La maison d’édition associative nantaise Les Palourdes investit les Impertinant·es ce mardi 18 novembre pour révéler son sixième fanzine « Jouir de ses droits, jouir de ses doigts » . Un moment important pour Alexandre et Maëva, les cofondateur·rices : “Ça fait quelques numéros que l’on apprécie ce temps de célébration. En commençant nos éditions, on était diffusé·es auprès de nos proches. Maintenant, on a un petit réseau nantais, et c’est un plaisir de sortir notre travail dans des lieux qu’on fréquente aussi.”
Les deux artistes ajoutent ensemble l’importance d’un espace commun avec le public et leurs valeurs : “On a des invité·es extérieur·es dans nos numéros. Ça permet de les présenter aussi de vive voix et de les célébrer auprès du public. Le choix de ce bar a été assez facile, on touche à l’intimité donc on voulait un endroit qui soit un cocon, où nos textes et nos propositions artistiques seraient valorisé·es et reçues avec sensibilité. Au vu de la programmation des Impertinant·es, ça nous paraissait très pertinent.”

Une partie du collectif Les Palourdes : Maëva Guillery et Alexandre Montina. 12/11/25 ©AlexandreMontina
Sous la coquille d’un collectif éditorial
Le collectif se forge autour d’Alexandre et Maëva, tous deux étudiant·es aux Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire. Depuis 2021, Enora Guillery a rejoint le collectif en étant la première auteurice accompagnée à l’année sur un ouvrage mêlant danse et recherche en anthropologie.
Alexandre, membre et cofondateur des éditions avec Maëva Guillery, Enora Loaec et Diane Bellavance, évoque les fondements du groupe : “On avait envie de continuer à travailler ensemble et de se retrouver autour d’objets qui mêlaient nos intérêts pour le texte, mais aussi pour les formes hybrides et les arts graphiques.”
Un numéro traversé par les désirs et les corps
Aujourd’hui, la réalisation principale du collectif se base autour de fanzines (ndlr: contraction de « fan » et de « magazine » est une publication papier, le plus souvent auto-éditée de façon artisanale), dont l’apparence et le fond sont sans cesse repensés. Alexandre explique : “On souhaite que nos fanzines soient des lieux d’expérimentation formelle pour créer un catalogue proche des techniques de reliure, de mise en page, de relations entre les objets textuels et les images.”
120 tirages artisanaux pour un thème, « Jouir de ses droits, jouir de ses doigts », une conception de l’édition qui s’ancre toujours au sein d’un travail collectif : “Pour ce numéro, on s’est réparti·es des morceaux de maquette, une mise en page qui a été faite collectivement. Depuis le 4ème numéro, on se sent plus solide sur nos appuis, on invite des personnes extérieures au projet à collaborer. On fait aussi des appels à participation envers des artistes et auteurices.”
Un numéro pensé également avec une dualité qu’Alexandre développe comme générale : “Ce fanzine est traversé par l’idée du désir et de l’autodétermination des corps. On a souhaité penser un objet qui illustre des sensations, par un choix particulier sur la texture du papier. Aussi, défini par les propositions unies de tou·tes nos collaborateur·ices.”

La couverture et l’ébauche d’anciens numéros. 12/11/25 ©AlexandreMontina
Faire place au sensible, malgré tout
L’événement du 18 novembre est l’occasion parfaite pour cette micro-édition de proposer son univers et sa pratique sensible aux yeux de tou·tes, selon Alexandre : “On a cinq artistes sur six qui seront présent·es et qui vont mettre en voix leur texte, des performances en lien avec leur proposition. Aussi, le collectif va proposer des lectures, de la vente sur place avec les précédents numéros. Également, nos collaborateur·ices, car on veut permettre de montrer leurs pratiques, pourront ramener et présenter des objets imprimés sur notre stand.”
“Être dicté·e par le désir plutôt que par la peur.”
Animé depuis plusieurs numéros par les contextes politiques actuels, de la remontée du fascisme dans nos sociétés. Maëva Guillery illustre de manière poétique l’essence de ce fanzine, épris d’un climat de résistance et de lutte : “Être dicté·e par le désir plutôt que par la peur. Ou comment préserver le sensible des corps, parler aussi de choses pas tendres.” Alexandre rajoute : “Je pense que l’on est aussi assez omnibulé·es par les régressions sur la liberté des corps, sur celles des personnes trans. C’est ce que l’on a voulu porter, pour mieux capter et reconnaître la réalité du moment.”
Infos utiles :
- Mardi 18 novembre 2025 – dès 18h
- Les Impertinant·es – Bar et Café
- 17 rue de la Tour d’Auvergne, 44000 Nantes
- Avec : Anaëlle Carré, Charlotte Delval, Enora Guillery, Maëva Guillery, Simone Innico, Enora Loaec, Alphons-ine Marrou, Vanille Ménard, Alexandre Montina, Julie Zhang
- Entrée : prix libre et conscient