19 janvier 2022

Les liens entre politique et médias débattus avec des 3ème de Jean Rostand

Sur deux sessions de deux heures, l'association Fragil a animé un atelier d'initiation à la politique à travers les médias français. Une série d'ateliers inédite, menée en direction d'une classe de 3ème du collège Jean Rostand d'Orvault les 11 et 13 janvier 2022.

Les liens entre politique et médias débattus avec des 3ème de Jean Rostand

19 Jan 2022

Sur deux sessions de deux heures, l'association Fragil a animé un atelier d'initiation à la politique à travers les médias français. Une série d'ateliers inédite, menée en direction d'une classe de 3ème du collège Jean Rostand d'Orvault les 11 et 13 janvier 2022.

Entièrement pensé et créé par l’équipe de Fragil, ce nouvel atelier dédié à la politique et aux médias a été proposé au collège Jean Rostand d’Orvault. Grâce au financement de l’appel à projet « jeunesse et citoyenneté » proposé par le Conseil Départemental, Fragil a pu animer les quatre heures d’ateliers auprès d’une classe de 3ème.

Des élèves pendant l’atelier de classement des Unes (voir fin de l’article)

Afin de mieux comprendre les liens qui unissent médias et politique en France, les élèves ont dans un premier temps dû réfléchir sur ce qu’était la politique. A l’aide de différents outils d’animation tels que le débat mouvant ou le questionnaire individuel, l’ensemble des jeunes a pu s’exprimer sur leur propre vision de la politique.

Lors du débat mouvant la phrase « la politique a une influence sur ma vie quotidienne » a particulièrement amené du débat entre les élèves. Pour la majorité d’entre eux les décisions politiques venues de l’Etat, telle que le port du maque, ont un impact sur leur vie de tous les jours tandis que pour d’autres la perception était tout autre. « Je peux toujours manger mes pâtes tranquille chez moi… » souligne une élève, « …donc la politique ne joue pas sur moi dans ma vie de tous les jours » conclu-t-elle. Cet exemple renforce le débat au sein de la classe et permet d’amener des notions politiques et historiques lorsque des élèves parlent de « dictature » de « communisme » ou encore de « démocratie ».

 

Toujours dans l’idée d’aborder la politique française, l’animatrice de Fragil propose de visionner une vidéo « 1 jour 1 question » qui explique très simplement le principe « droite/ gauche ». A la suite du visionnage, les élèves ont pour consigne de lister sur une feuille les différentes valeurs de la droite et de la gauche. Une mise en commun permet à tous et toutes d’échanger sur ce qu’ils et elles ont compris de la vidéo et d’ajouter pour certain.e des notions actuelles telle que l’écologie.

Tableau des idées gauche/droite complété par les élèves

Après avoir fait un point sur les différences idéologiques entre les partis et de droite et de gauche, les jeunes se sont placés par groupe de cinq. En une dizaine de minutes chaque groupe s’est vu attribuer un média puis devait trouver le ou les propriétaire.s de celui-ci à l’aide du schéma d’Acrimed présenté ci-dessous.

Dans ce même exercice, chaque groupe devait également réfléchir au modèle économique du média qui leur était attribué. La consigne est claire : comment votre média gagne-t-il de l’argent ? Une mise en commun permet d’aborder avec l’ensemble de la classe le rôle des propriétaires de médias français : qui sont-ils ? Quels sont leurs intérêts à posséder un ou plusieurs médias ? Quels peuvent être les contraintes associer à ce modèle ? Autant de question auxquelles la classe a su répondre à force de réflexion et pour certain.e.s de connaissances déjà poussées sur ce sujet.

Carte du paysage médiatique français par Acrimed et Le Monde Diplomatique

Résultat de l’atelier sur les propriétaires des médias et leur modèle économique

Pour conclure ces quatre heures d’atelier avec la classe, l’animatrice de Fragil propose un jeu de classement de Unes de médias. A l’aide d’une quinzaine de couvertures sélectionnées par Fragil, les élèves ont proposé un classement de ces médias allant de l’extrême gauche à l’extrême droite. Un classement facilité par le choix des Unes qui contiennent des messages politiques plutôt clairs et éclectiques.

Réalisé pour la première fois en début d’année 2022, l’atelier d’initiation politique à travers les médias français est une réussite. Animée par la salariée de Fragil et par une bénévole de l’association, les deux ateliers de deux heures ont permis aux élèves de mieux comprendre les différences entre la Droite et la Gauche en France. « C’est plus simple pour moi de me placer sur l’échiquier politique » témoigne une majorité des élèves à la fin des séances. Concernant les médias, ils et elles étaient déjà bien informé.e.s sur les rapports de pouvoir entre milieu politique et médias, des domaines qui restent cependant « complexe » et qui mériteraient encore plus d’animations ludiques d’après leurs témoignages.

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017