12 octobre 2021

Deux ateliers pour réfléchir et faire de la sensibilisation autour de l’usage du numérique avec les 3èmes de la MFR Chantonnay

Dans le cadre de l’accompagnement de ses élèves, la MFR Chantonnay a sollicité Fragil afin d’organiser des ateliers autour des réseaux sociaux à destination de deux classes de 3ème. Ces ateliers se sont tenus entre septembre et octobre 2021. Retour sur leur déroulé.

Deux ateliers pour réfléchir et faire de la sensibilisation autour de l’usage du numérique avec les 3èmes de la MFR Chantonnay

12 Oct 2021

Dans le cadre de l’accompagnement de ses élèves, la MFR Chantonnay a sollicité Fragil afin d’organiser des ateliers autour des réseaux sociaux à destination de deux classes de 3ème. Ces ateliers se sont tenus entre septembre et octobre 2021. Retour sur leur déroulé.

« Nous formons les jeunes, nous les encourageons à développer leur savoir-être, leur citoyenneté pour leur permettre d’exercer un métier dans lequel ils pourront s’épanouir. » C’est ainsi que le mouvement des Maison Familiales Rurales (MFR) définit sa mission sur son site. Dans ce cadre de cet accompagnement au développement citoyen des élèves, la MFR de Chantonnay a sollicité l’association Fragil pour intervenir auprès de deux classes de 3èmes. Chacune de ces classes a pu bénéficier de deux temps de 2h avec l’association nantaise d’éducation aux médias pour réfléchir aux réseaux sociaux et à la publicité, ainsi que d’une discussion autour du cyber-harcèlement lors d’un autre temps avec le service de prévention de la gendarmerie. Les quatre heures d’ateliers animés par Fragil ont permis aux élèves de réaliser des affiches de prévention sur la thématique des usages numériques.

Les réseaux sociaux en question

Le mercredi 15 septembre, le premier des deux ateliers animés par Fragil a été dédié à une réflexion autour du numérique et de ses usages, notamment à travers les réseaux sociaux. Regroupés autour de cartes représentant les principaux réseaux sociaux, les ados ont pu échanger autour de leurs utilisations. Que ce soit pour se divertir ou communiquer avec leurs communautés, chaque réseau évoqué a provoqué des réactions quant à leurs usages. On notera un temps dédié à la discussion concernant les contenus visibles sur certaines messageries telles que Telegram, une messagerie chiffrée qui ne propose pas de modération de contenu systématisée : contenus violents ou pornographiques s’y retrouvent diffusés avec peu de mises en garde.

Empreinte numérique au cœur des deux heures

« Où se trouve la photo que j’envoie sur Snapchat avant d’arriver sur le téléphone de mon destinataire ? » Cette question, posée par l’intervenant de Fragil a permis aux élèves de réfléchir à la confidentialité de leurs échanges. « Comment être sûr que ma photo reste du domaine de l’échange privé, quand celle-ci est hébergée sur un ou plusieurs serveurs d’une société américaine dont je ne connais pas grand chose ? » Les nombreuses réactions des élèves à cette interrogation ont montré l’intérêt porté à la protection de la confidentialité de leurs échanges interpersonnels. Cependant, pour la majorité d’entre eux, les risques restent inférieurs aux bénéfices apportés par les réseaux sociaux. « Quels intérêts les réseaux sociaux ont-ils de connaître la nature de nos échanges ? » À travers cette question, les 3èmes ont pu réfléchir au modèle économique des réseaux sociaux, centré sur la connaissance de leurs utilisateurices, critère essentiel à la production de publicités ciblées qui leur sont adressées.

Atelier de décryptage des publicités

La publicité, vecteur de discriminations

Le vendredi 1er octobre au matin,  l’association Fragil est revenue en terres vendéennes afin que les élèves produisent des affiches de sensibilisation en lien avec les usages du numériques. Avant de se lancer sur les travaux pratiques, les participants et participantes ont été invité.e.s à échanger autour d’une vingtaine d’affiches publicitaires, qu’elles soient événementielles, commerciales ou de prévention. Certaines affiches disponibles, volontairement insérées dans le panel pour leur caractère discriminant (racisme, sexisme, grossophobie…), ont déclenché du débat. « Quel intérêt pour des marques de passer par des messages discriminants ? Un message choquant est-il efficace ? Quel impact de la publicité sur la représentation des femmes ? » Autant de questions qui ont été soulevées lors de ces discussions. Ces échanges ont aussi permis de mieux cerner les différents éléments de la création d’une publicité : objectif, message, cible, visuel…

Une partie des affiches de sensibilisation réalisées par les élèves.

Réalisation d’affiches de prévention

La dernière heure de ces ateliers a été dédiée à la réalisation des affiches de sensibilisation. De nombreux sujets différents ont été abordés par les groupes, de la lutte contre les fake-news à l’invitation à une utilisation plus raisonnée des écrans, le cyber-harcèlement, en passant par la prévention liée à l’envoi de nudes. À ce sujet, il a été assez essentiel de rappeler la nécessité de produire un message non-culpabilisant pour les victimes : rappelons que l’envoi de messages dénudés entre deux personnes consentantes n’est pas répréhensible, c’est lorsque le consentement est absent que ce genre de communication pose problème. À la fin de l’atelier, les élèves ont produit une dizaine d’affiches dont la réalisation les auront fait réfléchir autant sur le fond que sur la forme, objectif accompli pour l’association d’éducation aux médias et la MFR.

Découverte de l'éducation aux médias pour les volontaires de l'AFEV

EMI, une dynamique toujours à l’œuvre et des perspectives sous le signe de l'espoir

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017