17 novembre 2022

La Nuit Fantastique de l’Absurde Séance: une nuit ̶d̶’̶h̶o̶r̶r̶e̶u̶r de bonheur au Katorza

Dans la nuit du 22 au 23 octobre s’est déroulée la désormais traditionnelle Nuit Fantastique dans le cadre de L’Absurde Séance au Katorza.

La Nuit Fantastique de l’Absurde Séance: une nuit ̶d̶’̶h̶o̶r̶r̶e̶u̶r de bonheur au Katorza

17 Nov 2022

Dans la nuit du 22 au 23 octobre s’est déroulée la désormais traditionnelle Nuit Fantastique dans le cadre de L’Absurde Séance au Katorza.

Les salles obscures en peine depuis des années, ce n’est un secret pour personne. Entre une pandémie obligeant les propriétaires de salles à tirer le rideau pendant des mois, une concurrence qui n’en finit plus avec les plateformes de streaming à mettre en parallèle avec une évolution des mœurs et des méthodes de consommation des spectatrices et spectateurs : les sièges rouges se retrouvent bien souvent vides. Chacun.e cherche des explications à cette baisse de fréquentation avec bien souvent le fameux : « il n’y a plus rien d’intéressant au cinéma » voire « on s’ennuie au cinéma ». Pourtant les événements spéciaux ayant lieu dans les salles et accessibles à toutes et tous ne manquent pas, notamment dans une ville comme Nantes. 

Discussions entre les spectateurs en attendant l’ouverture de la salle

Depuis 2000, l’association L’Absurde Séance organise entre autres des projections de films à contre-courant de la programmation traditionnelle des salles françaises : des films que l’on ne verrait nulle part ailleurs. C’est dans ce but précis qu’elle a mis en place l’ASNIFF : Absurde Séance Nantes International Film Festival, qui, le 18 octobre dernier, a ouvert pour sa 14ème édition. Avant-premières, nanars, films de Série B et autres perles rares sont proposés au public durant toute une semaine. Mais le moment marquant de chaque édition, et qui fait figure d’OVNI en tant qu’expérience cinématographique, c’est la Nuit Fantastique.

Une nuit au cinéma

Jean-Maurice Bigeard ouvre la nuit en présentant les films

Passer une nuit entière à frissonner au cinéma, c’est ce que propose le Katorza. De 22h à l’aube, quatre films s’enchaînent pour une salle pleine prête à vivre une expérience pas comme les autres, c’est le moins que l’on puisse dire. Aviez-vous déjà pensé passer votre nuit dans une salle ? C’est une expérience particulière : le marathon s’annonce long, seul.es les plus courageu.ses tiendront jusqu’au lever du soleil. Alors que la salle se remplit, on remarque rapidement qui a prévu de tenir jusqu’au bout. Certains et certaines arrivent avec leur sac rempli : nourriture, boissons, oreillers, tout ce qu’il faut pour tenir plusieurs heures. D’autres ne sont pas inquiets, arrivant les mains dans les poches mais déjà sûr.es de tenir ; iels sont aidés, le Katorza ayant prévu les munitions, aux films s’ajoutent le son de l’ouverture des boissons énergisantes, fidèles compagnons en cas de paupières lourdes.

Une ambiance rock’n’roll 

Mais au-delà du tonique procuré par les boissons, le véritable tonique de cette soirée c’est l’ambiance de folie proposée par l’ensemble du public ! Plusieurs dizaines de minutes avant le lancement de la soirée, la salle est déjà en ébullition. Au fur et à mesure qu’elle se remplit, ça discute, ça rigole – ça chante même ! – et le thermostat monte, il y fait très chaud. Ce public particulier, L’ASNIFF le partage avec son partenaire historique qui n’est autre que le Hellfest. Un public qui partage un amour pour la musique du festival et un goût pour le cinéma de 

genre proposé par L’Absurde Séance, et qui se retrouve bien souvent aux deux évènements. La Nuit démarre d’ailleurs avec un cadeau : trois heureux spectateurs sont repartis avec un pass d’une journée pour la prochaine édition du Hellfest. Cette année encore un film programmé touchait directement ce public : Studio 666 (B.J. McDonnell, 2022) qui met en scène les membres du groupe de hard rock américain Foo Fighters dans une ambiance sanglante et démoniaque. Le choix de la programmation a pour but de proposer des longs-métrages qui amènent la salle à réagir et remplir un véritable rôle lors de la séance. Il peut s’exprimer comme il le souhaite : rire, hurler, pleurer, crier ! Quand on vit cette nuit, on comprend que c’est une expérience qu’on ne peut retrouver qu’au cinéma.

Le public et leurs réserves pour tenir jusqu’au petit matin

Une fête dans la bonne humeur

Certes on retrouve chaque année un public d’habitué.es, mais il y a toujours des nouvelles têtes. De nombreux étudiant.es sont présents et  découvrent le festival, certains d’entre eux et certaines d’entre elles  deviendront peut-être des futurs fidèles de la Nuit Fantastique. Iels sont tous là pour vivre une véritable fête du cinéma fantastique et c’est la bonne humeur qui prime. Jérôme Romain (trésorier de L’Absurde Séance) nous explique :

“ Nous avons toujours encouragé le public à vivre pleinement cet évènement dans la bonne humeur. Cela les aide à tenir ! Et une vraie communauté de partage s’installe dans le public durant la Nuit avec le sentiment de vivre une expérience hors du commun.”

Des frissons mais surtout un super état d’esprit pendant cette nuit que l’on retrouve chaque année dans le cadre de l’ASNIFF en octobre. Si vous ne pouvez attendre jusqu’à l’année prochaine, pas de panique, L’Absurde Séance organise des séances un vendredi sur deux à 22h au Katorza. La prochaine fois ce sera le 18 novembre pour la diffusion de X (Ti West, 2022), film des studios A24 (Midsommar, The Lighthouse…) sur le tournage d’un film X à la fin des années 70 dans une maison isolée au fin fond du Texas, tournant brutalement au cauchemar.

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Après plusieurs années en fac d'histoire je me lance dans le journalisme. Étudiant au CNJ, je suis passionné de cinéma et j'aimerais faire découvrir la diversité d'évènements culturels ayant lieu à Nantes toute l'année.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017