17 octobre 2022

Jérôme Taudon « Un petit coup de main pour les premières pierres »

Étudiant dans la même classe que Pascal Couffin, Jérôme Taudon, aujourd’hui administrateur de structures culturelles, a connu Fragil alors que ce n’était qu’une idée. Puis il a contribué aux premiers numéros. Une époque qu’il se remémore pour nous avec plaisir.

Jérôme Taudon « Un petit coup de main pour les premières pierres »

17 Oct 2022

Étudiant dans la même classe que Pascal Couffin, Jérôme Taudon, aujourd’hui administrateur de structures culturelles, a connu Fragil alors que ce n’était qu’une idée. Puis il a contribué aux premiers numéros. Une époque qu’il se remémore pour nous avec plaisir.

Fragil: Peux-tu nous raconter ton histoire avec Fragil ?

Jérôme Taudon: En 2001-2002, j’étais en maîtrise dans la même classe que Pascal Couffin. A l’époque, Pascal et Mathieu avaient créé un fanzine fait à la main et c’est de cette initiative qu’est née Fragil. On était tous les deux très fans de musique et il m’a dit que je pouvais contribuer dans ce nouveau magazine. J’y ai fait mes premières interviews et ai collaboré aux premiers numéros. Les réunions de rédaction avaient lieu au bar du Lieu Unique, c’était sympa, il y avait une bonne équipe, une bonne ambiance avec des gens pourtant très différents. On voulait tous le développement de ce média, mais avec des envies différentes. Par exemple, je ne voulais parler que de musique parce qu’il n’y avait que ça qui m’intéressait. D’autres voulaient ne parler que de danse. Mais il y avait une ambiance d’écoute, de réflexion, que des bons souvenirs.

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Le premier magazine publié par Fragil en 2005

Fragil: C’est quoi Fragil pour toi ?

Jérôme Taudon: Pour moi, c’est un média local attaché au territoire nantais.

Fragil: Qu’as-tu apporté à Fragil ?

Jérôme Taudon: Une première impulsion avec Pascal et Mathieu, un petit coup de mains pour les premières pierres. Mais si je n’avais pas été là, ils l’auraient fait quand même.

Fragil: Qu’est-ce que Fragil t’a apporté ?

Jérôme Taudon: Le goût de la rencontre avec les artistes et celui de l’écriture.

Fragil: Si tu la connais, comment analyses-tu l’évolution de l’association en 20 ans ?

Jérôme Taudon: On ne peut que s’enorgueillir de voir que Fragil emploie actuellement trois salariés à temps plein et que le magazine s’inscrit pleinement dans son territoire en participant efficacement à l’éducation aux médias.

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Jérôme Taudon

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017