31 janvier 2024

Les Catherinettes : l’éveil des consciences sur les violences sexistes et sexuelles

À l’occasion des biennales internationales du spectacle (BIS), Fragil a interviewé Margaux Gaches-Gallet, chargée de projet et formatrice au sein de l'association "les Catherinettes", à propos de l'évolution de la prévention et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieux festifs.

Les Catherinettes : l’éveil des consciences sur les violences sexistes et sexuelles

31 Jan 2024

À l’occasion des biennales internationales du spectacle (BIS), Fragil a interviewé Margaux Gaches-Gallet, chargée de projet et formatrice au sein de l'association "les Catherinettes", à propos de l'évolution de la prévention et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieux festifs.

En 2020, l’association « les Catherinettes » est fondée par Anna Mérigeaux et Agathe Petit-Dupas, qui évoluent déjà professionnellement dans le monde du spectacle. Leur connaissance du milieu a très vite permis de comprendre les enjeux liés à la prévention des violences sexuelles et sexistes, puis l’intérêt d’étendre la mission vers des méthodes de prise en charge.
Aujourd’hui, dirigée par Mélanie Gouvrès, les dispositifs mis en place évoluent et se complètent au fil de leurs expériences, tant au regard de la diversité des organisations formées, que de la réponse d’un public qui peut se montrer plus ou moins réceptif.

« Dans la majorité des cas, ils se réveillent au moment où il y a eu un cas (de violence sexuelle et sexiste), et ils se disent, ah là là, on n’a pas su gérer, qu’est-ce qu’on fait ? Et puis il arrive qu’il y en ait qui soient juste investis sur ces questions là, qui aient envie de se former et de former leurs équipes ».

Une demande de formation des organisations croissante

Les organisations, majoritairement des festivals, font appel aux Catherinettes pour être accompagnés sur la gestion des violences sexuelles et sexistes (VSS). Dans un premier temps et majoritairement, l’association a une mission de formation et éduque d’abord sur ce que sont ces VSS, notamment d’un point de vue légal à l’égard de l’employeur. Puis, sont établis des protocoles d’actions pour lutter contre et prévenir ces violences. Ils permettent alors d’identifier et préciser les rôles de chacun·es aussi bien en interne qu’à destination du public. Tout cela permet la double prise en charge des victimes et des agresseur·euse·s présumé·es. 

« Aussi parce qu’avec MeToo, il y a eu, alors on parle souvent de libération de la parole, mais il y a eu surtout une libération de l’écoute, c’est-à-dire que les gens se sont mis à écouter, à croire les victimes ». 

Ce sont les organisations qui prennent conscience de l’existence de ces violences ou qui souhaitent simplement mieux s’informer qui viennent chercher le conseil des Catherinettes. Souvent, les VSS deviennent une préoccupation lorsque la gestion d’un cas a posé des difficultés à l’organisation. Alors, la demande est exponentielle nous explique Margaux. L’association qui ciblait d’abord son action sur les secteurs de Nantes et Rennes voit son champs d’action considérablement élargi, « on va là où on nous appelle » souligne Margaux Gaches-Gallet la chargée de projet et formatrice.

Margaux GACHES-GALLET au stand des catherinettes à l’occasion des Biennales Internationales du Spectacle.

Un public festivalier majoritairement réceptif

Les Catherinettes sont présentes sur site en fonction de la jauge attendue pour faire de la prévention et gérer la prise en charge des victimes. « On a une psychologue qui est avec nous, qui accueille la parole des victimes dans la safe zone » nous explique Margaux Gaches-Gallet.  Même lorsque l’association n’est pas physiquement présente, elle se sera chargée en amont de la formation des organisations pour qu’elles-mêmes créent une équipe dédiée à la cause. 

« C’est ou ils sont hyper convaincus ou plutôt ça les questionne »

En majorité, les festivaliers sont enthousiastes à la vue du stand et s’en rapproche pour témoigner du confort que leur apporte cette présence. D’autres s’y déplacent pour poser des questions ou tester. En somme, les publics réfractaires à leur action restent plutôt rares. Toutefois, cette curiosité est observée particulièrement chez les jeunes hommes qui viennent s’informer sur les comportements à adopter pour eux même, mais aussi à l’égard de leur entourage féminin.

La lutte contre les violences sexuelles et sexistes est la mission essentielle de l’association. « On essaye vraiment d’avoir en tête qu’il y a d’autres oppressions qui peuvent exister » nous confie la chargée de projet. Pour autant, l’association se veut inclusive et apporte son soutient aux minorités de genres ainsi qu’aux victimes de discriminations en raison de leur orientation sexuelle. 

« Honnêtement, sans nos bénévoles, on n’existe pas, sans nos bénévoles, on n’est rien ». 

La formation de bénévoles tient à cœur l’association et c’est une des missions de Margaux qui s’occupe de leur gestion et de la coordination avec la sécurité de l’événement. Iels sont formé·es pour différentes raisons et l’association à tout à gagner lorsqu’iels reviennent participer à d’autres événements puisqu’il faut être bien préparé pour savoir comment intervenir dans ces situations difficiles. Le rôle des bénévoles sur place tient essentiellement au repérage des faits au moment de maraudes notamment, mais aussi de montrer l’accessibilité de prise en charge pour des témoins éventuel·les via la mobilité des équipes. Leur présence permet de mieux identifier les violences pour mieux les traiter. 

Vous pouvez retrouver les actions des Catherinettes sur leur page instagram.

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017