17 novembre 2025

Nouveau fanzine des Palourdes : « une ode aux désirs et à l’autodétermination des corps»

Le collectif d’édition Les Palourdes célèbre ce mardi 18 novembre la sortie de son sixième fanzine "Jouir de ses droits, jouir de ses doigts" aux Impertinant·es. Un événement ancré dans l’actualité politique et artistique, où les corps, leurs désirs et la résistance prennent parole.

Nouveau fanzine des Palourdes : « une ode aux désirs et à l’autodétermination des corps»

17 Nov 2025

Le collectif d’édition Les Palourdes célèbre ce mardi 18 novembre la sortie de son sixième fanzine "Jouir de ses droits, jouir de ses doigts" aux Impertinant·es. Un événement ancré dans l’actualité politique et artistique, où les corps, leurs désirs et la résistance prennent parole.

La maison d’édition associative nantaise Les Palourdes investit les Impertinant·es ce mardi 18 novembre pour révéler son sixième fanzine « Jouir de ses droits, jouir de ses doigts » . Un moment important pour Alexandre et Maëva, les cofondateur·rices : “Ça fait quelques numéros que l’on apprécie ce temps de célébration. En commençant nos éditions, on était diffusé·es auprès de nos proches. Maintenant, on a un petit réseau nantais, et c’est un plaisir de sortir notre travail dans des lieux qu’on fréquente aussi.”

Les deux artistes ajoutent ensemble l’importance d’un espace commun avec le public et leurs valeurs : “On a des invité·es extérieur·es dans nos numéros. Ça permet de les présenter aussi de vive voix et de les célébrer auprès du public. Le choix de ce bar a été assez facile, on touche à l’intimité donc on voulait un endroit qui soit un cocon, où nos textes et nos propositions artistiques seraient valorisé·es et reçues avec sensibilité. Au vu de la programmation des Impertinant·es, ça nous paraissait très pertinent.”

Une partie du collectif Les Palourdes : Maëva Guillery et Alexandre Montina. 12/11/25 ©AlexandreMontina

Sous la coquille d’un collectif éditorial

Le collectif se forge autour d’Alexandre et Maëva, tous deux étudiant·es aux Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire. Depuis 2021, Enora Guillery a rejoint le collectif en étant la première auteurice accompagnée à l’année sur un ouvrage mêlant danse et recherche en anthropologie.

Alexandre, membre et cofondateur des éditions avec Maëva Guillery, Enora Loaec et Diane Bellavance, évoque les fondements du groupe : “On avait envie de continuer à travailler ensemble et de se retrouver autour d’objets qui mêlaient nos intérêts pour le texte, mais aussi pour les formes hybrides et les arts graphiques.”

Un numéro traversé par les désirs et les corps

Aujourd’hui, la réalisation principale du collectif se base autour de fanzines (ndlr: contraction de « fan » et de « magazine » est une publication papier, le plus souvent auto-éditée de façon artisanale), dont l’apparence et le fond sont sans cesse repensés. Alexandre explique : “On souhaite que nos fanzines soient des lieux d’expérimentation formelle pour créer un catalogue proche des techniques de reliure, de mise en page, de relations entre les objets textuels et les images.”

120 tirages artisanaux pour un thème, « Jouir de ses droits, jouir de ses doigts », une conception de l’édition qui s’ancre toujours au sein d’un travail collectif : “Pour ce numéro, on s’est réparti·es des morceaux de maquette, une mise en page qui a été faite collectivement. Depuis le 4ème numéro, on se sent plus solide sur nos appuis, on invite des personnes extérieures au projet à collaborer. On fait aussi des appels à participation envers des artistes et auteurices.”

Un numéro pensé également avec une dualité qu’Alexandre développe comme générale : “Ce fanzine est traversé par l’idée du désir et de l’autodétermination des corps. On a souhaité penser un objet qui illustre des sensations, par un choix particulier sur la texture du papier. Aussi, défini par les propositions unies de tou·tes nos collaborateur·ices.”

La couverture et l’ébauche d’anciens numéros. 12/11/25 ©AlexandreMontina

Faire place au sensible, malgré tout

L’événement du 18 novembre est l’occasion parfaite pour cette micro-édition de proposer son univers et sa pratique sensible aux yeux de tou·tes, selon Alexandre : “On a cinq artistes sur six qui seront présent·es et qui vont mettre en voix leur texte, des performances en lien avec leur proposition. Aussi, le collectif va proposer des lectures, de la vente sur place avec les précédents numéros. Également, nos collaborateur·ices, car on veut permettre de montrer leurs pratiques, pourront ramener et présenter des objets imprimés sur notre stand.”

“Être dicté·e par le désir plutôt que par la peur.”

Animé depuis plusieurs numéros par les contextes politiques actuels, de la remontée du fascisme dans nos sociétés. Maëva Guillery illustre de manière poétique l’essence de ce fanzine, épris d’un climat de résistance et de lutte : “Être dicté·e par le désir plutôt que par la peur. Ou comment préserver le sensible des corps, parler aussi de choses pas tendres.” Alexandre rajoute : “Je pense que l’on est aussi assez omnibulé·es par les régressions sur la liberté des corps, sur celles des personnes trans. C’est ce que l’on a voulu porter, pour mieux capter et reconnaître la réalité du moment.”

Infos utiles :

  • Mardi 18 novembre 2025 – dès 18h
  • Les Impertinant·es – Bar et Café
  • 17 rue de la Tour d’Auvergne, 44000 Nantes
  • Avec : Anaëlle Carré, Charlotte Delval, Enora Guillery, Maëva Guillery, Simone Innico, Enora Loaec, Alphons-ine Marrou, Vanille Ménard, Alexandre Montina, Julie Zhang
  • Entrée : prix libre et conscient

Josué grandit entre La Roche-sur-Yon et Rennes. Amateur d’arts, il se reconnaît surtout dans la musique et la littérature. Diplômé d’une licence en information et communication, il s’engage pendant ses études dans le journalisme, écrivant pour divers médias bretons. Aujourd’hui impliqué au sein de Fragil, il explore avec un regard neuf les récits sociaux et culturels de Nantes. Car, s'il n’y a pas de hasard, notre journaliste se tient prêt à ne manquer aucun rendez‑vous.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017