1 décembre 2023

Climat Libé Tour : Agir ici et maintenant, comment faire ?

C’est à la microbrasserie Little Atlantique Brewery que le climat Libé Tour a posé ses valises pour la soirée de lancement de sa cinquième étape, vendredi 17 novembre dernier. L’occasion de découvrir une initiative portée par le journal Libération, en collaboration avec le département de Loire Atlantique, se voulant comme un temps de débat et d’échange sur l’évolution du climat et la transition écologique.

Climat Libé Tour : Agir ici et maintenant, comment faire ?

01 Déc 2023

C’est à la microbrasserie Little Atlantique Brewery que le climat Libé Tour a posé ses valises pour la soirée de lancement de sa cinquième étape, vendredi 17 novembre dernier. L’occasion de découvrir une initiative portée par le journal Libération, en collaboration avec le département de Loire Atlantique, se voulant comme un temps de débat et d’échange sur l’évolution du climat et la transition écologique.

Cette soirée d’ouverture compte des intervenant·es prestigieux·ses et varié·es pour aborder les thèmes liés à l’écologie. Même si les avis divergent sur les moyens à utiliser, iels sont convaincu·es de la nécessité d’un profond changement.

En allant de gauche à droite, on peut compter sur scène : Antoine Bueno, essayiste spécialiste de l’utopie et pour qui “la démocratie et le libéralisme sont les meilleurs outils pour mener la transition écologique” et qui rappellera au cours de la soirée que ”pas une lutte sociale n’a été victorieuse sans violence physique”.
L’activiste Camille Étienne, habituée des luttes sur le terrain et défendant le désarmement comme moyen de faire bouger les choses, elle, ne manquera pas de rappeler qu’il n’y a “pas de “violence” contre le non-vivant dans la loi Française”.
Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au CNRS quant à lui, se pose la question : “Est-ce que les morts attribués au changement climatique peuvent donc être considérés comme une forme de violence ?” et pour qui le dialogue avec les politiques est devenu impossible.
Pour finir, la directrice de recherche en science politique au CNRS Sylvie Ollitraut, qui nous dit sélectionner avec précaution les médias dans lesquels elle s’exprime au nom du CNRS de par le parti-pris de certains.

Malgré l’entre-soi perçu, le public a encore espoir de voir les choses changer.

Noémie, 17 ans, commencera par me parler de sa déception de ne pas avoir eu de réponse à sa question : “Qu’est ce que l’on peut faire en tant que citoyen ?”. Bien que pour cette jeune militante, il ne fait aucun doute que la lutte écologiste va prendre de l’ampleur, elle souligne : “Mais je vois pas ça de manière toute rose, avec un engagement unanime des jeunes. J’ai beaucoup d’amis qui sont conscients du problème mais pour qui ce n’est pas une priorité.

Pour Solène, 18 ans, un des points centraux de la soirée c’est “l’importance des mots, comme celui d’éco-terrorisme qu’il va falloir arrêter de banaliser”, point de vue partagé par les intervenant·es de la soirée qui sont revenu·es à de nombreuses reprises sur la dangerosité de l’utilisation de ce terme

Elles sont d’accord sur le fait qu’il faut “se bouger, et surtout aller chercher là où les gens ne sont pas encore touchés” et sur l’utilité des mesures comme Météo Climat sur France TV, “un moyen efficace pour sensibiliser tout le monde, sans trop de distinctions.

Noémie 17 ans, Solène 18 ans. Photo : Florent Gerard

Pour Brigit, 51 ans : “le premier enseignement, c’est le monde présent ce soir et les ateliers du weekend complets”. Avec son ami Tim, ils sont déjà acquis à la cause écologique, et ils ne manqueront pas de me parler de cet “entre-soi” que tout le monde ce soir semble avoir ressenti.

Brigit poursuit : “le débat sur la violence dans l’avenir des luttes climatiques est central” et que “le défi inédit qui nous attend qu’il sera difficile de résoudre sans un rapport musclé”.

Tim enchaine : “la lutte va se renforcer c’est sûr, on sait qu’aujourd’hui on est pas suffisamment nombreux pour changer la société mais ce changement aura lieu c’est inéluctable”. Sa crainte est que ce réveil ne soit pas assez rapide par rapport aux bouleversements et il finira par me parler des dérives autoritaires qu’il constate partout dans le monde.

Brigit 51 ans, Tim 49 ans. Photo : Florent Gerard

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017