9 octobre 2024

Pierre-Adrien (P.A), ancien journaliste engagé

 P.A. pose ses valises à Nantes il y a plus de 10 ans maintenant. Membre au sein de l’association Fragil depuis 2011, il revient sur son parcours.

Pierre-Adrien (P.A), ancien journaliste engagé

09 Oct 2024

 P.A. pose ses valises à Nantes il y a plus de 10 ans maintenant. Membre au sein de l’association Fragil depuis 2011, il revient sur son parcours.

Je rencontre P.A en terrasse un début d’après-midi. Sac à dos sur le dos, ce papa bien occupé me rejoint au détour d’une journée bien chargée. L’air est frais, le ciel est couvert mais nous restons en terrasse autour de deux cafés qui vont vite être froids. 

Un papa bien occupé

Originaire de Chalon-sur-Saône en Bourgogne, P.A quitte sa région natale pour suivre des études de journalisme à Marseille. Au rythme de l’ambiance méditerranéenne, il me confie aimer cette ville au contraste puissant. Diplôme en poche et déjà quelques années de travail derrière lui, P.A quitte la France pour partir une année en Grèce. Là-bas, il tiendra un blog, « en parallèle ». Il s’intéressera à la question de l’accueil d’urgence des migrants arrivant sur ce territoire. Il m’explique y retrouver un « climat violent comparable à ce qu’on a pu connaître en France avec le mouvement des Gilets Jaunes ». 

Le dynamisme des grandes villes

Son attrait pour le dynamisme des grandes villes le fait arriver à Nantes en 2011. Il rejoint aussitôt l’association Fragil. Timide, son engagement l’aidera à la vaincre. Il y est salarié pendant deux années comme chargé de projets médiatiques et numériques. 

Ici, il aime fréquenter les petites salles de concerts telle que le Pannonica, le Stéréolux ou encore le Ferrailleur où il a pu y découvrir de nombreux artistes. Il réside pendant 3 ans à Trentemoult, carte postale nantaise, avant de rejoindre un petit village en périphérie.

« Un tissus associatif important »

Curieux de rencontres, il découvre également une ville où les regards se croisent, beaucoup de néo-nantais.es se retrouvent ici pour y habiter. « Le tissu associatif est important, il y a beaucoup d’assos ici ». Il côtoie également le quartier des Dervallières. Les locaux de Fragil étant basés à la Fabrique Dervallières, il a pu mener différents projets culturels. Il aime la diversité de ce quartier ou les cultures et les apprentissages sont multiples. La Bretagne et la mer chères à son coeur, il aime que Nantes en soit proche pour pouvoir s’évader le temps d’un week-end. Ses réponses sont à l’image de l’homme que je découvre, authentique et simple.

Une image plaquée à Nantes

P.A. voit dans Nantes beaucoup de points forts. À tâtons, il me confie regretter l’image que Nantes a depuis plusieurs années. « Même si cela est lié à des faits divers, je regrette l’image qu’on lui a plaqué ». 

Le temps est passé bien vite, nous aurions pu rester discuter encore un moment. Je le regarde partir pressé, il doit aller chercher son fils à l’école. Mon café est, en effet, froid maintenant. 

Nouvelle plume de Fragil, Camille est une récente néo-nantaise. Choletaise d’origine, Camille quitte sa ville natale à 18 ans, multiplie les allers-retours entre Cholet, Nantes et Rennes. Elle suit des études dans le social (monitrice-éducatrice), travaille en internat, enchaîne les contrats dans les bars. Nantes est désormais son QG avec à la clé une formation à Arinfo.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017