24 octobre 2023

Pomme: la douceur et la poésie au service de messages engagés

Ce samedi 14 Octobre 2023, Pomme (alias Claire Pommet) est revenue pour la deuxième fois de l’année au Stéréolux dans le cadre de la tournée de son album « Consolation ».

Pomme: la douceur et la poésie au service de messages engagés

24 Oct 2023

Ce samedi 14 Octobre 2023, Pomme (alias Claire Pommet) est revenue pour la deuxième fois de l’année au Stéréolux dans le cadre de la tournée de son album « Consolation ».

Il est 20 heures, la file d’attente s’étend encore davantage… le concert affiche complet. Le public réunit tous les âges. On vient en couple, entre ami.es ou en famille découvrir l’artiste récompensée aux dernières Victoires de la musique.

À 20 heures 30, la première partie est assurée par Julia Stone, une compositrice et interprète australienne. Le lien est fort avec Pomme puisque cette dernière faisait, elle-même, ses premières parties à l’âge de dix-huit ans.

Julia Stone la rejoindra, au cours de la soirée, pour deux duos revisitant une chanson de leur répertoire: « rendez-vous » et « my baby ».

À 21 heures, tout en douceur et en discrétion, Pomme apparaît et interprète successivement « dans mes rêves », «  septembre » ou encore « les séquoias ».

Les échanges avec son public sont réguliers et teintés de beaucoup d’humour et d’autodérision. « Si vous êtes à ce spectacle, c’est peut-être que vous êtes concerné.es par les émotions… ou l’anxiété en général… vous êtes fous comme moi » , « A un moment donné, ne vous étonnez pas, je vais vous demander de bouger les bras comme dans les concerts de pop… il faudra le faire pour que ça marche… faire une marée d’émotions humaines… j’ai appris ça sur les festivals quand les gens ne me connaissaient pas… et que je devais un peu les motiver à m’écouter… vous n’êtes pas obligé.es mais c’est recommandé pour créer une cohésion de groupe… on a déjà une base mais on va développer ça au cours de la soirée » , « Franchement, venir deux fois au Stéréolux dans l’année, ça veut dire que l’on a percé non ? » , « C’est la première fois que j’ai pris le temps de me balader à Nantes… les friperies de Nantes sont mille fois plus stylées que celles de Paris et mille fois moins chères » .

Tout le long du concert, Pomme nous embarque en revisitant ses chansons tantôt en douceur, tantôt en énergie car très bien accompagnée de ses musicien.ne.s. Pour sa tournée « Consolation » d’automne, le décor est hallucinogène sur la thématique des champignons.

Arrive la fin du spectacle, le public est conquis. C’est l’occasion de recueillir quelques impressions.

220316_Pomme_Consolation           (c) Lian Benoît

Comment avez-vous trouvé le spectacle ?

Les réactions sont d’emblée enjouées : « le concert était génial, extra et super » . Le public nantais et voisin (une famille vient de Lorient) ne tarie pas d’éloges sur le concert.

L’ambiance était « chaleureuse » . Pomme « communique super bien avec son public » , « a une vraie présence sur scène » et « rassemble des gens de tous les âges » .

La plupart des personnes interviewées connaissent Pomme mais ne l’ont pas vu sur scène : « c’est une belle découverte au niveau de la voix, de la musique, des déplacements et de la communion avec son public ».

La scène permet des arrangements et une orchestration très appréciés. « Les chansons sont revisitées avec un rythme rock et j’ai adoré les parties très rock et pleines d’énergie… c’était très bien orchestré avec un son génial » .

Petit bémol rapporté par l’un des spectateurs : « heureusement que l’arrangement varie et vient donner de l’énergie à la version studio, mais je ne suis pas sûr qu’elle essaie d’ambiancer les gens sur les bonnes chansons… parfois j’ai trouvé que c’était un peu à contre-temps » .

Que dégage Pomme sur scène ?

Elle fait l’unanimité.

« C’est une très belle découverte » , « elle est touchante et a beaucoup d’humour » , « elle est très authentique et simple » , « son univers est magique et elle transmet de belles choses » , « elle a un charme certain qui opère assez vite » , « elle a une voix fabuleuse » , « elle est très engagée et ses textes sont délicats » .

Quelles chansons vous touchent le plus ?

Reviennent entre autres:

– « Grandiose » évoquant les désirs de maternité lorsque l’on est lesbienne,

– « On brûlera » se révélant être une véritable déclaration d’amour à sa compagne,

– « La lumière » mettant en avant toute la complexité de la maladie d’Alzheimer qui fait perdre doucement les souvenirs pour toucher plus durement les personnes qui entourent les malades. 

Pomme est-elle forte ou fragile ?

Chacune et chacun s’accorde à dire que Pomme est, à la fois, fragile et forte. Et ce, pour plusieurs raisons :

Sa sensibilité assumée

« Elle fait part de ses émotions, de ses insomnies, de sa vision parfois noire des choses mais en même temps elle les assume ».

« Elle est fragile, mais sa sensibilité qui est à fleur de peau… ça se sent dans sa voix, dans ses textes, dans sa gestuelle et dans ses petites attentions touchantes comme prendre en photo les gens… c’est tout en légèreté » .

Son charisme

« Elle est sensible et à fleur de peau, mais elle l’assume et elle l’exprime », « elle est un peu à vif… elle masque cela par l’humour et une belle présence sur scène » ou encore « il y a une puissance dans sa voix même si elle est très douce » .

Son engagement

« Sa force vient de sa douceur et de son engagement » .

« Elle a des thèmes très actuels avec le mal-être, l’identité, la fragilité face aux autres… elle aborde la fragilité mais avec force… c’est une jolie combinaison… elle aborde les choses tout en douceur » et d’ajouter « le message passe d’autant mieux qu’il est poétique » .

Un come-back réussi au Stéréolux et un public nantais conquis. La tournée se poursuit dans toute la France et dans certains pays européens.

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De nature curieuse, j'ai choisi de devenir contributrice au sein de Fragil pour les rencontres et l'écriture. La musique, les initiatives et les récits de vie sont, pour le moment, mes domaines de prédilection.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017