24 février 2017

Le hip-hop est vivant !

Le hip-hop est vivant !

24 Fév 2017

Des affiches noir et or sobrement estampillées « L’âge d’or du rap français » fleurissent depuis quelques jours à Nantes…  Sous-titre plein d’humilité : « la tournée événement ». Il s’agit là d’un concert au Zénith prévu samedi 9 mars. L’objectif est clair :  on ressort les anciennes idoles pour leur proposer un ou deux titres aux côtés d’anciens frères d’armes des années 1990. Et bien sûr, in fine, rafler la mise. Pourquoi pas… Il faut admettre que les noms égrainés en bas de l’affiche ont de quoi émerveiller (ou pas) les nostalgiques de cette période : Assassin, Menelik, Ministère Amer, Passi, Stomy Bugsy, Les Sages Po, pour ne citer qu’eux…

C’est une vision du rap français qu’on pourrait qualifier de conservatrice ne serait-ce que par l’usage du terme « Âge d’or ». Quoi ? Personne n’aurait su prendre la relève depuis 20 ans en France ? Et alors que fait-on de tous ces artistes qui ne cessent de fleurir dans l’Hexagone ? Nous avons aujourd’hui un vivier exceptionnel pour la culture hip-hop en France. Le festival HIP OPsession, qui se déroule à Nantes depuis le 16 février et se poursuit jusqu’au 4 mars, en est une formidable vitrine. Danses, graff, rap, beatmaking, beatbox, etc. Toutes les disciplines y sont représentées dans un joyeux mélange international.

C’est LA réalité du hip-hop aujourd’hui : la plume acérée de Pumpkin, la cool attitude de Cheeko et Blanka, l’auto-tune de Jazz Cartier, l’expression corporelle de Jean-Charles Mbotti Malolo, les freestyles d’ASM, la révolution permanente de Kery James, les sons de Moar, Vin’S Da Cuero ou Le Parasite, les couleurs de Korsé et Eskat. La culture hip-hop bouillonne des Dervallières à Brooklyn avec une diversité incroyable. C’est un atout de notre culture française que l’industrie musicale et les médias mainstream ne cherchent pas à valoriser, préférant clairement miser sur un rap pauvre infligé aux ados ou sur les « vieilleries » qui ressassent un ou deux tubes depuis plus de 20 ans.

HIP OPsession est un festival progressiste. Et cette ligne de conduite nous séduit évidemment à Fragil, média partenaire de l’événement. Quant au samedi 9 mars… on traînera plutôt du côté de la Barakason de Rezé. Histoire de faire un pied de nez aux conservateurs qui ne jurent que par le passé. Et vous ?

Pierre-Adrien Roux
24/02/17

Pumpkin et Vin’S da Cuero prennent de la hauteur

Clément Pascaud et l'entre-deux mondes

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017