16 octobre 2025

« Il n’existe pas de lieux comme le nôtre à Nantes » : Les Impertinant•es fête son premier anniversaire

Situé sur l’île de Nantes, le café coopératif féministe intersectionnel Les Impertinan•tes est unique dans son genre. À l’occasion de leur premier anniversaire ce samedi 18 octobre, Nymphéa Boureau, cofondatrice, et Sab Malcuit, bénévole, reviennent sur le bilan de l’année écoulée. Et ielles ont prévu pléthore de projets à venir…

« Il n’existe pas de lieux comme le nôtre à Nantes » : Les Impertinant•es fête son premier anniversaire

16 Oct 2025

Situé sur l’île de Nantes, le café coopératif féministe intersectionnel Les Impertinan•tes est unique dans son genre. À l’occasion de leur premier anniversaire ce samedi 18 octobre, Nymphéa Boureau, cofondatrice, et Sab Malcuit, bénévole, reviennent sur le bilan de l’année écoulée. Et ielles ont prévu pléthore de projets à venir…

Café coopératif féministe intersectionnel, Les Impertinant•es est une exception nantaise. Bien qu’il existe d’autres lieux qui défendent ces mêmes valeurs, il est le seul lieu dont c’est la raison d’être. Leur credo : réserver leur scène et leur programmation à toutes les minorités. « Notre lieu leur est dédié. Parce que nous considérons que les autres prennent déjà beaucoup de place partout ailleurs », explique Sab Malcuit, bénévole.

Sab Malcuit et Nymphéa Boureau font partie de l’équipe qui fait vivre les Impertinant•es. Le mardi 14 octobre 2025. Photo : Valentina Lugo

Ainsi, la quasi totalité de leurs fournisseur•es, le choix des invité•es, les livres proposés, l’équipe bénévole… Rien, sans exception, n’échappe au tri rigoureux qu’exigent leurs valeurs intersectionnelles et féministes. Cependant, tout le monde est invité en tant que spectateurice. « Nous sommes aussi un lieu coopératif dans le sens où nous sommes une Société coopérative d’intérêt collectif. Chez nous, quand un•e sociétaire vote, une voix égale une voix, peu importe le montant de leur participation. Il n’existe pas de lieux comme le nôtre à Nantes », raconte Nymphéa Boureau, l’une des sept cofondatrices.

« On répond à une réelle demande » : un premier bilan positif

Bientôt un an après l’ouverture, la cofondatrice dresse un bilan humain « exceptionnel. Que ce soit au niveau du nombre d’artistes qui sont venus, le nombre de bénévoles, la médiatisation… En un an, on a réussi à se faire connaître. On est même devenu un lieu ressource pour les personnes qui veulent organiser des événements queer féministes. »

Mais derrière cette réussite se cache un parcours du combattant, se souvient Nymphéa Boureau. « On ne rentre pas dans les cases. Une association transformée en coopérative, féministe qui plus est, c’est pas encore assez répandu, pas assez dans les codes. Donc on a dû se battre avec toutes les instances, comme le Tribunal de Commerce, pour réussir à trouver un local et ouvrir notre café. »

L’équipe des Impertinant•es en pleine réunion, le mardi 14 octobre 2025. Photo : Valentina Lugo

Si leur concept fonctionne, c’est aussi parce que l’équipe répond à « une réelle demande », explique-t-elle. Avant de se lancer, les cofondatrices ont lancé un questionnaire, auquel plus de cent personnes ont répondu. Et aujourd’hui, plus de trois cent demandes de programmation sont en attente. « Comme quoi, cela prouve qu’il existe énormément de minorités à mettre en avant. Que ce soient des conférencier•es, des humoristes, des artistes, des exposant•es, des auteur•ices… Il y a de quoi faire ! » Et pourtant, selon un rapport du Centre national de la musique, dans les festivals, la place des leads féminins est de 29 % en 2023, et de 25% dans les spectacles.

Paillettes, tatouage, bingo : les événements à venir

Pour souffler leur première bougie, l’équipe des Impertinant•es donne rendez-vous au public le samedi 18 octobre. Deux tatoueur•ses proposeront des flashs (Ndlr : des modèles déjà disponibles) de 14 heures à 19 heures : Chantal Frontale et Luje. Une surprise est prévue aux alentours de 19 heures, avant de donner place au dj set années 2000 d’ Emilycious et de l’Étalon disco. Un stand paillettes et maquillage sera à disposition et l’intérieur sera décoré d’une exposition photo retraçant la première année du lieu. Les réservations s’effectuent sur place, l’entrée est libre.

Dans le cadre d’Octobre rose, une soirée bingo est organisée le 30 octobre, à 19 heures. « Les gagnant•es pourront choisir leur lot. Il y aura des tatouages à gagner et des entrées pour des expositions. Tous les bénéfices seront reversés à l’association de lutte contre le cancer du sein Ma parenthèse », détaille Sab Malcuit.

Le café organise également une boom le 31 octobre, une soirée pour le Nouvel an, et participera au festival Barbars du 27 au 29 novembre. Pour Sab Malcuit et Nymphéa Boureau, les dates importantes à retenir sont : la Journée du souvenir trans le 20 novembre, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, la Journée internationale pour mettre fin à la violence envers les travailleur•ses du sexe le 17 décembre, et la Journée de lutte contre le sida le 2 décembre.

L’événement que Nymphéa rêve de réaliser ? Un festival de trois jours en dehors de Nantes pour « toucher un nouveau public ». Elle assure qu’un jour, ce projet se présentera.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017