12 juin 2025

Mackenzie Leighton : de l’indie-folk étatsunien à Nantes

À l'occasion de sa participation le 20 juin prochain au Tremplin des Nuits de l’Erdre, Fragil est parti à la rencontre de Mackenzie Leighton, musicienne américaine qui partage sa musique indie-folk sur la scène nantaise depuis maintenant deux ans.

Mackenzie Leighton : de l’indie-folk étatsunien à Nantes

12 Juin 2025

À l'occasion de sa participation le 20 juin prochain au Tremplin des Nuits de l’Erdre, Fragil est parti à la rencontre de Mackenzie Leighton, musicienne américaine qui partage sa musique indie-folk sur la scène nantaise depuis maintenant deux ans.

Certain.es ont déjà pu la voir passer à des soirées murmures, en passant par des petits concerts chez des fleuristes, des céramistes ou dans des bars, voire même à Stereolux pour une première partie. Mackenzie Leighton nous apporte un vent de pop folk doux et fleuri tout droit venu des Etats-Unis.

Influences et parcours musical

Mackenzie Leighton, originaire du Maine au Etats-Unis a toujours baigné dans la musique. Après une formation de pianiste classique au conservatoire, elle apprend la guitare seule avec en tête des artistes jazz et soul tel que Amy Winehouse ou Ella Fitzgerald. Puis plus tard ce sont les récits chantés de Taylor Swift ou Bob Dylan, avec leurs airs country et folk qu’elle suivra. Aujourd’hui, sa musique est empreinte de toutes ses influences mais ses inspirations préférées restent Joni Mitchell et Simon & Garfunkel. C’est pendant ses années universitaires qu’elle tombe dans l’ambiance folk avec ces « images de ce style musical du passé mais qui était toujours d’actualité, [avec] des gens qui jouent dans les parcs, dans les rues, qui parlent du monde politique aussi. Souvent la musique folk est très liée à l’activisme et [ses] études étaient justement dans la justice sociale l’activisme artistique », explique-t-elle. Là-bas elle participe avec sa guitare à des scène ouvertes ou les étudiant·es se retrouvent pour lire des poèmes et raconter des histoires à travers la musique, avant de rejoindre un duo folk et aussi un groupe de rock.

En France, le concept du folk est différent des États-Unis. Là où le folk américain est lié à un courant activiste, le folk français tourne autour de chansons traditionnelles régionales. « En France, quand il y a des chansons à jouer, les gens n’écoutent pas forcément les paroles », ce qui rend le passage de messages à travers la musique en anglais plus complexe. Malgré cela, elle a réussi à trouver un public réceptif qui adhère à son genre musical qualifié de pop-folk.

Photo de Mackenzie Leighton par Loïs Hervouet.

Vivre et faire carrière de musique en France

Mackenzie est arrivée à Paris en 2017 en tant que jeune fille au pair pour d’apprendre le français, sans penser pouvoir entamer une carrière musicale. En parallèle de ses cours de français, elle a commencé à écrire des chansons en solo, « à aller dans les scènes ouvertes pour rencontrer des gens et une année après l’autre, [elle a] vraiment vu que c’était faisable de construire une carrière en tant qu’artiste en France. » Son style musical faisait qu’une carrière en France devenait plus envisageable qu’au Etats-Unis, pays déjà adepte de ce genre. La musicienne évoque qu’elle a « eu 1000 vies en France », car pour faire carrière dans la musique elle a dû jongler entre plusieurs petits boulots pour pouvoir survivre à l’euphorie parisienne. Là-bas, elle a passé un CAP fleuriste et travaillé dans des boutiques de fleurs, élément qui reste très présent encore aujourd’hui dans son image aujourd’hui.

Maintenant, cela fait 2 ans qu’elle est installée à Nantes et qu’elle vit de la musique et admet qu’ « en deux ans de vie à Nantes, [elle a] eu 1000 fois plus d’opportunités qu’à Paris. » Mackenzie se produit dans des bars, des soirées, à Stéréolux, mais aussi dans des lieux insolites comme un atelier de céramique ou une boutique de fleurs. Elle trouve que « les conditions de travail sont bien meilleures ici parce que les gens ont plus de temps pour découvrir quelque chose de nouveau. » Malgré les récentes coupes budgétaires de la Région pour la culture, elle est reconnaissante de pouvoir participer à des projets émergents comme les soirées Murmures qui permettent d’embaucher des artistes locaux.

Le 20 juin prochain, elle sera sur scène dans le cadre du Tremplin des Nuits de l’Erdre dans le centre-ville de Nord sur Erdre. C’est un évènement qui vise à promouvoir des musicien·nes de la région Bretagne Pays de la Loire et de rassembler le public autour de ces nouvell·aux artistes locaux ·locales. Le ou la gagnant·e aura l’opportunité de jouer sur la scène des Nuits de l’Erdre en 2026.

Mélange de genres et d’identités

Son ancien EP « Sunroom » sorti l’année dernière regroupe un mélange de genres d’indie-folk et de pop, avec des sonorités rétro et poétiques. Sonorités que l’on retrouvera dans son nouvel album, sur lequel elle est en train de travailler, en plus de ce côté politique et justice sociale qu’elle a côtoyé pendant ses études et qui son des thèmes très présents dans la musique folk étatsunienne.  Mackenzie explique que « ce côté justice sociale dans mes chansons vient vraiment de mes histoires de vie. Je pense que les autres sujets politique, c’est dans le sens où je raconte d’une manière très introspective ma vie de femme et je trouve que ça c’est déjà très politique. Il faut qu’on partage nos expériences en tant que femmes pour améliorer les choses […] et reprendre le pouvoir. »

Ses musiques, c’est elle qui les autoproduit en montant sa propre société qui lui permet d’en apprendre plus sur ses droits dans la musique. « On ne comprend pas assez de choses dans notre métier parce que je me suis fait avoir plusieurs fois dans le passé où je ne connaissais rien. Surtout que je ne parlais pas très bien français et j’étais un peu naïve. J’ai un peu cru à chaque fois que quelqu’un était intéressé par moi, il avait une bonne volonté et maintenant, je regrette d’avoir signé les choses sans vraiment lire » révèle l’artiste.

À Nantes, elle s’est entourée de nantais·es : un guitariste anglais et une batteuse franco-néo-zélandaise, pour l’accompagner sur son EP et son prochain album annoncé pour 2026. En attendant, elle profite de l’été pour commencer des petits concerts dans la région et en Bretagne et notamment à Nantes où on pourra la retrouver Aux Petits Joueurs le 10 Juillet ou encore le 13 au Ferrailleur.

Si à 23 ans Loïs a déjà traversé l'Atlantique, visité trois pays avec son sac sur le dos et sa curiosité en bandoulière, c'est au bord de l'Erdre, à Nantes qu'elle préfère se retrouver plus que partout ailleurs, à l'écoute du clapotis de l'eau, son élément préféré.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017