15 mars 2024

COP régionale à Nantes : Entretien avec William Aucant, conseiller régional du groupe Ecologie ensemble

Ce vendredi 15 mars a lieu la COP des Pays de la Loire dans l’objectif d’établir une feuille de route pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et préserver la biodiversité du territoire à l’échelle de la région. William Aucant, conseiller régionale du groupe politique l’Ecologie ensemble, a accepté de répondre à Fragil pour nous donner son avis et ses attentes concernant cette COP régionale.

COP régionale à Nantes : Entretien avec William Aucant, conseiller régional du groupe Ecologie ensemble

15 Mar 2024

Ce vendredi 15 mars a lieu la COP des Pays de la Loire dans l’objectif d’établir une feuille de route pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et préserver la biodiversité du territoire à l’échelle de la région. William Aucant, conseiller régionale du groupe politique l’Ecologie ensemble, a accepté de répondre à Fragil pour nous donner son avis et ses attentes concernant cette COP régionale.

Lors d’une commission permanente datant du 9 février 2024, la majorité régionale a attribué une subvention de 40.000 euros à la Préfecture des Pays de la Loire pour « l’accompagnement à la COP régionale ». Cette décision a été refusée par le groupe d’opposition Ecologie ensemble qui a par la suite publié un communiqué dans lequel il dénonce ce choix de la Région de faire « un chèque à l’Etat sans aucune lisibilité sur les finalités et sans articulation avec les dispositifs déjà engagés, que ce soit le SRADDET, le GIEC régional, le PRSE… ».

« Pas de feuille de route écologique »

Les COP régionales ont été lancées le 14 novembre 2023 par le Gouvernement dans les différentes régions de France. S’inscrivant dans le programme de planification écologique du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, ces conférences ont pour objectif de prendre en compte les spécificités de chaque territoire afin de réaliser les objectifs de réduction de gaz à effet de serre et de préservation de la biodiversité d’ici à 2030, en réunissant autour de ces questions les acteurs locaux (politique, économique et société civile). Rappelons que la Bretagne et le Centre-Val de Loire avaient déjà organisé leur propre Conférence des Parties, en 2017 et 2019, bien avant l’initiative gouvernementale. William Aucant, membre du Conseil régional des Pays de la Loire au sein du groupe politique Ecologie ensemble (regroupant une dizaine de partis politiques dont La France Insoumise et les Ecologistes), déplore un manque d’engagement de la majorité siégeant au Conseil régionale concernant l’écologie : « En tant que principale voix de l’opposition, on voit année après année qu’on a personne qui pilote le cap écologique. […] Quand la présidente du Conseil régional a parlé d’écologie lors des vœux 2024, elle n’a fait qu’évoquer les pêcheurs, l’agriculture et le nucléaire. Ça, ce n’est pas une feuille de route écologique, les vœux étaient un peu maigres sur ces questions-là. De plus, l’année dernière on a eu des baisses de subventions notamment sur les dossiers d’aide à la rénovation thermique des particuliers. ». William Aucant dénonce aussi l’inaction de la présidente du Conseil régional sur les questions liées au réchauffement climatique : « On sait que le coût de l’inaction est 40 fois supérieur à celui de l’action climatique et pour être très sensibilisé à ça depuis mon passage à la Convention Citoyenne pour le Climat, je suis stupéfait de voir en face de moi des personnes qui n’ont aucun sentiment d’urgence climatique. […] On devait tripler la production d’énergies renouvelables mais en fait la présidente du conseil régional procrastine là-dessus et essaye d’implanter du nucléaire en Pays de la Loire. ».

Agir en priorité sur les trois piliers les plus émetteurs en CO2

« Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre il faudra trouver quels sont les plus gros leviers à actionner localement » explique William Aucant. Le conseiller régional souhaite que cette COP des Pays de la Loire permette de définir une feuille de route claire sur les priorités en matière de réduction de gaz à effet de serre : « Moi je pense qu’il faut agir du macro pour aller vers le plus difficile qui sont, au final, les petites émissions qu’on a à faire chacun.e. On voit que 16% des émissions de gaz à effet de serre sont dans le bâtiment par exemple où que 32% se retrouvent dans le secteur des transports, il y aussi le levier de l’agriculture [19% des émissions de CO2 en France] qui est une filière extrêmement émettrice de CO2. Je pense que sur ces trois piliers là il y a énormément de choses à faire. ».

William Aucant aimerait aussi voir apparaître des points relatifs aux questions de sobriété énergétique à travers cette COP régionale : « Un mur énergétique en France s’approche entre 2030 et 2035, quand je parle de mur énergétique c’est-à-dire que la consommation excède ce qu’on est capable de produire. ». L’élu affirme que le développement de l’énergie renouvelable permettrait ainsi de sortir des énergies fossiles très émettrices en CO2 et dont les stocks diminuent progressivement dans le temps. « On doit agir sur les transports du quotidien pour faire en sorte d’avoir un véritable report modal des voitures vers le train et on doit organiser un grand plan de rénovation thermique des bâtiments dans notre région avec des matériaux locaux et biosourcés. On doit aussi demander à l’industrie du béton qui est responsable de 9% des émissions de gaz à effet de serre de trouver des alternatives. Puis à mon sens on doit mettre le paquet sur le stock de carbone, les haies, les forêts, les zones humides, qui sont des puissants puits de carbone. » explique-t-il.

Une COP régionale nécessaire

Le membre d’Ecologie ensemble juge cette COP régionale nécessaire, mais il faut qu’elle soit suivie d’actions, car selon lui « on a perdu suffisamment de temps, aujourd’hui on doit prendre des décisions et on sait ce qu’on doit faire […]. On appelle aujourd’hui à une prise de conscience générale et notamment de la majorité régionale. Il faut que ces COP puissent enfin ressortir ce que les scientifiques nous disent depuis longtemps. ». Enfin, William Aucant regrette que la région ait voté une subvention de 40.000 euros à la Préfecture pour l’organisation de cette COP des Pays de la Loire. Selon lui cet argent « aurait pu être donné au GIEC de la région ou pour la création d’une institution de contrôle comme le Haut Conseil pour le Climat. Cela aurait été préférable plutôt que de se laisser dicter l’organisation d’une COP par l’Etat. ».

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017