamique que le 4 octobre 2024, le Stereolux choisit d’opter une esthétique plus pop et colorée sur sa page Instagram. On peut également s’attendre à une programmation qui suit les tendance avec par exemple plus de propositions hip hop, qui restait un genre de musique moins abordé en comparaison avec l’électro, le rock et la pop, qui sont les styles musicaux les plus présents, en essayant « toujours d’avoir un angle actuel contemporain » rappel Laurent Decès.

Un Stereolux plus engagé

Questions engagement, le Stereolux « se doit de prendre sa part au combat de notre société » nous explique t-il. En trouvant des partenaires qui œuvrent pour la diversité, la projet 2027-2030 devrait contribuer à la mise en valeur de causes sociétales telles que la « culture queer, le féminisme, le décolonialisme… » pour que le lieu devienne une caisse de résonance pour les acteur.ices locaux. Laurent Decès nous a expliqué que sa vision du Stereolux rentre dans une dynamique de vouloir répondre à un engagement contre la montée de l’extrême droite et du fascisme. Il nous liste des éléments de responsabilité sociétale sur lesquelles le Stereolux s’appuiera. On devrait donc s’attendre à plus de diversité, « une gouvernance paritaire, démocratique, une transparence sur l’économie du projet, réduction de l’empreinte carbone et plus d’inclusivité ». Leur rapport d’activité sur l’année 2023, reflet du projet quadriennal actuel, statue qu’il y avait encore des progrès à faire concernant la place donnée aux femmes sur scène et dans les expositions. Pour le futur du Stereolux, on s’attend donc à des améliorations pour atteindre les volontés du directeur qui nous explique vouloir que « les gens continuent à croire en nous et à réaliser ce qu’on peut apporter dans un territoire en termes de lien, d’éveil et d’émancipation. »

Laurent Decès, directeur de Stereolux

Coupes budgétaires

Parmi les autres changements sociétaux impactant nos modes de vie, nous pouvons mentionner les coupes budgétaires qui influent sur le futur du Stereolux qui se voit perdre 100% des subventions régionales et 50% de subventions départementales. Pour le moment, l’impact ne se fera pas ressentir sur 2025 mais plutôt à partir de 2026. Il faut prendre en considération ces changements et faire en sorte que le projet 2027-2030 soit viable nous expose le directeur. A la suite de la publication de la lettre ouverte par Stereolux en réponse à la politique de Christelle Morançais, Laurent Decès déclare que « le dialogue est complètement rompu avec la région » après que celle-ci n’ait accordé aucun élément de réponse plus poussé que les arguments déjà cité par voie de presse auparavant.

Malgré les défis budgétaires, le Stereolux continue de se positionner comme un acteur culturel majeur nantais et ne manque pas de propositions prometteuses qui enrichiront la prochaine saison.

Si à 23 ans Loïs a déjà traversé l'Atlantique, visité trois pays avec son sac sur le dos et sa curiosité en bandoulière, c'est au bord de l'Erdre, à Nantes qu'elle préfère se retrouver plus que partout ailleurs, à l'écoute du clapotis de l'eau, son élément préféré.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017