29 octobre 2025

« Dans les plis des cartes », la nouvelle exposition du Lieu Unique aux multiples lectures

Ce samedi 25 octobre, les premier·es visiteur·ses de l’exposition « Dans les plis des cartes » ont pu assister à une performance déambulatoire du danseur Kévin Ferré au cœur des œuvres présentées. L’atelier d’expérimentation qu’il donnait cet après-midi là au Lieu Unique, a permis une première découverte de l’exposition à travers la corporalité et le mouvement. De nombreuses autres médiations sont prévues sur les prochains mois et pour des publics variés.

« Dans les plis des cartes », la nouvelle exposition du Lieu Unique aux multiples lectures

29 Oct 2025

Ce samedi 25 octobre, les premier·es visiteur·ses de l’exposition « Dans les plis des cartes » ont pu assister à une performance déambulatoire du danseur Kévin Ferré au cœur des œuvres présentées. L’atelier d’expérimentation qu’il donnait cet après-midi là au Lieu Unique, a permis une première découverte de l’exposition à travers la corporalité et le mouvement. De nombreuses autres médiations sont prévues sur les prochains mois et pour des publics variés.

À destination du grand public, l’atelier Carto•dansé a réuni samedi 14 participant·es venu·es entre ami·es, ou en famille, pour la première fois, attiré·es par le caractère accessible à tous·tes de 12 à 112 ans, autour d’une question : « Comment cartographier le mouvement dans l’espace ? ».

Co-conçu par Fiona Nell, en charge de la programmation du Salon de lecture du Lieu Unique, et le danseur interprète Kévin Ferré, l’atelier mêlait danse, mouvement et arts visuels. « C’est un lieu d’expérimentation, je n’avais pas envie de donner juste une initiation », expose-t-il.

Une mixité de disciplines que l’on retrouve au cœur de la pratique artistique de Kévin Ferré, danseur mais aussi graphiste et web designer. Le Nantais a récemment créé sa propre compagnie Envague, avec pour ambition de faire du waving, mouvements de danse issus du hip-hop, une danse à part entière. « J’ai envie de créer une communauté de danseuses et danseurs waver, ici sur Nantes et dans la région, et de faire découvrir un peu plus ce style aussi qui existe depuis super longtemps. »

Après une initiation au waving, les participant·es ont été invité·es à explorer l’espace du Lieu Unique par la danse, à l’observer, mais aussi à observer les autres en mouvement.
« Iels auront une carte, un plan du lieu, sur lequel iels pourront faire le report graphique des mouvements qu’iels ont faits », explique Fiona. « La danse est un prétexte pour entrer dans le mouvement, pour aller créer un tracé », ajoute Kévin. Il s’agit de « faire appel aux souvenirs » pour créer une cartographie collective.

Lors de l’atelier Carto•dansé organisé par le Salon de lecture, les participant·es font appel à leur mémoire pour traduire sur papier leurs déplacements improvisés dans le Hall du Lieu Unique, mais aussi ceux de Kévin Ferré dans l’exposition. © Amandine Masson, 25/10/2025

Cartographier, c’est faire exister

La cartographie, c’est la grande thématique de la nouvelle exposition collective présentée au Lieu Unique. Fidèle à sa volonté de décloisonner les disciplines, l’exposition réunit une douzaine de projets issus de l’art brut, de l’art contemporain, des arts numériques mais aussi de recherches scientifiques avec des dimensions sensibles et/ou socio-politiques.

L’exposition a été conçue comme une déambulation libre avec une première vision globale, et une seconde lecture plus détaillée de chaque œuvre. Les commissaires invitent le public à s’y perdre mais aussi à interroger notre manière de représenter le monde : « La carte comme un médium pour écrire, un médium pour fictionner » là « où la carte a souvent été un outil de domination », souligne Eli Commins, co-commissaire et directeur du Lieu Unique.

Le mur d’œuvres composite de l’artiste français Mathias Poisson « Graphies du déplacement » invite au rapprochement. © Amandine Masson, 24/10/2025

Pour prolonger la visite, un espace de documentation autour de la cartographie a été installé au sein même de l’exposition afin de permettre aux publics de s’y attarder. La sélection d’une centaine d’ouvrages a été réalisée en collaboration avec les librairies indépendantes de Nantes et elle rejoindra les rayonnages du Salon de lecture permanent du Lieu Unique à la fin de l’exposition.

Des visites adaptées aux différents publics

Des visites thématiques seront dédiées aux publics spécifiques des prochains grands événements accueillis au Lieu Unique, dans les prochaines semaines, à commencer par le public des Utopiales le weekend prochain.

Lors du festival Les Mondiales de Nantes les 21 et 22 novembre, certain·es intervenant·es, scientifiques et chercheur·se·s, interrogeront les représentations cartographiques et les notions de frontières et territoires, au cœur de l’exposition Dans les plis des cartes.
La journée du 22 novembre sera également dédiée à l’accueil du public sourd ou malentendant avec des conversations, une visite et un atelier interprétés en LSF.

Alliant art, science et recherche, l’œuvre monumentale « Calculating Empires » de Kate Crawford et Vladan Joler présente la généalogie des liens entre technologie et pouvoir depuis 1500. © Amandine Masson, 24/10/2025

Bérengère André, responsable des relations aux publics, travaille également avec l’association Accoord pour organiser des visites adaptées au public adulte allophone (ne maîtrisant pas ou peu la langue française).
« On veut montrer à ces personnes qui arrivent en France comment nous montrons l’art, qu’est-ce que l’art, et aussi leur montrer un lieu qui est gratuit, ouvert, où elles peuvent se représenter elles-mêmes. » Les médiations, réalisées en français pour accompagner l’apprentissage de la langue, seront couplées à des ateliers.
« Cette année, on a pris l’artiste Laura Le Floch, qui est une artiste nantaise, ancienne architecte, et qui va travailler à la création de tampons et d’une cartographie imaginaire autour de l’origine de ces personnes, de leurs déplacements. »

Côté jeune public, le Lieu Unique est jumelé depuis deux ans avec les écoles Émile Péhant et Jean Moulin, dont les élèves découvriront bientôt l’exposition. « On les fait se rencontrer, on fait des ateliers en commun, toujours au Lieu Unique », précise Bérengère.
Une visite adaptée est également prévue pour les accueils périscolaires Léo Lagrange.

Pour aller plus loin :

Tout droit arrivée de Paris où elle a vécu les 15 dernières années, Amandine est à Nantes depuis seulement quelques mois. Pourtant, sa connaissance du calendrier culturel et son ancrage dans le quartier révèlent plutôt une femme capable de trouver toutes les occasions pour faire des rencontres et de s’imprégner de l'imaginaire nantais.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017