24 février 2020

De l’information aux réseaux sociaux à l’école de la Mutualité de Nantes

Du 10 au 13 février 2020, l'association Fragil est intervenue au sein de l'école de la Mutualité à Nantes. Dans le cadre de la semaine sans écran, les classes de CM1 et CM2 on assisté à 2 heures d'atelier autour de l'information, des fake news et des réseaux sociaux

De l’information aux réseaux sociaux à l’école de la Mutualité de Nantes

24 Fév 2020

Du 10 au 13 février 2020, l'association Fragil est intervenue au sein de l'école de la Mutualité à Nantes. Dans le cadre de la semaine sans écran, les classes de CM1 et CM2 on assisté à 2 heures d'atelier autour de l'information, des fake news et des réseaux sociaux

Un temps encouragé et attendu par les enseignantes et l’enseignant de l’école primaire et sollicité par la directrice, Elise Fortun. L’équipe de Fragil s’est donc rendu dans 7 classes tout au long de ces quatre jours d’intervention.

Exemples de médias présents dans une des classes.

A la découverte des pratiques

Pour débuter les deux heures d’atelier, les différents intervenant.s.es de Fragil proposent de faire connaissance avec la classe qu’ils ont devant eux. Après une brève présentation de l’association,les élèves sont encouragés à lever la main s’ils sont concernés par les différentes phrases proposées. Par exemple : « Je regarde les informations sur la télévision« , « J’ai un appareil numérique à moi » ou encore « Je suis inscrit.e sur un ou plusieurs réseaux sociaux« . Ce temps d’accueil permet à la fois à la maitresse, au maitre, de se rendre compte des pratiques des élèves mais également qu’ils se rendent compte entre eux de leurs  différences et similitudes.

Ce temps permet d’aborder différents thèmes. Quels sont les chaines d’informations en France ? Les enfants sont-ils accompagnés de leurs parents lorsqu’ils regardent la télévision ? A l’annonce de la deuxième phrase, le mot « appareil numérique » nécessité plus d’explication, une questions rapidement résolue par les différents exemples cités par quelques élèves. Un smartphone, une tablette, une télévision … Autant de supports, d’outils numériques qu’un certain nombre d’élèves possèdent. Quelques uns ont des comptes sur les réseaux sociaux, le nombre d’élèves concernés dépend d’une classe à l’autre bien qu’ils soient le plus souvent minoritaires. Cet temps de discussion et d’échanges permet d’aborder le premier sujet de l’atelier : le journalisme.

Se mettre dans la peau d’un.e journaliste

A la question « quelles sont les missions d’un.e journaliste ?  » les élèves sont nombreux à lever la main et à proposer des idées. Nous nous mettons d’accord pour dire qu’un.e journaliste doit :

  • Rechercher l’information
  • Vérifier l’information en croisant ses sources
  • Diffuser l’information

Afin d’approfondir le sujet, nous leur proposons une mise en situation à l’aide d’un atelier d‘écriture journalistique. Surnommé « jeu des clefs », cet atelier permet aux participantes et participants de découvrir les mécanismes d’écriture journalistique et de les mettre en pratique de manière très concrète, ce en une quinzaine de minutes. Les élèves se prennent au jeu même si beaucoup ne parviennent pas à poser des questions à l’intervenant.e (plus de précisions sur le déroulé ici).

Damien, intervenant chez Fragil, devant une classe de CM1.

Qu’est ce qu’une Fake News ?

Le terme « fausse information » arrive très rapidement au sein des différentes classes. Même s’il n’est pas l’exacte traduction de « fake news« , il permet de faire réfléchir les élèves sur ce terme plus qu’à la mode. En partant du mot fake et à l’aide de quelques indices, nous arrivons à la conclusion qu’une fake news est plus une information contrefaite qu’un fausse information. En effet, la nuance réside dans le fait qu’une fake news est une information volontaire fausse, et non une simple erreur.

Toujours dans l’idée de mettre en pratique les connaissances récemment acquises, nous proposons aux élèves de former des groupes de deux, puis de créer 1 à 2 fake news par groupe. Si la consigne peut paraitre simple, il faut un certain temps avant que les élèves trouvent des idées plausibles. Au-delà d’un simple mensonge, il faut en effet que la fake news soit une fausse information mais qu’elle est l’air vraie tout en ayant un intérêt « général ».

Exemples de fake news imaginées par les élèves :  » Dans 6 mois, la Grande Bretagne va revenir dans l’Union Européenne », « Hier soir, l’Élysée s’est fait cambriolée. En voulant se défendre, Emmanuel Macron s’est blessé, il est actuellement à l’hôpital » « Un restaurant japonais a fermé ses portes car il vendait de la viande humaine ».

Nous évoquons par la suite, les raisons pour lesquelles certaines personnes créent des fake news. Nous les aidons à identifier 3 principales causes : l’argent, l’idéologie et l’humour.

Damien, intervenant chez Fragil, pendant l’atelier sur les fake news.

Vérifier l’information

Après la pratique, les élèves restent très curieux quant aux fake news. C’est tout naturellement que nous abordons ensemble les différentes méthodes de vérification de l’information. Les élèves répondent eux même aux questions de leurs camarades. Comment peut-on savoir si une information est vraie ? En leur donnant la parole les solutions s’enchainent, « en demandant à nos parents » , « en allant regarder sur plusieurs sites internet », « en en parlant avec ses copains »… Les grandes étapes de vérifications sont discutées ensemble, nous ajoutons quelques éléments tels que la recherche inversée par Google Images.

Pour terminer cet atelier, nous abordons ensemble les Conditions Générales d’Utilisation.

S’il nous reste quelques minutes, nous proposons aux élèves de lire à haute voix les phrases ci dessus. En analysant ces quelques règles, cela permet d’évoquer rapidement le règlement des réseaux sociaux, grâce à ces phrases simplifiées. La publicité ciblée est également abordée, nous essayons de comprendre pourquoi est ce que nous n’avons pas tous et toutes les mêmes publicités sur les réseaux sociaux ou bien que les sites internet.

L’atelier de deux heures se termine dans la bonne humeur et la curiosité des élèves. Un temps riche, qui permet d’aborder plusieurs thèmes différents. C ‘est également l’occasion pour les enseignantes et l’enseignant de prendre du recul sur leurs classes, observer les comportements mais aussi d’en apprendre plus sur les connaissances des élèves.  Des interventions largement appréciées par les intervenants comme par le personnel de l’école, ce dernier étant très favorable à de nouvelles interventions par l’équipe de Fragil.

Le support présenté lors de chaque atelier :

Le show d'Oxmo Puccino

L’Organisme Texture prend place au Liberté à Rennes

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017