2 mars 2022

Comment lutter contre le racisme et l’esclavage moderne ? En mars, le château de Nantes propose rencontres et spectacles pour y réfléchir.

«L’humain d’abord», ce n’est pas que le programme de Mélenchon à l’élection présidentielle. C’est aussi une réflexion en profondeur que propose le Musée d’Histoire de Nantes au château des Ducs de Bretagne. Du 3 au 27 mars, toute une programmation a été pensée pour offrir aux visiteurs une relecture de l’histoire de la traite négrière et du racisme à la lumière du présent. Avec un temps fort au moment de la semaine d’éducation et d’action contre le racisme et l’antisémitisme du 22 au 27 mars.

Comment lutter contre le racisme et l’esclavage moderne ? En mars, le château de Nantes propose rencontres et spectacles pour y réfléchir.

02 Mar 2022

«L’humain d’abord», ce n’est pas que le programme de Mélenchon à l’élection présidentielle. C’est aussi une réflexion en profondeur que propose le Musée d’Histoire de Nantes au château des Ducs de Bretagne. Du 3 au 27 mars, toute une programmation a été pensée pour offrir aux visiteurs une relecture de l’histoire de la traite négrière et du racisme à la lumière du présent. Avec un temps fort au moment de la semaine d’éducation et d’action contre le racisme et l’antisémitisme du 22 au 27 mars.

En écho à l’exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830, l’événement « L’humain d’abord » devait se tenir sur une journée et finalement il va durer un mois. «Nous avons voulu co-construire cette réflexion avec les associations nantaises culturelles, militantes et mémorielles» indique Krystel Gualdé, la directrice scientifique du Musée d’histoire de Nantes au Château des Ducs. «C’était une première et les réponses ont été tellement riches et variées que nous en avons retenues beaucoup».
Au total, 15 associations ont répondu à l’appel d’offre. Leurs propositions correspondaient aux thématiques travaillées depuis 12 ans par le musée : cultiver l’héritage de la traite et sa mémoire ; lutter contre le racisme et l’esclavage.

Interroger le présent avec le passé

«A chaque fois que nous organisons une exposition sur le passé négrier de Nantes, nous cherchons à interroger le présent» insiste Krystel Gualdé. C’est pourquoi, à la fin de l’exposition, une salle est consacrée au racisme d’aujourd’hui et aux esclavages modernes que sont les mariages forcés et la prostitution.
Une étude réalisée en 2017 par l’OIT (l’Organisation Internationale du Travail) estime que la traite des humains touche 40 millions de personnes dans le monde : 25 millions victimes de travail forcé dont 4,5 millions d’enfants.

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Se rencontrer pour faire tomber les barrières

«Pour nous, la meilleure façon de lutter contre le racisme et de faire tomber les barrières, c’est d’apprendre à se connaître et d’organiser des temps de rencontre» estime la directrice scientifique du Musée d’Histoire de Nantes. D’où le titre de cette série d’évènements : «L’humain d’abord».
Et pour partager ces moments d’échange, quoi de mieux que de proposer des défilés de mode dans les salles d’exposition, aux milieux des galères et des chaînes en fer, des chants gospel autrefois chantés par les esclaves dans les champs de coton, des soirées DJ et jazz.

Les chants de coton, un choeur de gospel de nantais, sera en spectacle le 26 mars dans la cour du château

S’enrichir de nos différences

Sont également proposés des conférences sur les ROMS et leurs 5 siècles d’esclavage en Roumanie,  sur Beyoncé et Casey, « voix plurielles de l’engagement » et des ateliers de décryptage des préjugés et des stéréotypes racistes avec la mission H.
S’enrichir de nos différences, tel est l’objectif de cette programmation proposée par le Musée d’Histoire de Nantes. «L’humain d’abord» pendant tout le mois de mars au château des Ducs à Nantes.

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Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017