31 mai 2021

La ferme urbaine l’Agronaute : un lieu innovant sur l’île de Nantes

Poursuivons notre déambulation urbaine autour des projets écologiques. Après la ferme des 1000 bras ou la culture en plein champ, découvrons la culture en ville au travers d’un projet global unique en France nommé « le village solidaire des 5 ponts » qui allie sociale et écologie.

La ferme urbaine l’Agronaute : un lieu innovant sur l’île de Nantes

31 Mai 2021

Poursuivons notre déambulation urbaine autour des projets écologiques. Après la ferme des 1000 bras ou la culture en plein champ, découvrons la culture en ville au travers d’un projet global unique en France nommé « le village solidaire des 5 ponts » qui allie sociale et écologie.

C‘est quoi le concept ?

A l’origine de ce projet l’association les Eaux vives et Emmaüs 44, dont la mission est d’accompagner des personnes très démunies et souvent sans abri, qui se sont inspirées d’une expérience  hollandaise. L’idée est de créer un écoquartier solidaire et écologique soutenu par la ville de Nantes, mais aussi par l’ Europe et de nombreux acteurs locaux . Ce projet en gestation depuis de nombreuses années se réalise en plusieurs étapes. La première est l’ouverture en septembre 2019 de la ferme urbaine l’Agronaute.

Le projet global « le village des 5 ponts »  s ‘est appelé  ainsi  car construit autour de 5 axes qui touchent de nombreux aspects de la vie quotidienne : le logement, le vivre ensemble, le pouvoir d’agir, la santé, la santé et le logement. Concrètement, il se décline autour de différents types de services à destination d’un public en situation de précarité mais aussi du quartier. Citons un programme immobilier avec des logements sociaux et en accession, une centre d’hébergement, une boutique et un restaurant solidaire ouvert à tous et toutes.

Grâce au soutien des nombreux partenaires, comme Nantes Métropole, la caisse des dépôts ou CDC Habitat qui ont cru dans ce projet, la réalisation est en phase d’aboutissement. Des constructions neuves situées boulevard Gustave Roch à Nantes accueilleront tous ces services et un espace extérieur dédié aux activités de plein air, en particulier le jardinage .

Et la ferme urbaine l’Agronaute dans tout cela ?

Elle est mise en œuvre  par l’association la Sauge qui a déjà créé une ferme urbaine à Paris. L’Agronaute s’est installée dans les locaux de l’ancien MIN depuis septembre 2019 pour une durée de  5 ans. Elle est un support d’insertion et de lien social pour les associations impliquées dans le projet des « 5 ponts » mais aussi d’ouverture pour les habitants du quartier.

Vue extérieure de l’Agronaute, sur l’ancien site du MIN de Nantes

Lucile, chargée de communication au sein de cette association nous fait découvrir le lieu :

Fragil : Comment peut on définir une ferme urbaine ?

Lucile : « On peut dire qu’avant tout, il s’agit d’une adaptation au sol qui n’est que du béton. C‘est pourquoi dans les serres (non chauffées) où nous sommes actuellement nous avons  construit des bacs que nous avons rempli de terre et de paille afin de garder l’humidité et ainsi favoriser la pousse. Le projet de l’ Agronaute est de créer des activités  récréatives, pédagogiques et solidaires. Pour ce faire, nous organisons  des ateliers pour adultes et enfants, afin que chacun apprenne les rudiments  du jardinage et puisse découvrir la saisonnalité des produits .Notre  objectif premier est d’avant tout de sensibiliser les habitants à jardiner 2 heures par semaine pour soutenir la transition écologique. Nous produisons principalement des jeunes pousses, des plantes, des aromates, une pépinière et un peu de légumes mais en petite quantité pour la restauration sur place. Des plans et micro pousses sont vendus lors de différents événements ouverts à tout public ».

Intérieur de l’Agronaute

Fragil : Comment cela fonctionne- t-’il et quel lien avec le projet solidaire des 5 ponts ?

Lucile : « Au sein de la ferme il y a 6 salariés et une dizaine de jeunes en service civiques ou stagiaires. Il y a également des bénévoles qui doivent être adhérents (le montant de la cotisation est de 5 euros ). Cela  permet d’avoir des réductions sur l’achat de plants et au bar lors de leur présence . Sur l’aspect solidaire , nous accueillons le mardi spécifiquement des personnes accompagnées par association des Eaux vives  et le jeudi plutôt des personnes migrantes. Il s’agit de proposer à ces  personnes de se confronter  à un poste de travail, ce qu’ils n’ont pu faire depuis longtemps. Pour les personnes accompagnées spécifiquement par cette association , ils sont employés avec le statut du dispositif « Premières  heures », ce qui leur permet de s’immerger en douceur dans le monde du travail, en respectant leur rythme , ce qui est un gage de réinsertion pour des personnes très éloignées de l’emploi. Il y a une très bonne coordination  entre nos 2 associations pour accompagner les personnes , nous sommes complémentaires dans cette mission ».

L’espace animation

Fragil : Quelles sont les perspectives à venir pour  la ferme au sein de cette nouvelle structure ?

Lucile : «A partir de là tout reste à construire. L’enjeu est bien sûr la participation des différents types de public au sein de la ferme et du village. Pour cela , il nous faudra communiquer de façons diverses auprès des habitants et des partenaires pour lancer cette dynamique. La sensibilisation au jardinage sera un support pour faciliter ce vivre ensemble et engendrer aussi une ouverture  sur les questions écologiques. Il faudra aussi développer à l’avenir des modalités de gouvernance entre les différents partenaires au sein du village pour développer une cohérence entre tous les services et initiatives. Pour tous , il s’agira d’impliquer les habitants pour qu’ils soient véritablement acteurs au sein de cette grand structure »

Des bénévoles de l’Agronaute

C‘est donc le début d’un grande aventure humaine et écologique qui a déjà débuté pour la ferme. D’ici fin août, nous informe Lucile, l’Agronaute va intégrer  la serre construite sur le toit d’un bâtiment neuf dédié à ce projet global, situés boulevard Gustave Roch ,dans un quartier en plein renouvellement urbain tout en conservant les lieux actuels dans un premier temps. Une fois tous les services ouverts « du village des 5 ponts », sans doute d’ici la fin de l’année mais rien n’est calée définitivement pour le moment nous dit elle, on peut déjà imaginer la dynamique de ce lieu. Pourront s’y retrouver le public accompagné par les associations et les habitants autour d’activités diverses et d’évènements festifs.

En perspective sur le territoire nantais, comme nous l’indique le communiqué de presse de Nantes Métropole, de nouvelles fermes urbaines vont voir le jour. Citons par exemple, les quartiers  des Dervallières , Nantes Nord ou Nantes Est, où des projets de ferme  sous des formes diverses vont  se réaliser  prochainement.

La création de celles-ci va peut être  modifier la vision de la ville, la rendant encore plus plus verte, plus écologique pour ses habitants qui seront peut être tous des jardiniers actifs !

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017