3 juin 2025

La Shines Academy : quand les pom-pom girls souhaitent devenir le visage de l’inclusion

Depuis septembre 2024 la Shines Academy, un club de pom-pom girls français, s'est installé à Nantes. Derrière les clichés de cette discipline américaine l'association sportive met l'accent sur l'inclusion de tous.tes au sein de ce milieu.

La Shines Academy : quand les pom-pom girls souhaitent devenir le visage de l’inclusion

03 Juin 2025

Depuis septembre 2024 la Shines Academy, un club de pom-pom girls français, s'est installé à Nantes. Derrière les clichés de cette discipline américaine l'association sportive met l'accent sur l'inclusion de tous.tes au sein de ce milieu.

La Shines Academy c’est un club de pom-pom girls originaire de Lyon crée en 2013, à l’époque c’est sous le nom de Shines Girls qu’il se fait connaître et ce n’est qu’en 2019 qu’il devient la Shines Academy.

Si à la base le club n’était présent qu’à Lyon, c’est en 2020 que l’association commence à s’installer dans les grandes métropoles françaises comme Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Annecy ou encore en Guyane et depuis septembre 2024 à Nantes.  « J’avais besoin d’un vrai tournant professionnel et mon but est d’étendre la Shines un peu partout en France » c’est ce que nous explique Mégane Kassabian, la Présidente du club. Commentant le développement de la Shines Academy dans le sud de la France, la présidente ne cache pas son souhait de s’étendre davantage : « j’aimerais commencer par remonter par l’ouest et Nantes c’est LA métropole de l’ouest, donc je l’ai choisi et pour la rentrée 2025 ça sera Paris« .

S’installer dans une nouvelle ville passe par le choix d’une salle pour les entraînements mais aussi le choix d’une coach capable d’encadrer l’équipe et enfin les adhérentes. Pour celle qui se fait aussi appeler Joy Mégane, cette sélection passe essentiellement par la communication massive sur les réseaux sociaux. À travers le compte Instagram du club, elle publie fréquemment de nouvelles annonces pour mettre en avant les prestations des pom-pom. Le club intervient sur de divers événements comme pour les sports mécaniques, les festivals américains, les sports de combat, les séminaires, les émissions télé ou encore même parfois pour des clips musicaux.

Des valeurs fortes contre les stéréotypes

Loin des stéréotypes américains, la Shines Academy a des valeurs d’inclusion, ici le club n’est pas seulement destiné aux jeunes femmes au corps athlétique. Peu importe l’âge, le genre, l’orientation sexuelle, la morphologie, l’institution n’a pas de norme : « j’entraîne des femmes trans et j’ai même eu des hommes bien que ça soit plus rare en France métropolitaine. »

« Tant que la personne est motivée, veut danser et performer, elle est la bienvenue ici » nous dit Stecy Lehacaut, la coach de l’équipe nantaise. Des valeurs appuyées par la présidente du club, aussi coach de l’équipe lyonnaise :  « Nous voulons que ce club soit comme une seconde famille pour chacun.es, je veux que les adhérent.es viennent en laissant leurs problèmes à la porte lors des entraînements« .

L'équipe de pom-pom girls nantaise lors d'un entraînement le 26 mai 2025

L’équipe de pom-pom girls nantaise lors d’un entraînement le 26 mai 2025

Une communauté où chacun.es est libre d’être qui iel est et accepté comme iel est. Mégane nous fait part de l’une de ses heureuses surprises à ce sujet, « c’est vrai que j’ai reçu des messages d’adhérentes qui m’ont remerciées parce que grâce au club elles ont pris confiance en elles et ça fait vraiment plaisir […] au début elles osent pas trop et au cours de l’année je les vois s’ouvrir comme des fleurs« . Une pom-pom girls nantaise confirme elle aussi son ressenti : « moi je suis franchement très contente de les avoir rencontrées, on essaie vraiment de mettre en avant la communication entre nous et de tendre vers des valeurs de sororité« .

Des contraintes encore bien ancrées chez les organisateurs d’événements

Bien que ces valeurs soient primordiales pour la présidente, les organisateurs d’événements eux, sont encore loin de cette notion d’inclusion. Souvent influencés par le cliché américain des pom-pom girls minces et athlétiques, certains clients exigent ne recevoir que des femmes aux corps correspondant à ces stéréotypes lors de leur prestation.

C’est à contre cœur que la cheffe doit sélectionner seulement celles qui correspondent à la demande du client et assurer les prestations publiques promises à ses adhérent.es. Étant consciente que certains sont regardants sur le corps des femmes, elle prévient en amont chaque nouveaux.elles adhérente.s des choix qu’elle va devoir faire à défaut d’avoir une clientèle prête à briser les stéréotypes. « Si quand on pense à pom-pom girl nous avons l’image de filles minces écervelées qui agitent leurs pompons en rigolant bêtement, c’est loin de représenter vraiment la discipline » nous dit Mégane.

En effet selon la présidente du club, en France, le pom-pom est souvent confondu avec le cheerleading. Le pom-pom  c’est avant tout une pratique sportive dynamique composée en majorité de danses chorégraphiées avec seulement quelques portés. Quant au cheerleading, il s’agit en grande partie de portés et de gymnastique ce qui nourrit la représentation de nos clichés biaisés.

C’est dans l’optique d’un jour arriver au bout de ces stéréotypes que la présidente veut enfin pouvoir légitimiser sa discipline et montrer que cela mêle parfaitement l’effort physique à une lignée artistique.

Infos utiles

23 Août 2025 à partir de 14h : Supercross de Saint-Georges-de-Montaigu avec les pom-pom girls nantaises

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017